Observations floristiques nouvelles réalisées dans le département du Tarn au cours de l’année 2023

Title

New floristic observations carried out in the Tarn department during the year 2023

Résumé

Chaque année de prospection dans le Tarn apporte son lot de nouveaux taxons pour la flore vasculaire départementale, la redécouverte d’espèces que l’on pouvait penser disparues, ainsi que l’observation de nouvelles stations d’espèces patrimoniales ou d’exotiques méconnues. Dans cette note, nous rapportons la présence de trois nouvelles espèces.

Abstract

Each year of prospecting in the Tarn department brings its share of new taxa for the departmental vascular flora, the rediscovery of species that could be thought to be extinct, as well as the observation of new stations of patrimonial species or unknown exotic species. In this note, we report the presence of three new species.

Les taxons présentés dans cet article ont généralement été observés au cours de l’année 2023 dans le Tarn. Quelques données antérieures sont également rapportées : elles complètent les observations de l’année ou rattrapent des oublis importants des années précédentes. Les observations 2023 émanent :

  • de prospections réalisées par Nicolas Leblond, Mathieu Menand, Julien Mieusset et Fabrice Perriat (accompagné par Céline Domange) à titre personnel (hormis deux d’entre elles par M. Menand dans le cadre de ses missions à Nature En Occitanie [NEO]) ;
  • de prospections réalisées par les botanistes du CBNPMP, soit dans le cadre d’un programme d’amélioration et de valorisation de la connaissance sur la flore et la fonge patrimoniales de la région Occitanie (conjointement avec le CBNMed sur son territoire), avec le soutien de la Région et de la DREAL (Christophe Bergès, Bruno Durand, Fabrice Perriat), soit dans le cadre du concours Prairies Fleuries 2023 (François Prud’homme) ;
  • de prospections réalisées par Sébastien Puig dans le cadre des activités du bureau d’études OCECO et par Julien Mieusset dans le cadre des activités du bureau d’études ARTIFEX ;
  • d’indications que certains botanistes locaux nous ont communiquées (Lionel Belhacène, Rémi Clec’h).

 

1. Grille de lecture

Nous séparons les taxons indigènes, natifs, des taxons exogènes. Le choix des taxons indigènes présentés s’appuie sur les statuts de protection dont ils peuvent bénéficier, leur degré de rareté ou les menaces qui pèsent sur eux. À ce titre, nous précisons, lorsqu’il y a lieu, la nature des statuts réglementaires : protection nationale, notée PN, régionale (Midi-Pyrénées), notée PR, ou départementale, notée PD81, ainsi que le degré de menace tel qu’établi dans la Liste rouge de la flore vasculaire de Midi-Pyrénées (Corriol, 2013) selon les catégories UICN (notées LRR, suivies de CR, EN, VU, NT ou DD, respectivement pour « en danger critique d’extinction », « en danger », « vulnérable », « quasi menacé » ou « données insuffisantes »). Les taxons exotiques présentés représentent des nouveautés ou des raretés pour le département et appartiennent parfois au Catalogue de la flore vasculaire exogène de la région Occitanie (Cottaz & Dao, 2020). Pour ces deux rubriques, nous suivons l’ordre alphabétique des espèces présentées, en mentionnant la famille botanique à laquelle elles appartiennent. Les noms suivent le référentiel taxonomique Taxref v. 16.0, établi par le Muséum national d’histoire naturelle (Gargominy et al., 2022). Les localisations des taxons sont suivies d’un commentaire qui apporte des précisions d’ordre taxonomique, historique ou chorologique.

 

2. Taxons indigènes

Ajuga genevensis L. (Lamiaceae)

Berlats, prairie naturelle au nord-est du lieu-dit la Jasse, alt. 680 m (F. Prud’homme, 23.05.2023).

Bugle régulièrement revue dans la moitié orientale du département avec, à notre connaissance, huit communes de présence actuelle. À revoir désormais dans le quart nord-ouest où des mentions historiques la localisaient, par exemple autour de Larroque-Puycelsi (Martrin-Donos, 1864).

 

Allium roseum L. subsp. roseum (Amaryllidaceae)

Trébas, sur le talus supérieur de la D 172, 200 m en amont des vergers du Château, en rive droite du Tarn, alt. 230 m (N. Leblond, 06.05.2023).

Cet ail, rare dans le département, n’avait jusqu’alors été observé en vallée du Tarn qu’à Sérénac (Leblond, 2015). Il s’agit là de reliques liées à la présence ancienne de la vigne.

 

Allium sphaerocephalon var. deseglisei (Boreau) Martrin-Donos (Amaryllidaceae)

Lisle-sur-Tarn, quelques individus sur un talus érodé jouxtant une vigne, à Saint-Salvy de Coutens (photo 1), alt. 180 m (N. Leblond, 30.06.2023).

Cet ail a été décrit des champs et vignes du département du Cher par Boreau (1853) au niveau spécifique, puis recombiné en variété d’A. sphaerocephalon L. par Martrin-Donos (1864) dans la Florule du Tarn. Il s’agit d’une forme (cytotype) adaptée aux cultures sarclées, le type (var. sphaerocephalon ; photo 2) étant diploïde et la var. deseglisei polyploïde (Tison, 1998). La différence de ploïdie engendre des augmentations de dimensions chez deseglisei (robustesse de la plante, pièces florales plus grandes). En outre, chez deseglisei la multiplication végétative est importante (caïeux, parfois bulbilles) et le périanthe est d’un pourpre sale alors qu’il est d’un beau rouge chez le type (critère Martrin-Donos, 1864, vérifié à Lisle). Notre observation de 2023 confirme la survie de ce taxon, probablement archéophyte dans le département, alors qu’on pouvait craindre sa disparition à l’instar de nombreuses autres espèces messicoles.

Photo 1. Allium sphaerocephalon var. deseglisei, 30.06.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Photo 2. Allium sphaerocephalon var. shaerocephalon, 29.06.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Artemisia campestris L. subsp. campestris (Asteraceae)

Rabastens, coteau calcaire rive droite du Tarn, 100 m au nord du Pont du Passé, alt. 150 m (N. Leblond, 09.02.2023).

L’Armoise champêtre est une espèce rare et en régression dans le Tarn, inféodée aux pelouses alluviales, escarpements sableux et pelouses escarpées des coteaux. Déjà signalée par Martrin-Donos (1864) à Rabastens, elle n’y avait a priori pas été revue récemment.

 

Bistorta officinalis Delarbre (Polygonaceae)

Roussayrolles, plusieurs pieds au bord d’un ruisseau au lieu-dit les Closes, alt. 380 m (R. Clec’h, 14.04.2023).

Espèce exclusivement montagnarde dans le Tarn, essentiellement connue en Montagne Noire et dans les monts de Lacaune. Une mention ancienne la localisait également dans le Ségala à Valence (Martrin-Donos, 1864) mais, si l’espèce est encore connue dans le Ségala aveyronnais (base Lobelia en ligne), elle ne semble plus l’être dans le Ségala tarnais. Sa présence à Roussayrolles, à mi-chemin entre Grésigne et vallée de l’Aveyron, et à basse altitude, était inattendue.

 

Calendula arvensis L. (Asteraceae)

Florentin, vigne située au carrefour des D 22 et D 24, dans la Plaine des Fabres, alt. 160 m (N. Leblond, 15.03.2023).

Espèce eutrophile, de nos jours plus facilement observée en contexte routier (accotements) que dans les vignes où les herbicides la font disparaître.

 

Carex pseudocyperus L. (Cyperaceae)

Albi, à la base de loisirs de Pratgraussals (F. Kessler [CBNPMP], 03.07.2018) ; Cambounet-sur-le-Sor, bords des eaux à la pointe sud de la réserve naturelle (F. Kessler [CBNPMP] & F. Néri [CEN Midi-Pyrénées], 28.10.2015) ; Lagrave, sur les bords de la Saudronne à Lestournel, alt. 140 m (Ch. Bergès & F. Kessler [CBNPMP], 18.09.2023) ; Marssac-sur-Tarn, rive gauche du Tarn à Saint-Martin (Ch. Bergès & F. Kessler [CBNPMP], 18.08.2017) ; photo 3.

La Laîche faux-souchet est un peu moins rare dans le département que ce que pouvait le laisser penser notre unique observation récente, à Puycelsi en 2011 (Leblond, 2016). A rechercher ailleurs le long des rivières Tarn et Agoût.

Photo 3. Carex pseudocyperus, 18.09.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Chenopodiastrum hybridum (L.) S. Fuentes, Uotila & Borsch (Amaranthaceae)

Roussayrolles, dans un potager au lieu-dit les Combes, alt. 380 m (R. Clec’h, 11.05.2023) ; Berlats, bord de route et friches rudérales à proximité de la ferme de la Jasse, alt. 700 m (M. Menand, 04.08.2023).

Espèce eutrophile revue çà et là dans le sud du département ces dernières années (principalement monts de Lacaune et Montagne Noire). La station de Roussayrolles actualise sa présence au nord.

 

Chenopodiastrum murale (L.) S. Fuentes, Uotila & Borsch (Amaranthaceae)

Castelnau-de-Montmiral, parking en friche à Fontabelle, alt. 280 m (R. Clec’h, 15.10.2012) ; Roussayrolles, dans un potager au lieu-dit les Combes (photo 4), alt. 380 m (R. Clec’h, 14.06.2023).

Il s’agit là, d’après les différentes bases de données consultées, des deux seules observations récentes de cette espèce dans le Tarn. Ce chénopode était pourtant donné très commun par Martrin-Donos (1864), « le long des murs, décombres, lieux incultes, dans tout le département », trop banal à l’époque pour qu’une localité ne soit citée…

Photo 4. Chenopodiastrum murale, 14.06.2023 ; R. Clec’h, CC-BY-NC-ND

Chenopodium vulvaria L. (Amaranthaceae) – LRR DD

Roussayrolles, dans un potager au lieu-dit les Combes, alt. 380 m (R. Clec’h, 11.05.2023).

Cette espèce rudérale à odeur infernale n’avait semble-t-il été revue auparavant que sur cinq communes : Penne, Puygouzon (Leblond et al., 2022), Milhars (Kessler et al., 2016), Salvagnac (Kessler, 2015), Montgey (Leblond, 2015), Cambon-lès-Lavaur et Cestayrols (base Lobelia en ligne).

 

Crassula tillaea Lest.-Garl. (Crassulaceae) – PR

Montans, pelouse acidiphile 200 m au nord-est de Latombe, en bordure de l’aérodrome, alt. 125 m (N. Leblond, 09.02.2023) ; Lacrouzette, pelouse rase à annuelles sur dépôt de sable granitique compacté, au lotissement Maynadier (Ch. Bergès, 27.05.2023).

La population de Montans se trouve, une fois n’est pas coutume, non pas en contexte « gravillonné » mais dans une pelouse sableuse riche en espèces annuelles acidiphiles.

 

Delphinium consolida L. subsp. consolida (Ranunculaceae)

Vindrac-Alayrac, parcelle de blé tendre en montaison au lieu-dit le Causse, alt. 280 m (F. Perriat, 11.05.2023).

Espèce messicole déjà revue çà et là sur le plateau cordais, mais pas encore sur cette commune semble-t-il.

 

Dichoropetalum carvifolia (Vill.) Pimenov & Kljuykov (Apiaceae) – LRR VU

Mailhoc, ourlet thermophile semi-ombragé, le long du réservoir de Fonroque, à proximité de sa queue est (photos 5a-c), alt. 270 m (M. Menand [NEO], 18.09.2023).

Cette grande ombellifère était citée par Doumenjou (1847) dans les « Prés, bois ; Albi, Saussenaque. (M. Claude.) », informations reprises par Martrin-Donos (1864) au titre des « Plantes signalées dans le département du Tarn, et dont nous n’avons pu constater l’existence (de visu) ». Ces mentions sont peu fiables (les erreurs sont nombreuses dans l’ouvrage de Doumenjou) et de surcroit invérifiables (notamment faute de parts d’herbier). Le Peucédan à feuilles de carvi n’avait donc a priori jamais été signalé de manière certaine dans le Tarn et nous considérons l’espèce nouvelle pour la flore départementale. Elle a cependant pu passer inaperçue du fait de sa floraison tardive et de sa ressemblance avec d’autres apiacées. L’indigénat à Mailhoc pourrait être discuté du fait de l’introduction d’arbres sur la station, en bordure de cette grande retenue collinaire. Mais la plante pouvait tout aussi bien être présente anciennement, dans un habitat qui était de toute évidence présent avant ces plantations. L’espèce est rare à l’échelle de l’ex-région Midi-Pyrénées, présente de manière certaine uniquement dans les Pyrénées, le Lot et l’Aveyron (Reduron, 2007).

Photos 5. Dichoropetalum carvifolia ; a - à gauche, fleurs, b - au centre, feuilles, c - à droite, fruits ; 18.09.2023 ; M. Menand, CC-BY-NC-ND. 

Epilobium roseum Schreb. subsp. roseum (Onagraceae) – LRR DD

Berlats, le long d’un petit écoulement en bord de route, entre Calmels et Caillol (photos 6a-b), alt. 680 m (M. Menand, 29.07.2023) ; Lacaune, bord de la D 81 au niveau du croisement à l’est du lieu-dit Landissou, alt. 720 m (F. Perriat, 13.07.2023).

Cette espèce est très rare dans notre région en dehors des Hautes-Pyrénées. Après plus d’un siècle et demi sans observation (Martrin-Donos, 1864), l’espèce avait été retrouvée en 2017 à Burlats (Menand et al., 2018). Si l’on compte une observation du CBNPMP à Bout-du-Pont-de-Larn (B. Durand, 2020, base Lobelia en ligne), cela en fait donc la troisième mention récente pour le département.

Photos 6. Epilobium roseum ; a - à gauche, fleurs ; b - à droite, feuilles ; 29.07.2023 ; M Menand, CC-BY-NC-ND. 

Epipactis microphylla (Ehrh.) Sw. (Orchidaceae)

Sorèze, cinq pieds le long du sentier longeant la rive nord-est du bassin de Saint-Ferréol, alt. 360 m (L. Belhacène, 11.06.2023).

Cette orchidée est incontestablement rare dans le département. Martrin-Donos (1864) ne citait déjà que deux stations, à Saint-Urcisse et Gaillac, où l’espèce n’a d’ailleurs pas été revue. Depuis, quelques observations ont été faites a minima à Murat-sur-Vèbre, Gijounet, Penne (Leblond, 2016), Castelnau-de-Brassac (Ph. Durand, base Lobelia en ligne) et Dourgne (base OpenObs en ligne). L’espèce n’était pas citée dans la Phytostatique du Sorézois (Clos, 1895).

 

Equisetum fluviatile L. (Equisetaceae)

La Sauzière-Saint-Jean, fossé dans une prairie humide située rive droite du Tescounet, à l’ouest du Moulin de Trusse, alt. 150 m (M. Menand, 13.04.2011) ; Lagrave, dans une aulnaie marécageuse située à la Marine, en rive gauche du Tarn, alt. 140 m (N. Leblond & M. Menand, 18.09.2023).

Observations inattendues puisque la Prêle des eaux n’était pour l’heure confirmée que dans quelques stations des monts de Lacaune. Une coupe de tige ne laisse aucun doute quant à l’identification : lacune centrale > 90% du diamètre de la tige sur les deux stations !

 

Euphorbia angulata Jacq. (Euphorbiaceae)

Tonnac, lambeau de pelouse atlantique contre le bord est de la D 9, à l’Arbre de la Plane (photo 7), alt. 500 m (N. Leblond, 30.06.2023).

Dans sa Florule du Tarn, Martrin-Donos (1864) écrivait « l’E. angulata Jacq. pourrait se rencontrer dans les bois de nos montagnes », hypothèse confortée par l’existence de stations aveyronnaises dans le massif du Lévézou (Bernard, 2012). C’est la découverte par F. Kessler [CBNPMP] d’une station dans l’est du Tarn-et-Garonne, à Castanet (Kessler et al., 2018) qui a fini de nous persuader que l’espèce devait exister autour de la Grésigne, forêt assez riche en flore atlantique (Erica vagans L., Potentilla montana Brot., etc.). Sur notre station de Tonnac les rhizomes à articles charnus séparés par de longs segments (en collier de perles) ont été vérifiés. Espèce nouvelle pour la flore tarnaise.

Photo 7. Euphorbia angulata, 30.06.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Galeopsis segetum Neck. (Lamiaceae) – LRR DD

Nages, cultures au sud du site de la Maison de Payrac (photo 8), alt. 910 m (M. Menand, 31.07.2023).

Le Galéopsis des moissons est globalement rare en ex-Midi-Pyrénées, mais il est très commun dans le Massif central. Les stations dans le Tarn sont assez éclatées ; elle était déjà connue dans ce secteur à Murat-sur-Vèbre (Menand et al., 2019).

Photo 8. Galeopsis segetum, 31.07.2023 ; M. Menand, CC-BY-NC-ND

Galium debile Desv. (Rubiaceae) – LRR DD

Payrin-Augmontel, prairie humide à l’ouest d’Augmontel, au pied du Causse, alt. 260 m (F. Perriat, 15.05.2023).

Le Gaillet chétif était donné assez commun dans le Tarn par Martrin-Donos (14864), sous le nom G. constrictum Chaub., mais les données actuelles sont rares. Appartenant au groupe de G. palustre L., il se distingue notamment de ce dernier par ses feuilles linéaires parfois apiculées, fruits papilleux et pédicelles non divariqués à la maturité des fruits (vs feuilles oblancéolées, fruits lisses ou chagrinés et pédicelles divariqués chez G. palustre ; Tison & de Foucault, 2014). Le troisième taxon du groupe, G. elongatum C. Presl, est également cité dans le département, mais sa présence actuelle reste à confirmer.

 

Galium divaricatum Pourr. ex Lam. (Rubiaceae) – LRR DD

Nages, le long d’un sentier au-dessus de la D 62b, au nord du lieu-dit le Pradas, alt. 930 m, et au niveau du dolmen au nord-nord-ouest du lieu-dit Rouyregros (photo 9), alt. 910 m (F. Perriat, 12.07.2023).

La présence de ce gaillet dans le Tarn restait à confirmer, malgré quelques mentions antérieures (notamment relevés au sein du site Natura 2000 Causse de Caucalières et Labruguière, base Lobelia en ligne). Proche du classique G. parisiense L., il s’en distingue principalement par son port (inflorescences larges, rameaux du milieu longs et fins) et ses infrutescences en faisceaux courts et en pinceau pendant (cf. Tison & de Foucault, 2014). Attention toutefois aux morphes trompeuses de G. parisiense, espèce très variable.

Photo 9. Galium divaricatum, 12.07.2023 ; F. Perriat, CC-BY-NC-ND

Galium murale (L.) All. (Rubiaceae)

Penne, abondante dans les interstices des pavés dans le village (photo 10), alt. 170 m (M. Menand, 16.04.2023) ; Puycalvel, graviers en bord de route dans le village, alt. 220 m (M. Menand [NEO], 28.03.2023).

Le Gaillet des murs semble en expansion dans le Sud-Ouest, où il affectionne particulièrement les pavés et vieilles pierres des villages, comme c’est le cas ici et comme cela avait déjà été observé à Castelnau-de-Montmiral notamment (Leblond et al., 2022).

Photo 10. Galium murale, 16.04.2023 ; M. Menand, CC-BY-NC-ND

Helianthemum salicifolium (L.) Mill. (Cistaceae)

Saint-Genest-de-Contest, pelouse autour de la croix au sud de Puech Salvan, alt. 310 m (B. Durand, 15.05.2023).

Petit hélianthème annuel assez bien représenté dans les pelouses calcicoles du centre et du sud du département. À retrouver dans le Quercy où il était cité jadis (Larroque et Puycelsi, Matrin-Donos, 1864).

 

Hieracium ×ovalifolium Jord. sensu lato [= H. glaucinum Jord. s.l. × H. murorum L. s.l.] (Asteraceae)

Sorèze, quelques dizaines de pieds le long du sentier longeant la rive nord-est du bassin de Saint-Ferréol, alt. 360 m (L. Belhacène, 11.06.2023).

Cette épervière est ici conçue au sens d’un groupe d’hybrides entre des taxons affines de H. glaucinum et de H. murorum (sensu Flora Gallica donc, Tison & de Foucault, 2014). Déjà mentionnée dans une dizaine de localités tarnaises par Martrin-Donos (1864), elle a été revue très régulièrement dans le quart sud-est du département lors des inventaires du CBNPMP (base Lobelia en ligne). À rechercher partout ailleurs dans le Tarn.

 

Hypochaeris maculata L. (Asteraceae) – LRR DD

Nages, dans la montée vers le dolmen au sud de la Maison de Payrac, alt. 910 m (F. Perriat, 12.07.2023).

Cette astéracée n’est connue dans le département (montagnes de l’extrémité orientale) que depuis une trentaine d’années, sur les communes de Lacaune, Murat-sur-Vèbre (Leblond, 2016) et donc Nages. Clairement acidiphile dans le Tarn, elle se retrouve également ailleurs dans les pelouses calcicoles (ex. Veyreau [12], NL, obs. pers.) ; l’espèce est avant tout xérophile.

 

Lathraea squamaria L. (Orobanchaceae)

Penne, quelques pieds dans un sous-bois exposé au nord, au lieu-dit Bès, alt. 140 m (R. Clec’h, 18.04.2023).

Espèce parasite rarissime dans le département, déjà observée dans le Quercy tarnais en 2019 à Puycelsi (Leblond et al., 2020). Les autres stations se trouvent à Murat-sur-Vèbre.

 

Lepidium graminifolium L. (Brassicaceae)

Noailles, dans les pelouses tondues de la place de l’Église, sous un gros conifère, alt. 250 m (M. Menand, 06.09.2023).

Le Passerage à feuilles de graminée était commun à l’époque de Martrin-Donos (1864) « CC. Murs, décombres, rues des villes, bords des chemins, dans presque tout le département ». Il n’a pourtant été revu récemment que l’année dernière à Albi (Leblond et al., 2024) et donc une seconde fois cette année, à un endroit fortement anthropisé également.

 

Lilium martagon L. (Liliaceae)

Saint-Michel-de-Vax, belle population dans la vallée de Laussière, alt. 230 m (R. Clec’h, 14.06.2023).

Le Lis martagon est connu de la vallée de Laussière depuis au moins le milieu du xixe siècle, cité aux Clauses (aujourd’hui les Closes, commune de Roussayrolles) par Martrin-Donos (1864). Il est encore présent aux environs des ruines de Laussière (NL, 2012, obs. pers.), mais sa présence plus en aval à Saint-Michel-de-Vax n’avait pas encore été signalée. Tout en amont de cette vallée se trouve le lieu-dit « la Fleur de Lys », l’espèce est aujourd’hui précisée !

 

Lupinus angustifolius L. (Fabaceae) – PR, LRR NT

Moulayrès, pelouse au sud de la D 47 et à l’est du point coté 357, au nord-est du lieu-dit Canguilan, alt. 360 m (B. Durand, 06.06.2023).

Nouvelle commune de présence au sein du triangle Castres/Gaillac/Saint-Sulpice pour cette espèce protégée régionale. À noter que dans la version 16 du Référentiel taxonomique national (Gargominy et al., 2022) les sous-espèces (angustifolius et reticulatus citées dans le Tarn) ne sont plus retenues.

 

Malva alcea L. (Malvaceae) – LRR DD

Montans, un seul pied dans une prairie vers Garrigue Longue (photo 11), alt. 150 m (M. Menand, 25.08.2023).

Cette mauve, à pièces de l’épicalice triangulaires, qu’il ne faut pas confondre avec Malva moschata L. (pièces du calicule étroites linéaires) est rarement signalée dans le Tarn, avec moins de dix localités connues et toujours en effectif très faible.

Photo 11. Malva alcea, 25.08.2023 ; M. Menand, CC-BY-NC-ND

Mibora minima (L.) Desv. (Poaceae)

Brens, au Pont de Beynac, dans les vignes situées de part et d’autre de la D 13, tout de suite à l’est du carrefour de la D 200, alt. 150 m (N. Leblond, 15.03.2023).

La Mibore naine n’est actuellement connue dans le département que sur six autres communes, à savoir Coufouleux, Lagrave, Loupiac, Rabastens, Saint-Sulpice-la-Pointe et Saïx (Leblond et al., 2024). À rechercher dès le premier printemps dans les vignes sur sols acides des plaines tarnaises !

 

Narcissus poeticus L. (Amaryllidaceae)

Penne, falaise au-dessus du tunnel de la D 115, au sud-est de Courgnac (photo 12), alt. 160 m (F. Perriat & J. Vallet, 20.04.2023).

Le Narcisse des poètes est une espèce rarissime à l’état sauvage dans le Tarn. Habitué des prairies humides de fauche, il est plus étonnamment rencontré çà et là dans des replats de falaises calcaires comme ici à Penne (vu également à Saint-Antonin-Noble-Val et aux environs de Toulon ; F. Perriat, obs. pers.) voire en plein éboulis dans des stations xériques (Borrèze, Rocamadour ; N. Leblond, obs. pers.) !

Photo 12. Narcissus poeticus, 20.04.2023 ; F. Perriat, CC-BY-NC-ND

Oloptum miliaceum (L.) Röser & Hamasha (Poaceae)

Penne, plancher de balme très sec dans les falaises calcaires regardant Couyrac, en rive gauche de l’Aveyron, alt. 150 m (N. Leblond & M. Menand, 29.06.2023).

Le Piptathère faux-millet n’avait auparavant été observé dans le Tarn qu’en contexte urbain, en pieds de murs, à Albi en 2011(Leblond, 2016) et à Gaillac en 2017 (Menand et al., 2018). La station observée ici à Penne se trouve dans un habitat beaucoup plus naturel, correspondant au biotope primaire de la plante en Méditerranée.

 

Orobanche amethystea Thuill. (Orobanchaceae)

Saint-Gauzens, pelouse sur versant orienté ouest au nord-nord-est du lieu-dit En Soulier, alt. 270 m, pelouse au-dessus de la route, 250 m au sud du point coté 292 du Prone, alt. 280 m, et pelouse colonisée par Spartium junceum au lieu-dit le Prone, alt. 280 m (B. Durand, 16.05.2023).

L’Orobanche du panicaut est encore très peu notée dans le Tarn (moins de cinq communes de présence actuelle). L’espèce est certainement à la fois rare et sous-notée dans le département (l’identification des orobanches est souvent effrayante et délicate).

 

Orobanche gracilis Sm. (Orobanchaceae)

Saint-Gauzens, pelouse au nord de la route au sud-est du lieu-dit Saint-Martin, alt. 270 m (B. Durand, 16.05.2023).

Orobanche signalée sous le nom O. cruenta Bertol. dans la florule de Martrin-Donos (1864), donnée assez commune par cet auteur avec une petite dizaine de localités rapportées. Elle se distingue des autres espèces tarnaises par ses corolles à face interne rouge brillant. Aujourd’hui signalée sur les communes de Saint-Gauzens, Appelle (MM, 2015) et Castres (MM, 2016).

 

Papaver argemone L. subsp. argemone (Papaveraceae)

Vindrac-Alayrac, parcelle de pois en montaison entre les lieux-dits le Causse et Jouzelles, alt. 280 m (F. Perriat, 11.05.2023).

Ce pavot aux capsules étroites hérissées de soies raides est devenu rare dans le Tarn. Un noyau de population existe sur le plateau cordais (Labastide-Gabausse, Mailhoc, Taïx, Villeneuve-sur-Vère, Virac ; base Lobelia en ligne), mais la présence actuelle sur la commune de Vindrac-Alayrac semble inédite. À rechercher dans d’autres secteurs (stations non détaillées dans Martrin-Donos, 1864 tant la plante était commune à l’époque).

 

Patzkea paniculata subsp. spadicea (L.) B. Bock (Poaceae)

Larroque, lisière de chênaie pubescente entre Les Abriols et Peyre Blanque, au nord de la route, alt. 410 m (F. Perriat, 02.06.2023).

La Fétuque (ou Patzkée) brunâtre est une graminée très rare dans le département. Les données actuelles la localisent dans le Quercy, à Penne (Leblond, 2016) et donc à Larroque, et en forêt de Giroussens (communes de Giroussens et Parisot). La station historique tarnaise, aux environs de Castres (bois de Lamouzié), n’a pour l’heure pas été retrouvée.

 

Persica amphibia (L.) Gray (Polygonaceae)

Puylaurens, mégaphorbiaies et ourlets eutrophiles le long du Girou, 130 m et 500 m en aval de la station d’épuration, alt. 270 m (S. Puig, 19.07.2023).

Cette renouée se distingue des autres espèces tarnaises par ses feuilles tronquées à subcordées à la base. P. orientalis (L.) Spach, espèce horticole est-asiatique présentant la même caractéristique foliaire, est à confirmer à l’état naturalisé dans le département.

 

Piptatherum paradoxum (L.) P. Beauv. (Poaceae) – LRR DD

Penne, deux pieds dans une rocaille ombragée, à la base des falaises calcaires regardant Couyrac rive gauche de l’Aveyron (photo 13), alt. 140 m (N. Leblond & M. Menand, 29.06.2023).

Le Piptathère paradoxal était signalé dans trois secteurs par Martrin-Donos (1864) : au sud, autour du causse de Labruguière, au nord-ouest dans la partie quercynoise (Larroque, Penne, Milhars), ainsi qu’à l’ouest à Sainte-Sulpice-la-Pointe. Cette dernière mention paraissant très douteuse, restait la possibilité que la plante existât bien dans les deux autres secteurs. En 2006, l’un de nous (NL) retrouvait la plante au sud, dans la partie calcaire de la Montagne Noire tarnaise à Sorèze, sur les hauteurs de Berniquaut (Leblond, 2016). Concernant le Quercy, on sait que quelques auteurs ont signalé P. paradoxum par confusion avec P. virescens (cf. par exemple Bras, 1877) ; depuis la découverte de cette dernière espèce à Penne, on ne s’attendait donc plus à observer le Piptathère paradoxal sur ce causse… Il y existe pourtant bien, avec ces quelques pieds observés à Penne en 2023 ! À rechercher ailleurs dans ce secteur, ainsi que dans la partie tarn-et-garonnaise de la vallée de l’Aveyron.

Photo 13. Piptatherum paradoxum, 29.06.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Piptatherum virescens (Trin.) Boiss. (Poaceae) – PN

Penne, localement abondant au pied des falaises du cirque d’Amiel (photo 14), alt. 260 m (N. Leblond & M. Menand, 29.06.2023).

Espèce découverte dans le Tarn par A. Paris (CBNPMP) en 2021, déjà sur la commune de Penne (Leblond et al., 2024). Il s’agit donc ici de la seconde station départementale connue de cette graminée protégée au niveau national.

Photo 14. Piptatherum virescens, 30.06.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Poa palustris L. (Poaceae) – LRR DD « sensible »

Nages, lac du Laouzas, au nord-ouest de la base de loisirs, dans une zone très inondable sous la RD 162 (photo 15), alt. 780 m (M. Menand, 31.07.2023).

Le Pâturin des marais avait été découvert à Nages en 2022, au niveau de la queue ouest du même lac du Laouzas (Leblond et al., 2024). Cette nouvelle observation confirme la bonne implantation de l’espèce autour de ce réservoir. À rechercher désormais autour des lacs de la Raviège, des Saint-Peyres, du Saut de Vézoles.

Photo 15. Poa palustris, 31.07.2023 ; M. Menand, CC-BY-NC-ND

Polypodium ×shivasiae Rothm. [= P. cambricum L. × P. interjectum Shivas] (Polypodiaceae)

Dourgne, bords du chemin dans le vallon du Taurou, en amont du plan d’eau de Saint-Stapin, alt. 320 m (L. Belhacène, 31.12.2023).

Hybride rencontré çà et là dans le Tarn, et probablement sous-inventorié tant ses parents y sont abondants ! Sur cette station de Dourgne, les spores (majoritairement mal conformées) ont été vérifiées (L. Belhacène, comm. pers.).

 

Primula vulgaris Huds. subsp. vulgaris (Primulaceae)

Penne, contreforts nord de la forêt de Grésigne, à l’est de Fontbonne, le long du GR, alt. 430 m (M. Menand, 16.04.2023).

Si la Primevère acaule est clairement introduite à de nombreux endroits dans le département, nous pouvons nous poser la question de l’indigénat de cette station. Il serait plausible au vu du secteur et du contexte écologique local, en sous-bois naturel, en compagnie de Carex sylvatica, Geranium nodosum, Phyteuma spicatum, Potentilla sterilis, Pulmonaria longifolia subsp. cevennensis, etc.

 

Psammophiliella muralis (L.) Ikonn. (Caryophyllaceae)

Saint-Antonin-de-Lacalm, un unique individu sur les zones exondées de la retenue de la Bancalié, sous Verdussié, au milieu de Littorella uniflora entre autres, alt. 310 m (M. Menand, 07.09.2023).

Cette espèce peut être retrouvée dans des tonsures hygrophiles sur sols sableux, des cultures ou jachères humides, mais aussi parfois dans des zones exondées de cours d’eau ou de plans d’eau, comme c’est le cas sur cette localité observée cette année. Donnée très commune par Martrin-Donos (1864), elle n’est connue aujourd’hui que de huit communes (espèce discrète à floraison tardive, sous-prospectée, ou réelle baisse de sa présence ?) !

 

Senecio lividus L. (Asteraceae)

Penne, surabondant dans les pelouses à annuelles calcicoles pentues de la rive droite de l’Aveyron, 200 m à l’ouest des Baoutes (photo 16), alt. 140 m (N. Leblond, 02.06.2023).

Le Séneçon livide n’est pas une espèce particulièrement rare dans le Tarn, mais il y est connu, comme partout en France, pour être clairement acidiphile. L’abondance du taxon dans ces pelouses à thérophytes calcicoles surprend, ce d’autant qu’aucune autre espèce acidiphile ne l’accompagne. La même observation avait été faite en 2021 à Saint-Antonin Noble-Val, dans le cirque de Bône (Georges et al., 2022).

Photo 16. Senecio lividus, 02.06.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Thalictrum minus subsp. saxatile (Schleich. ex DC.) Ces. (Ranunculaceae)

Penne, assez abondant dans les rocailles calcaires du versant sud du Puech des Panissous, alt. 280 m (N. Leblond & M. Menand, 29.06.2023).

Ce pigamon thermophile n’est pour l’heure connu dans le Tarn que sur la commune de Penne, déjà observé en 2007 et 2008 (Leblond, 2016), mais sur le plateau rive droite de l’Aveyron. La population du Puech des Panissous, en rive gauche, est la plus fournie que nous ayons observée (plusieurs dizaines d’individus). Reste maintenant à retrouver la sous-espèce pratense (F.W. Schultz) Hand, ripicole, jadis observée à Lisle-sur-Tarn (Martrin-Donos, 1864) et Saint-Juéry (herbier Sudre).

 

Veronica agrestis L. (Plantaginaceae)

Penne, interstices des pavés dans le village (photos 17a-b), alt. 170 m (M. Menand, 16.04.2023).

Cette véronique, généralement à fleurs blanches (attention, elles peuvent être bleu pâle ou panachées), est assez peu notée dans le Tarn, avec moins de dix localités signalées, bien que Martrin-Donos (1864) la donnait « assez commune ».

Photos 17. Veronica agrestis ; a - à gauche, fleur) ; b - à droite, fruit ; 16.04.2023 ; M. Menand, CC-BY-NC-ND.

Vicia tenuifolia Roth. (Fabaceae)

Penne, ripisylve rive droite de l’Aveyron, à Borie Basse, alt. 100 m (N. Leblond & M. Menand, 29.06.2023).

Vesse appartenant au groupe cracca très rarement mentionnée dans le Tarn. Le critère des folioles glabres à la face supérieure donné par Flora Gallica (Tison & de Foucault, 2014) n’est pas absolu puisque V. tenuifolia et V. cracca L. peuvent toutes deux être glabres ou présenter quelques rares poils à la face supérieure (« le plus souvent glabrescentes à la face supérieure » chez V. tenuifolia et « glabres à pubescentes apprimées » chez V. cracca pour Coulot & Rabaute, 2016). Pour trancher les individus tendancieux, on peut s’aider des longueurs d’étendards [(6)8-10(12) mm chez cracca, (11)13-17(20) mm chez tenuifolia], des pédicules des gousses (inclus dans le tube du calice chez cracca, le dépassant chez tenuifolia), des folioles des feuilles supérieures [beaucoup plus étroites chez tenuifolia (L/l > 6) que chez cracca (L/l < 6)] et du port des plantes (dressé car tiges rigides chez tenuifolia, décombant car tiges souples chez cracca).

 

Vitis vinfera subsp. sylvestris (C.C. Gmel.) Hegi (Vitaceae) – PN

Penne, çà et là à la base des falaises calcaires regardant Couyrac rive gauche de l’Aveyron (photo 18), alt. 150 m (N. Leblond & M. Menand, 29.06.2023).

La présence de la Vigne sauvage (ou Lambrusque) dans le Tarn, secteur Grésigne, est déjà largement documentée (cf. par exemple Fallour et al., 2021). La détermination certaine de la sous-espèce indigène reste affaire de spécialistes, cependant sur cette station de Penne un certain nombre de critères convergent vers la sous-espèce sylvestris :

  • feuilles pubescentes à la face inférieure sans amas de poils aux bifurcations des nervures,
  • dents apicales des lobes primaires non acuminées, à L/l < 1,
  • sinus paramédians > 30% de la nervure médiane,
  • fleurs unisexuées,
  • pépins à becs très courts (< 50% du corps).

Photo 18. Vitis vinifera subsp. sylvestris, 29.06.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

3. Taxons exogènes

Anemone coronaria L. (Ranunculaceae) – PN, LRR DD

Brens, quatre touffes en bordure d’une prairie xérophile au Pont de Beynac (photo 19), alt. 150 m (N. Leblond, 15.03.2023) ; Loupiac, friche au nord du lieu-dit le Peyreyrol, alt. 120 m (J. Mieusset [ARTIFEX], 21.03.2021, revue en 2022).

Tous les « spécimens sauvages » de cette belle anémone originaire du bassin méditerranéen sont protégés sur l’ensemble du territoire national depuis publication de l’arrêté du 20 janvier 1982. Le terme « sauvage », ambigu, est généralement interprété comme incluant les populations d’origine indigène (inclus archéonaturalisées et néo-indigènes) et excluant les populations d’origine exogène (naturalisées après 1500). Il ne semble pas y avoir trop de suspens quant à une naturalisation plutôt récente de ces deux populations tarnaises, l’espèce n’ayant jamais été signalée par les botanistes historiques et étant très utilisée pour l’agrément. Mais dans le doute un statut cryptogène (modalités d’arrivée sur le territoire non explicites ; Fried et al., 2024) pourrait tout autant leur être attribué.

Photo 19. Anemone coronaria, 15.03.2023 ; N. Leblond, CC-BY-NC-ND

Eleusine africana Kenn.-O’Byrne (Poaceae)

Albi, bords de trottoirs dans la zone d’activités Saint-Antoine (photos 20a-b), alt. 180 m (J. Mieusset, 05.10.2023).

Graminée découverte en 2021 en vallées du Thoré et de l’Agoût (Leblond et al., 2022), et qui existe donc également en vallée du Tarn. Le département abrite les trois espèces d’Eleusine naturalisées en France (Eleusine africana Kenn.-O’Byrne, E. indica (L.) Gaertn. et E. tristachya (Lam.) Lam.).

Photos 20. Eleusine africana ; a - à gauche, ligules ciliées ; b - à droite, caryopses sans côtes marquées, 05.10.2023 ; J. Mieusset, CC-BY-NC-ND.

Koenigia polystachya (Wall. ex Meisn.) T.M. Schust. & Reveal (Polygonaceae)

Berlats, bord de route dans un petit virage au-dessus du village (route de la Jasse), où elle commence à devenir bien installée (photo 21), alt. 590 m (M. Menand, 04.08.2023).

La Persicaire à épis nombreux, espèce ornementale originaire d’Asie, est connue depuis 2011 à Lacaune près des ruines de la Jasse de Martinou (Leblond, 2016) où elle est très envahissante (obs. pers., 30.07.2023). Ce n’est ici que la deuxième population de cette espèce dans le Tarn, à surveiller.

Photo 21. Koenigia polystachya, 04.08.2023 ; M. Menand, CC-BY-NC-ND

Opuntia engelmannii Salm-Dyck ex Engelm. (Cactaceae)

Dourgne, deux ou trois dizaines de pieds dans les falaises de l’ancienne carrière située juste au sud du plan d’eau de Saint-Stapin (photo 22), alt. 320 m (L. Belhacène, 31.12.2023).

Il semble s’agir ici de la première mention tarnaise d’un Opuntia en milieu naturel. L’espèce se distingue des autres taxons naturalisés en France (le genre est américain) notamment par son port dressé (non entièrement rampant) issu d’une tige principale rampante (et non d’un tronc), ses articles obovales (non circulaires), glauques et long de plus de 20 cm.

Photo 22. Opuntia engelmannii, 31.12.2023 ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND

Soleirolia soleirolii (Req.) Dandy (Urticaceae)

Penne, dans une jardinière de la rue principale du village (photo 23), alt. 160 m (F. Perriat & C. Domange, 11/02/2023, puis M. Menand, 16.04.2023).

Espèce citée ici à titre de curiosité, puisqu’observée dans une jardinière de village où elle a probablement été plantée (couvre-sol classique vendu en jardinerie). La plante, ouest-méditerranéenne, n’est indigène en France qu’en Corse, mais largement naturalisée dans l’Ouest (Bretagne essentiellement) ; elle pourrait donc se retrouver un jour dans le Tarn en milieu naturel. À suivre.

Photo 23. Soleirolia soleirolii, 11.02.2023 ; F. Perriat, CC-BY-NC-ND

Xanthium spinosum L. (Asteraceae)

Aguts, angle de parcelles cultivées près du lieu-dit Plantaurou, alt. 220 m (S. Puig, 17.07.2023).

La Lampourde épineuse reste peu signalée dans le Tarn, avec la quasi-totalité des observations modernes effectuées dans le quart sud-ouest. À rechercher ailleurs dans le département (la seule donnée récente en rive droite du Tarn situe l’espèce à Cagnac-les-Mines, NL, 2007).

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