Espèces rares et méconnues trouvées en Haute-Garonne en 2023

Title

Rare and poorly known species found in Haute-Garonne in 2023

Résumé

Présentation de quelques découvertes botaniques intéressantes faites pendant l’année 2023.

Abstract

Presentation of some interesting botanical discoveries made during the year 2023.

1. Introduction

Comme tous les ans, nous venons présenter les plantes vasculaires qui ont marqué nos herborisations en Haute-Garonne durant l’année 2023. Cette liste commentée sera répartie en deux sections : les plantes indigènes (ou assimilées) et les plantes exogènes, accidentelles, subspontanées ou en voie de naturalisation depuis plus ou moins longtemps. Dans chaque section, nous suivrons l’ordre alphabétique des taxons. Chaque taxon sera suivi du nom de sa famille (entre parenthèses), son statut de protection éventuel et par sa cotation « liste rouge Midi-Pyrénées ».

Les observateurs seront indiqués par leurs initiales (LB pour Lionel Belhacène, DC pour Daniel Cailhol, TD pour Thomas Delhotal, JYM pour Jean-Yves Marc, MM pour Mathieu Menand, SP pour Sébastien Puig et JT pour Jérôme Thèbe).

 

2. Plantes indigènes (ou assimilées)

Allium roseum L. subsp. roseum (Amaryllidaceae) – LC

Ce sont plusieurs belles populations, sur plusieurs coteaux de la commune de Castelnau-d’Estrétefonds, au niveau du lieu-dit « En Balans », qui ont été trouvées cette année (M. Bergès : 15/05/2023 ; MM : 07/06/2023).

 

Allium victorialis L. (Amaryllidaceae) – LC

Une très jolie station de cet ail peu commun dans les Pyrénées luchonnaises a été découverte cette année (LB : 28/07/2023) lors de notre séjour pyrénéen sur la commune de Castillon-de-Larboust, vers 2 000 m d’altitude, non loin du petit lac de Grauès sur les rives du ruisseau de la Coume, sous la cabane du berger. Plusieurs dizaines de pieds étaient en fruits lors de notre passage.

 

Alopecurus aequalis Sobol. (Poaceae) – VU

Une belle population du Vulpin roux a été découverte dans un bras mort de la Garonne à l’aval du barrage de Vicomte sur la commune de Labarthe-Inard (SP : 02/05/2023). À noter par ailleurs la présence d’une importante population de Crassula tillaea sur le chemin d’accès au barrage.

 

Androsace pyrenaica Lam. (Primulaceae) – Protection nationale – LC

C’est en rive gauche du val d’Arrouge, aux alentours de 2 500 m d’altitude, sur la face sud de la falaise de Troucet de Courts, que de nombreux coussinets d’Androsace pyrenaica, dont un monumental dans une des crevasses, sculptent cette roche siliceuse (DC et Joël Betti : 04/07/2023). Cette falaise est nommée Caumale sur les cartes de 1950.

 

 Astragalus alpinus L. subsp. alpinus (Fabaceae) – LC (planche 1)

Deux nouvelles stations de faibles effectifs ont été vues cet été (LB : 27/07/2023) sur les hauteurs de la vallée du Lis sur la commune de Castillon-de-Larboust. La première se situe au pied d’une petite barre rocheuse calcaire (sur laquelle nous pouvons aussi croiser le Tichodrome échelette !) située juste à l’est, contre le lac Célinda, vers 2 450 m d’altitude. La seconde, toujours en contrebas d’une barre calcaire, est visible entre le lac Célinda et le lac Charles, sur le bord du chemin.

Planche 1. Astragalus alpinus L. subsp. alpinus ; L.Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Carex laevigata Sm. (Cyperaceae) – LC (planche 2)

Cette laîche, très rare en Haute-Garonne puisque simplement signalée autour du lac de Barbazan en vallée de Luchon, a été trouvée en trois endroits dans la forêt de Cardeilhac et ses abords. La première station (LB, Philippe Vernier et Rémy Humbert : 20/05/2023) fut découverte le long du GR qui suit le canal de Franquevielle à Cardeilhac sur la commune de Lodes, au nord du bois de l’Escalé. Une petite dizaine de pieds nous ont interpellés en contrebas du talus du canal. Il a fallu se déshabiller pour accéder par l’eau à ces Carex qui paraissaient différents de ceux connus. Lors de cette même sortie, c’est sur la frontière entre Lodes et Cardeilhac, le long du ruisseau du Luz, que nous avons pu admirer encore quelques pieds de cette laîche. Environ un mois après, lors d’une sortie « ronces » dans ce même massif forestier, a été trouvée une autre grande station de ce Carex (LB : 21/06/2023). Plusieurs dizaines de pieds croissent en compagnie de l’osmonde royale dans une zone marécageuse, le long du ruisseau de Marignas, en plein centre de la forêt de Cardeilhac sur la commune éponyme.

Planche 2. Carex laevigata Sm. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Carex pauciflora Lightf. (Cyperaceae) – Protection régionale – VU (planche 3)

Ce Carex rare dans les Pyrénées est connu depuis sa redécouverte par Delphine Fallour il y a quelques années, dans quelques tourbières en aval du lac de Grauès sur la commune de Castillon-de-Larboust. Toujours dans ce contexte, nous avons pu le revoir sur d’autres minitourbières un peu plus en aval du ruisseau de la Coume, sur son versant nord, entre le ruisseau et le chemin de randonnée qui mène au lac Vert (LB, JT, DC et Philippe Vernier : 29/07/2023). Sur ces deux petites stations, quelques dizaines (centaines ?) de pieds se trouvent comme à l’accoutumée, en bordure de l’eau.

Planche 3. Carex pauciflora Lightf. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Crypsis schoenoides (L.) Lam. (Poaceae) – VU (planche 4)

Déjà connue au nord-ouest de Toulouse sur quelques zones exondées de retenues collinaires, c’est dans ce contexte que nous l’avons découverte sur le lac de Garac (LB et Léo Giardi : 19/10/2023). Au niveau de la queue du lac, sur les communes de Garac et de Caubiac, ce sont plusieurs centaines de pieds qui tapissent le sol. Le lendemain, lors d’une herborisation sur une autre retenue collinaire, mais cette fois-ci dans le Lauragais (à l’est de Toulouse), où cette graminée n’avait encore jamais été trouvée, j’ai eu la chance de voir trois pieds de ce Crypsis en queue du lac du Dagour sur la commune de Lanta (LB : 20/10/2023). Il est possible que cette Poaceae, qui semble en expansion dans la région toulousaine (puisque non répertoriée avant les années 2000), continue de progresser dans d’autres secteurs du département.

Planche 4. Crypsis schoenoides (L.) Lam. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Cyperus michelianus (L.) Link (Cyperaceae) – Protection régionale – VU (planche 5)

Tout comme Crypsis schoenoides, ce rare souchet est présent et déjà bien connu dans l’Ouest toulousain. Pour le revoir cette année, nous sommes allés sur le lac de Thil-Bretx où il était déjà connu. Cette année, avec la sécheresse de cet été, les zones exondées sont immenses. C’est donc sur une pelouse de plusieurs centaines de mètres carrés (peut-être plus d’un hectare), que nous marchions sur ce souchet. C’est sur le lac de Garac (LB et Léo Giardi : 19/10/2023), que nous avons pu trouver une nouvelle station en queue de lac sur les zones exondées. Plusieurs milliers de pieds tapissent le sol sur les communes de Garac et de Caubiac.

Planche 5. Cyperus michelianus (L.) Link. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Cystopteris montana (Lam.) Desv. (Cystopteridaceae) – Protection nationale – LC (planche 6)

Lors d’une herborisation entre copains botanistes, sur le versant nord du Cagire, nous avons eu la chance de trouver deux nouvelles stations de cette délicate fougère (LB, DC et Rémy Humbert : 05/06/2023). Comment avons-nous fait pour ne pas l’avoir vue plus tôt ? En effet, la première station se situe le long du chemin classique qui monte du parking nord du Cagire (la Couage) jusqu’au sommet, un chemin arpenté par de nombreux randonneurs parmi lesquels plein de botanistes dont vos serviteurs. C’est juste en amont de la cabane de Juzet, sous un petit boisement, juste à côté des quelques rares pieds de la variété incisum d’Asplenium viride, que sur un petit mètre carré se dévoile cette charmante fougère. La seconde station, 250 m plus en altitude (vers 1 640 m), est un peu plus difficile à trouver. Il faut en effet avoir envie de fouiller les barres rocheuses et les pelouses situées vers la limite supérieure du couvert forestier du coin pour tomber sur plusieurs petites populations bien fournies de C. montana. Une belle population à Castillon-de-Larboust, sous la station de Prat-Long, entre 1 550 et 1 800 m a aussi été découverte cette année (SP : 24/06/2023).

Planche 6. Cystopteris montana (Lam.) Desv. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Geranium lucidum L. (Geraniaceae) – LC

Cette espèce est présente en contexte atypique sur la commune de Merville, au niveau du ramier de Bigorre (TD : 27/05/2023). Tandis que son milieu habituel correspond aux lisières rocailleuses thermophiles et vieux murs, elle a été observée ici dans un bras mort de la Garonne, sur un sol engorgé en mélange avec une formation de prairie hygrophile à menthe aquatique.

 

Gladiolus communis L. (Iridaceae) – LC

C’est sur le talus routier de la sortie d’autoroute de Saint-Gaudens qu’a pu être admirée une dizaine de pieds de cette très jolie plante (LB : 21/05/2023). Cette petite station se situe juste à quelques mètres au nord de la petite mare qui jouxte cet échangeur.

 

Glyceria maxima (Hartrm.) Holmb. subsp. maxima (Poaceae) – LC

Une petite population se développe au milieu des phragmites et des touradons à Carex paniculata le long du canal latéral à la Garonne, au sud de l’écluse du Moulin, sur la commune de Castelnau-d’Estrétefonds (MM : 06/07/2023).

 

Lathraea squamaria L. (Orobanchaceae) – LC

L’espèce est présente en effectifs nombreux dans les bois longeant le chemin des Cavaliers à Antignac (SP : 08/04/2023).

 

Luzula ×somedana Fern.-Carv & Fern. Prieto (Juncaceae) – DD (planche 7)

C’est en fouillant les barres rocheuses calcaires du versant nord du pic de Cagire, vers 1 620 m d’altitude, juste au-dessus du chemin « classique » de randonnée, que j’ai eu la joie de retrouver cet hybride (LB : 05/06/2023) qui apparemment avait été découvert pour la première fois en France en 2020 et dont j’avais publié la découverte (https://sbocc.fr/publication/luzula-xsomedana-un-nouvel-hybride-pour-la-france/). Encore une fois, dans une pelouse, juste au-dessus de la barre rocheuse, Luzula pediformis est naturellement présente. Luzula sylvatica est elle aussi présente, car nous ne sommes pas loin de la limite forestière. Et là, entre les deux parents, plusieurs pieds de cet hybride étaient bien développés, certains tirant plus vers l’un ou l’autre des parents et d’autres bien intermédiaires (comme on les aime !).

Planche 7. Luzula ×somedana Fern.-Carv & Fern. Prieto ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Malva nicaeensis All. (Malvaceae) – LC

Cette très mignonne et néanmoins discrète plante ne se rencontre pas souvent dans le département de la Haute-Garonne. Quelques rares stations sont connues à l’est de Toulouse, principalement dans le Lauragais. Elles sont souvent assez petites et le nombre de pieds, généralement fluctuant, n’est jamais bien important. Cette année, lors d’une herborisation avec et pour des militants anti-ZAC (inutile il faut bien l’admettre : aussi bien la ZAC que l’espoir d’y trouver une plante à statut suffisamment fort pour contrer les travaux déjà entamés), nous avons vu plusieurs centaines de pieds fleuris de cette mauve (LB et Gabrielle Martin : 13/05/2023). Le gros de la station se situe sur la commune de Montgiscard entre les lieux-dits « le Petit Clos » et « les Barthes ». D’autres pieds plus ou moins isolés se rencontrent sur les petits chemins de cette zone. Qu’en sera-t-il très prochainement quand Mac do and Co auront goudronné tout cela ?

 

Narcissus gigas (Haw.) Steud. (Amaryllidaceae) – LC (planche 8)

Nous avons continué notre recherche de cette surprenante fleur en aval des stations déjà connues (dont certaines trouvées l’année dernière) dans la région de l’Est saint-gaudinois. C’est toujours le long du ruisseau le Soumès, sur les communes de Labarthe-Inard et de Saint-Médard, que nous avons eu la joie de fouler des prairies magnifiquement recouvertes par ce narcisse (LB, JT et Rémy Humbert : 23/03/2023). En partant du croisement entre ce ruisseau et la route D 817, en remontant le ruisseau jusqu’au lieu-dit « Soumès », nous avons trouvé six nouvelles prairies où cette plante prospère. Cinq cents mètres en aval de notre point de départ, le ruisseau se jette dans la Garonne. L’espoir de trouver de nouvelles stations plus en aval est donc assez faible…

Planche 8. Narcissus gigas (Haw.) Steud. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.  

Nasturtium ×sterile (Airy Shaw) Oefelein (Brassicaceae) – DD (planche 9)

C’est les pieds dans le ruisseau d’Oô, en aval des granges d’Astau, au niveau de la première grange (environ 1 080 m d’altitude), qu’une très belle station d’une crucifère blanche intrigante nous attendait (LB, DC et Rémy Humbert : 22/06/2023). Impossible à première vue de rattacher ces plantes à une espèce connue. De retour à la maison, il a fallu un peu de temps pour trouver quelque chose de ressemblant. Nous en avons conclu qu’ on avait affaire à Nasturtium ×sterile, inconnue pour l’instant en Haute-Garonne. Il s’agirait d’un hybride entre N. officinale et N. microcarpum. Cette plante a été aussi considérée comme une sous-espèce de N. officinale sous le taxon Rorippa nasturtium-aquaticum subsp. sterilis (Airy Shaw) O. Bolòs & Vigo, 1974. N’hésitez pas à me dire si cette détermination est convenable. Ce groupe ne semble pas si évident que cela.

Planche 9. Nasturtium ×sterile (Airy Shaw) Oefelein ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Ophioglossum azoricum C. Presl (Ophioglossaceae) – Protection nationale – VU

Au mois d’avril, nous avons pris l’habitude d’aller faire un tour en vallée de Luchon pour y dénicher de nouvelles stations de cette fougère assez récemment recensée en Haute-Garonne. Cette année, comme les précédentes, nous a gratifiés de quelques nouvelles populations d’O. azoricum. C’est sur la commune de Juzet-de-Luchon que nous avons repéré deux stations jusque-là inconnues (LB, SP, DC et Rémy Humbert : 17/04/2023). La première est juste au-dessus des granges de Médan. Elle est composée de plusieurs petites populations dispersées dans une pelouse rocailleuse. La seconde, encore plus importante, se situe sur la crête entre « Les Légnès » et « Langlade ». Là encore, de nombreuses populations plus ou moins importantes, mais jamais très grandes se côtoient le long de ce cheminement.

 

Parentucellia latifolia (L.) Caruel (Orobanchaceae) – Protection régionale – VU

Une petite station de cinq à dix individus a été découverte en bordure du chemin de Binagret, entre le container à verre et les crottes de chien, sur la commune du Fauga (SP : 13/04/2023). L’espèce, rare en Haute-Garonne, était surtout connue sur les terrasses de l’Ariège au sud de Muret. Cette station complète un peu son aire de répartition vers le sud sur l’axe Garonne. Une importante population de Crassula tillaea a également été notée sur les trottoirs et accotements de la route depuis la sortie de l’autoroute jusqu’au chemin de Binagret.

 

Phyllodoce caerulea (L.) Bab. (Ericaceae) – Protection nationale – VU

C’est dans le cirque glaciaire des Grauès, sous le mail Planet, au sud du lac Charles que quelques stations de Phyllodoce caerulea ont été vues à une altitude de 2 500 m, en haut et à l’est du bombement qui sépare le cirque glaciaire du lac Charles (DC : 04/08/2023).

 

Potentilla frigida Vill. (Rosaceae) – LC

Cette potentille était déjà connue en Haute-Garonne en quelques points dominant le lac du Portillon (pic du Seil de la Baque, port d’Oô), ainsi qu’au sommet du pic Lézat. Une station importante a été trouvée cet été au col situé à l’ouest du pic Fouillouse, coté 2 756 m sur la carte IGN (JT : 28/07/2023). Non loin, cette potentille se retrouve sous la crête frontière, depuis l’altitude 2 900 m environ jusqu’au sommet du mail Planet (2 942 m). Enfin, l’espèce est représentée en rares effectifs au niveau de la brèche frontière séparant le pic de Boum du mail Barrat, point non nommé et sans cote d’altitude sur les cartes IGN ; nommé par les cartes de l’Instituto Geográfico Nacional espagnol Brecha de mail Barrat, 2 895 m (JT : 05/08/2023).

 

Ranunculus glacialis L. (Ranunculaceae) – LC

Plusieurs pieds de Ranunculus glacialis fleuris ont été observés au cours du séjour « Isatis 2023, sur les rives du lac Célinda », en haut d’un couloir à l’est de ce lac, près de la crête qui va du pic d’Estaouas au pic de Sacroux, entre les points d’altitude 2 749 et 2 644 m (DC : 28/07/2023), de même qu’au sud-ouest du lac du port Vieil, dans la cheminée exposée nord, menant au col frontière situé à l’ouest du pic Fouillouse (JT : 28/07/2023).

Plusieurs herborisations ont permis de mieux connaître la répartition de cette renoncule en vallée du Lis, qui n’y était répertoriée qu’en contrebas des sommets du Lézat et du Maupas. On peut trouver quelques pieds isolés au nord du mail Barrat entre 2 800 et 2 900 m (JT : 05/08/2023), et enfin au pied des parois qui bordent à l’est le cirque des Grauès, à l’ancien emplacement du glacier, à une altitude de 2 600 m (DC : 24/08/2023 et JT : 05/08/2023).

 

Saxifraga iratiana (F.W. Schultz.) Engler & Irmscher (Saxifragaceae) – Protection régionale – LC

Cette saxifrage a déjà été vue à de nombreuses reprises sur les sommets pyrénéens du département. Quelques stations supplémentaires ont été trouvées cette année en vallée du Lis : pointe centrale du pic d’Estauas, 2 741 m (JT : 17/06/2023), sommets du mail Planet, 2 942 m (JT : 28/07/2023) et du pic de Boum, 3 006 m (JT : 05/08/2023) puis, de façon plus originale, loin de sa situation habituelle sur les crêtes et cimes, à l’emplacement autrefois occupé par le glacier des Grauès où elle fait figure de plante pionnière à environ 2 600 m d’altitude (JT : 05/08/2023).

 

Saxifraga rotundifolia L. (Saxifragaceae) – LC

Une petite station à Castillon-de-Larboust sous la station de Prat-Long a été découverte cette année vers 1 800 m (SP : 24/06/2023). Cette espèce, commune à l’est de la chaîne (Pyrénées-Orientales, Aude et est-Ariège), apparaît exceptionnelle plus à l’ouest. La base de données Lobelia mentionne une autre station « à valider » sur la maille limitrophe (communes de Bagnères-de-Luchon, Saint-Mamet) datant de 2016 qu’il serait intéressant de confirmer.

 

Sonchus arvensis L. subsp. arvensis (Asteraceae) – LC

Quelques pieds ont été observés le long du canal latéral à la Garonne, au sud du pont de Bordeneuve à Castelnau-d’Estrétefonds (MM : 06/07/2023).

 

Trifolium bocconei Savi (Fabaceae) – VU

Une localité de cette espèce était déjà connue non loin de celle observée sur la commune de Bessières cette année aux Brucs (MM : 26/05/2023), mais elle était peu fournie et menacée (dépôts de terre). La nouvelle population est beaucoup plus importante (plusieurs centaines d’individus sur une dizaine de mètres carrés), ce qui est rassurant.

 

Trifolium lappaceum L. (Fabaceae) – LC

C’est dans un contexte assez particulier pour cette espèce que je suis tombé devant une très importante population de ce trèfle (LB : 10/09/2023), déjà fané évidemment. En effet, c’est en queue de lac exondé, sur la commune de Savères, que j’ai découvert, sur plusieurs dizaines de mètres carrés, ce trèfle assez rare et plutôt confiné sur les coteaux secs. Doutant quand même de cette découverte, elle fut confirmée par Pierre Coulot et Philippe Rabaute.

 

Trifolium resupinatum L. (Fabaceae) – DD

C’est une belle station qui a été trouvée cette année sur des graviers humides au niveau d’anciens remblais du Ramier de Lacroix-Falgarde (MM : 17/05/2023).

 

Trifolium squamosum L. (Fabaceae) – Protection régionale – LC (planche 10)

Plusieurs nouvelles stations de ce trèfle protégé en ex-Midi-Pyrénées ont été recensées cette année (TD : 2023). Un pied unique a été trouvé à Sainte-Foy-d’Aigrefeuille non loin de la Saune, dans un petit fossé humide drainant les prairies à l’ouest du lac du Val de Saune. Notons que l’espèce était déjà connue sur la commune à environ un kilomètre de distance, également dans des prairies du bord de Saune.

Une population plus importante (de l’ordre de 100 à 200 pieds) a été observée aux abords du Cédat sur la commune de Sainte-Livrade, dans une jachère longue durée (RPG 2022) vraisemblablement gérée en prairie de fauche. L’espèce était déjà connue à environ un kilomètre au sud, sur la commune de Lasserre-Pradère.

Planche 10. Trifolium squamosum L. ; Th. Delhotal, CC-BY-NC-ND.

Trifolium strictum L. (Fabaceae) – NT

Une petite population a été observée le long d’un chemin à Fronton, près du lieu-dit  MM : 22/05/2023), à proximité de pelouses acidiphiles à Serapias cordigera.

 

Verbascum ×ramosissimum (Bastard) DC. (Scrophulariaceae) – DD (planche 11)

Peu de temps après la parution de plusieurs superbes articles sur des hybrides de Verbascum dans les Carnets botaniques, Léo Giardi, qui me rejoignait pour une herborisation de zones exondées à la recherche de quelques raretés présentées ici (Cyperus michelianus et Crypsis schoenoides entre autres), annonce qu’il faut repasser au retour par un endroit où il aurait aperçu une drôle de molène, suspectée déjà comme hybride. C’est donc en fin de balade que nous avons arrêté les voitures sur le bord de la N 224, sur la commune de Daux, pour admirer ce Verbascum (Léo Giardi et LB : 19/10/2023). Les capsules étaient en effet avortées (ce qui confirme le statut d’hybride), il restait quelques rares fleurs. Les parents étaient eux aussi là, un de chaque côté, V. densiflorum à gauche et V. blattaria à droite. Au centre, trônait un magnifique pied encore plus grand que les parents qui présentait tous les intermédiaires voulus. C’est la première fois que nous signalons un hybride de Verbascum en Haute-Garonne ; espérons que ce ne soit pas la dernière. Regardez bien, il peut y en avoir un peu partout !

Planche 11. Verbascum ×ramosissimum (Bastard) DC. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Xanthium strumarium L. (Asteraceae) – LC

Cette plante n’est pas vraiment une rareté, mais j’ai l’impression qu’elle devient de plus en plus difficile à trouver (souvent remplacée par sa cousine exogène X. orientale subsp. italicum). C’est en bord d’un lac sur la commune de Lanta (LB : 20/10/2023) que j’ai pu croiser cette plante en fructification. Une vingtaine de pieds avaient poussé entre la zone exondée et la bordure herbacée du lac de Dagour.

 

3. Plantes exogènes, accidentelles, subspontanées ou en voie de naturalisation

Abutilon theophrasti Medick. (Malvaceae)

C’est en bordure de digue du lac de Thil-Bretx que nous avons eu la chance de voir quelques pieds de cette belle et curieuse malvacée (LB et Léo Giardi : 19/10/2023) sur la commune de Thil. La majorité était déjà en fruits, mais quelques rares fleurs pouvaient encore se faire tirer le portrait.

 

Ambrosia trifida L. (Asteraceae)

De retour d’une herborisation sur les zones exondées du lac de Savères sur la commune éponyme, mon regard a été attiré par une grande « herbe » dans un champ sarclé entre les lieux-dits « Béruts » et « Bordeneuve » (LB : 10/09/2023). Il ne m’a pas fallu longtemps (juste le temps que l’information monte à mon petit cerveau) pour me convaincre que c’était bien cette belle ambroisie qui parsemait ce champ. Personne derrière, un petit coup de volant et me voilà garé pour confirmer cette idée. Une cinquantaine de pieds poussait bien au milieu de ce champ récolté.

 

Armoracia rusticana G. Gaertn., B. Mey. & Schreb. (Brassicaceae)

Moins d’une dizaine de pieds a été repérée dans un fossé à Fronton (MM : 22/05/2023), le long de la RD 47 au niveau du lieu-dit « Laurensou ». Cette espèce est subspontanée et rarement observée dans la région.

 

Cenchrus longisetus M.C. Johnst. (Poaceae)

Cette espèce est-africaine est facilement repérable et quelques individus ont été identifiés le long d’une aire de jeux à Villeneuve-les-Bouloc (MM : 13/10/2023). Elle est souvent plantée en ornement et il se peut que des spécimens se soient disséminés depuis des aménagements récents, même si aucune plantation n’a été observée à proximité.

 

Centaurea diluta Aiton (Asteraceae)

Après avoir été découverte pour la première fois en Haute-Garonne il y a maintenant trois saisons, c’est encore dans le Lauragais, mais sur la commune de Caraman, que deux belles stations assez fournies de cette grande et jolie centaurée ont été observées cette année (LB : 21/06/2023). La première, où une vingtaine de pieds était en fleurs, se trouve en plein champ (mais sur les bordures quand même), le long de la D 25, au niveau du lieu-dit « Soulentis ». La seconde, toujours le long de cette même départementale, est située près du carrefour avec la D 18. Sur le talus, c’est encore une dizaine de pieds magnifiques qui décoraient cet accotement.

 

Coriandrum sativum L. (Apiaceae)

Depuis quelques années on peut observer assez fréquemment des parcelles agricoles de coriandre dans le Lauragais où elle est cultivée pour ses fruits. Cette année, c’est sur une zone défrichée depuis peu près du hameau de la Serre sur la commune d’Avignonet-Lauragais que nous avons pu observer (JYM : 25/06/2023) quelques dizaines de pieds en fruits. Cette apiacée n’était toutefois pas cultivée à proximité immédiate cette année, mais il est connu que ses fruits tombés au sol redonnent facilement des plants l’année suivant sa culture, voire la même année.

 

Guizotia abyssinica (L. f.) Cass. (Asteraceae) (planche 12)

Cela faisait presque quinze ans que personne n’avait noté cette belle astéracée dans le département de la Haute-Garonne. Un très joli pied (unique) en fleur ornait la zone exondée en dessous de la digue du lac de Thil-Bretx sur la commune de Thil (LB et Léo Giardi : 19/10/2023). Cette grande fleur jaune, typique avec ses bractées de l’involucre, fleurissait magnifiquement la population d’abutilon décrite ci-dessus.

Planche 12. Guizotia abyssinica (L. f.) Cass. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Phalaris canariensis L. (Poaceae) (planche 13)

Un pied de cette poacée exotique a été observé sur la commune de Saint-Orens-de-Gameville, dans les pelouses bordant le lac des Chanterelles (TD : 26/05/2023). D’origine méditerranéenne et macaronésienne, cette espèce est parfois présente dans les mélanges de semences pour oiseaux et donc occasionnellement adventice aux abords d’habitations, ce qui peut tout à fait expliquer la présente observation en contexte pavillonnaire.

Planche 13. Phalaris canariensis L. ; Th. Delhotal, CC-BY-NC-ND.

Polypogon maritimus Willd. (Poaceae)

Cette graminée des littoraux méditerranéen et atlantique est rarement observée à l’intérieur des terres et sa présence y est en général accidentelle, comme c’est le cas ici, dans une allée gravillonnée à Bouloc (MM : 08/06/2023).

 

Solanum sarachoides Sendtn. (Solanaceae)

Cette solanacée, absente d’une grande partie du département de la Haute-Garonne, n’a été repérée que dans le nord, avec un bastion centré vers Grenade et un autre sur Villemur-sur-Tarn. C’est proche de ce dernier, sur la commune de Layrac-sur-Tarn, en bordure des gravières de Valette, que j’ai pu croiser cette typique morelle avec ses fruits verts et marbrés et son calice à lobes lancéolés, dépassant souvent le fruit et recourbés à l’apex (LB : 23/09/2023).

Bibliographie

Belhacène L., 2010. Inventaire de la flore vasculaire de Haute-Garonne. Isatis31, supplément 10 : 1-145.

Belhacène L., 2021. Clés de détermination des genres et des taxons de la flore vasculaire de Haute-Garonne. Isatis31, 365 p.

Remerciements

Merci à tous ceux qui nous ont accompagnés lors de ces sorties et un grand merci à Valérie Martin-Rolland pour sa relecture.