Compte rendu de la deuxième sortie batologique du groupe Rubus de la SBOcc : la Montagne Noire  

Title

Report of the second batological excursion of the Rubus group of the SBOcc: the Montagne Noire

Résumé

Le genre Rubus, en raison de sa complexité, est souvent délaissé par les botanistes malgré son potentiel d’étude intéressant. Pour remédier à ce désintérêt et encourager les échanges sur ce genre, un groupe dédié à la batologie a vu le jour au sein de la Société botanique d’Occitanie en 2021. Après une première session de terrain en 2021 dans le Haut-Languedoc, une deuxième session a été organisée du 14 au 16 juillet 2022 dans la Montagne Noire (départements de l’Aude, du Tarn et de l’Hérault) avec de nouveaux participants. Elle avait pour objectifs de partager les méthodes de collecte et d’identification, de redécouvrir certains taxons rencontrés l’année précédente et de nommer les nouveaux taxons rencontrés. Les prospections ont été fructueuses avec quinze espèces identifiées et nommées, dont douze déjà vues l’année précédente. Les échanges entre les participants ont contribué à enrichir les connaissances tout en nourrissant un intérêt grandissant pour la batologie. En outre, une clé de détermination des Rubus Homalacanthes du secteur est proposée.

Abstract

The Rubus genus often gets overlooked by botanists due to its complexity, despite its intriguing study prospects. In an effort to address this lack of attention and foster discussions surrounding this genus, a specialized batology was established within the Botanical Society of Occitanie in 2021. Following an initial field expedition in Haut-Languedoc in 2021, a subsequent session took place from July 14 to 16, 2022 in the Montagne Noire region (spanning the departments of Aude, Tarn and Hérault) welcoming new participants. The primary objectives of this second session were to share insights on collection and identification methodologies, revisit some previously encountered taxa from the previous year, and assign names to newly discovered taxa. The surveys yielded fruitful results with fifteen identified and named species, including twelve that had been observed in the previous year. The collaboratives exchanges among participants facilitated a significant enhancement of knowledge, nurturing an increasing enthusiasm for batology among the group. Additionally, a key for determining the Homalacanthi Rubus found in the area is proposed.

1. Introduction

Après la première excursion du groupe en 2021, une seconde excursion a été organisée dans la Montagne Noire (départements de l’Aude, du Tarn et de l’Hérault), du 14 au 16 juillet 2022. Tout comme la première fois, elle a été propice à de nombreuses discussions sur la méthode d’étude des ronces (récolte, identification), ainsi que sur leur taxonomie, leur biologie et leur écologie. Outre ces échanges méthodologiques, un autre objectif de cette session était de retrouver les taxons déjà observés l’année précédente, mais cette fois dans une nouvelle zone et de tenter d’identifier les nouveaux taxons rencontrés.Les premières impressions recueillies (voir ci-dessous) indiquent que cette entreprise a été fructueuse. Ces quelques jours ont non seulement enrichi les connaissances des participants en batologie, mais ont également renforcé leur intérêt pour cette discipline.

La région visitée semble prometteuse pour la batologie. Elle prolonge la continuité géologique de la zone étudiée l’année précédente, tout en présentant des caractéristiques paysagères distinctes. Les découvertes et l’étude des ronces glanduleuses étaient donc prévues. C’était sans compter sur le climat qui, aux antipodes du temps maussade, pluvieux et froid de l’année précédente, a été marqué par une chaleur et une sécheresse accumulées depuis plusieurs mois. Les ronces ont souffert cette année ! Début juillet, la plupart des plantes étaient déjà en fruits, et les rares fleurs restantes étaient souvent mal formées. Comme si l’étude des ronces n’était déjà pas suffisamment complexe…

 

2. Premières impressions

Christophe Bergès Lassé de ne mettre que du Rubus sp. dans la plupart de mes relevés de terrain, sans même me pencher dessus, je me suis dit qu’il était temps de sauter le pas et la session de la SBOcc qui se présentait sur la Montagne Noire, au versant sud de mes zones de travail, arrivait comme une belle opportunité. Au début un peu perdu, non familier du vocabulaire, je n’avais qu’une vision restreinte du genre. La répétition des observations et la pédagogie de l’animateur Lionel, durant cette session, m’ont permis de mettre le pied dans la nébuleuse batologique. J’ai même pensé que je pourrai arriver à reconnaître quelques ronces, non glanduleuses, du moins sur les secteurs au sud du Massif central… mais la route est longue et le travail fastidieux, et ce n’est pas les trois pauvres ronces que j’arrivais à peine à reconnaître seul en fin de stage qui pouvaient me satisfaire. Alors, au travail ! Et vivement la prochaine session !

Rémy Humbert Les premières minutes d’explications de Lionel Belhacène sur les critères à connaître et à regarder chez les Rubus me rappellent mes premières déterminations de myxomycètes, mais surtout mes premiers pas en lichénologie. Tout se ressemble, tout s’embrouille, beaucoup de choses à savoir : le chemin va être long. Cependant, nous avons la chance de pouvoir avancer vite en écoutant attentivement les informations apportées par Lionel. Qu’est-ce qui ressemble plus à une ronce qu’une ronce ? Vous savez, le truc qui nous empêche d’accéder à des endroits intéressants pour herboriser et qui, en passant, déchire nos pantalons ou nous lacère les jambes. Une exception peut-être, le framboisier (Rubus idaeus) qui au bout de trois jours semble plus facile à reconnaître. C’est sûr, je ne les regarderai plus de la même façon. Et si je n’arrive pas dans un premier temps à en faire des espèces, je noterai et observerai leur diversité. Que la nature est riche ! Lors de la dernière journée, près du pic de Nore, nous avons eu la chance de trouver un myxomycète et un joli lichen avec des fructifications rouges (photos 1 et 2).

Photo 1. Stemonitis lignicola ; O. Argagnon, CC-BY-NC-ND. 
Photo 2. Cladonia macilenta ch. macilenta ; O. Argagnon, CC-BY-NC-ND. 

Gérard Rey Ayant déjà eu un aperçu de la complexité du genre Rubus lors des sorties botaniques orchestrées par Lionel Belhacène en début de saison, je savais plus ou moins à quoi m’attendre… et je n’ai pas été déçu. Ce stage de terrain m’a permis de retrouver quelques ronces que j’avais déjà croisées (R. bifrons, R. fagicola, R. idaeus, R. ulmifolius), mais toutes les autres étaient nouvelles pour moi. La première leçon tirée de ce stage a été une sorte de philosophie du renoncement : il est nécessaire d’accepter que tous les individus ne puissent être nommés, que nous ne soyons pas encore prêts à étudier toutes les ronces (en particulier de nombreuses espèces de ronces glanduleuses) et que l’enchevêtrement de nombreuses espèces dans certains ronciers rende leur étude trop incertaine. À la fin du stage, nous avons constaté la présence récurrente de certaines espèces apomictiques dans la zone étudiée : le chaos apparent du premier jour commençait à s’organiser. Nous avons également entrepris de rapprocher des espèces inconnues de celles décrites au début du xxe siècle par Henri Sudre. De quoi ouvrir de passionnantes perspectives de travail pour la prochaine saison.

3. Conseils méthodologiques pour bien commencer les Rubus

Dans le compte rendu de la première session batologique de la SBOcc, nous avions jugé utile de rassembler quelques conseils méthodologiques afin d’observer et d’identifier au mieux les individus rencontrés. Il nous semble opportun de les rappeler aujourd’hui, car ils constituent la base pour une bonne compréhension de ce genre.

Ces conseils visent à commencer par bien choisir l’individu étudié, puis à observer les caractéristiques appropriées et enfin à prélever correctement des échantillons pour l’herbier. La figure 1 illustre de manière schématique l’organisation d’une ronce, ainsi que les termes associés que nous utiliserons tout au long du rapport. Il est crucial de noter dès le début que toutes les ronces croisées ne peuvent être identifiées compte tenu des connaissances actuelles : il existe un manque de travaux et de références sur certaines sections (notamment les glanduleuses) et de nombreuses ronces restent encore à découvrir, étudier et/ou nommer. Les individus rencontrés lors des prospections peuvent également présenter des caractères variables, ce qui rend l’identification peu fiable en fonction de leur stade de développement, de leur exposition au soleil ou du fait qu’ils aient été élagués. Il est donc conseillé d’échantillonner dans les zones bien ensoleillées ou en lisière, afin d’éviter les formes peu développées ou atypiques dues à l’ombre. Il est essentiel de se concentrer sur les individus rencontrés sur plusieurs zones distinctes lors des prospections et présentant des caractères constants. De plus, un même roncier peut abriter plusieurs taxons différents en son sein ; il est donc important d’identifier de manière certaine les floricannes et primocannes qui vont de pair. Il est également nécessaire (lorsque c’est possible) de vérifier d’où partent les turions et si les différents critères observés sont constants sur chacun d’entre eux.

Trois types de critères sont essentiels : les critères foliaires et caulinaires, à observer sur la partie médiane d’une primocanne bien développée (turion de l’année sans inflorescence ; figure 1 : C), ainsi que les critères floristiques à observer sur les floricannes (cannes présentant les inflorescences et idéalement les fruits ; figure 1 : F).

Certains critères foliaires sont importants, tels que la présence et l’épaisseur d’un tomentum sur la face inférieure des feuilles, le nombre de folioles (qu’il soit constant ou non), la forme de la foliole terminale, la présence et la direction de l’apex de la foliole terminale, ainsi que l’insertion des folioles basales (par exemple pédalées ou non). Concernant la primocanne, on peut citer la présence de glandes stipitées, de poils ou de pruine, la forme cannelée ou non, la présence de faces planes, convexes ou concaves.

Les critères floraux concernent par exemple la forme de l’inflorescence (allongée, courte, compacte, divariquée), la présence de feuilles au sein même de l’inflorescence ou uniquement à sa base, la couleur des étamines et des styles, les dimensions relatives des étamines par rapport aux styles, la taille, la forme et la couleur des pétales, ainsi que l’orientation des sépales à la base des fruits.

Pour les prélèvements et la mise en herbier, il est nécessaire de disposer sur le terrain d’un bon sécateur et d’un sac plastique. Puis, pour un herbier de qualité, du papier journal et des intercalaires en carton sont requis pour neutraliser les aiguillons et assurer une bonne ventilation des parts récoltées. Il suffit de prélever sur la floricanne l’inflorescence avec quelques-unes de ses feuilles basales, ainsi que la partie centrale de la primocanne, bien entendu sur un même individu (figure 1 : G).

Figure 1. Schéma illustrant l’organisation d’une ronce et les termes qui lui sont associés ; A : souche principale ; B : turion vrai ; C : primocanne (tige de la première année souvent appelée turion) ; D : tige de seconde année ; E : souche secondaire (résultat d’un éventuel marcottage) ; F : floricannes (ou inflorescences) ; G : parties à échantillonner pour les parts d’herbier et pour l’étude des ronces.

4. Descriptif de la zone prospectée

La zone étudiée se trouve dans la Montagne Noire, à cheval sur les départements de l’Aude, du Tarn et de l’Hérault. Ce massif dont le point culminant est le pic de Nore, atteignant légèrement plus de 1 200 m, appartient au Massif central et constitue son extrémité méridionale. Nos prospections se sont principalement concentrées sur le versant sud de la Montagne Noire, explorant en particulier les deux principales régions, le Cabardès et le Minervois.

Malgré le temps ensoleillé dont nous avons bénéficié, il est important de ne pas se laisser tromper : du point de vue climatique, le secteur de la Montagne Noire est assez similaire à celui du Haut-Languedoc visité l’année précédente. En utilisant la terminologie de Rivas-Martínez et al. (2011), la majeure partie de nos prospections s’est déroulée sous un ombroclimat humide, correspondant à l’étage mésotempéré supérieur (équivalent au collinéen de la terminologie traditionnelle). La zone du pic de Nore se trouve sous un ombroclimat hyper-humide, à l’étage supratempéré (équivalent au montagnard de la terminologie traditionnelle) ; elle est totalement dénuée d’influence méditerranéenne.

Comme l’année précédente, les prospections se sont concentrées dans la zone axiale de la Montagne Noire (au sens des géologues). Les jours 1 et 3 ont principalement été consacrés à des terrains granitiques ou gneissiques. En revanche le deuxième jour fut géologiquement plus complexe, se déroulant dans un secteur (Haut-Minervois) où se succèdent rapidement divers types de roches : grès, quartzites, schistes, gneiss, etc.

Carte 1. Pointages des prospections durant le séjour.

5. Les prospections

Les espèces rencontrées sont détaillées ci-après pour chaque jour et chaque arrêt.

Jeudi 14 juillet

Arrêt 1 : partie nord du lac de Laprade-Basse (Cuxac-Cabardès, Aude) : Rubus arrigens Sudre, Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus idaeus L. subsp. idaeus, Rubus martrinii Sudre, Rubus multivagus (Sudre) C.K. Schneid., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus silvisparsus (Sudre) Prain, Rubus plicatus Weihe & Nees et Rubus vicarius Sudre.

Arrêt 2 : de la D 118 au hameau Les Rousses (Mazamet, Aude) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus winteri P.J. Müll. ex Focke, Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus, Rubus nemophilus Ripart ex Genev. et Rubus vicarius Sudre.

Arrêt 3 : angle de la D 118 et de la D 1009 (Mazamet, Aude) : Rubus fagicola Martrin-Donos et Rubus bifrons Vest ex Tratt.

Arrêt 4 : bord de la D 1009 au lieu-dit « Jean Dons » (Les Martys, Aude) : Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus et Rubus martrinii Sudre.

Arrêt 5 : bord de la D 1009 à la traversée du ruisseau de la Ferrière (Mas-Cabardès, Aude) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos et Rubus martrinii Sudre.

Arrêt 6 : chemin forestier « Lafage » (Roquefère, Aude) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus martrinii Sudre, Rubus multivagus (Sudre) C.K. Schneid., Rubus plicatus Weihe & Nees, Rubus vicarius Sudre et Rubus winteri P.J. Müll. ex Focke.

 

Vendredi 15 juillet

Arrêt 1 : nord du hameau « Chiffre » (Cassagnoles, Hérault) : Rubus falcatispinus Sudre ex L. Belhacène (cf. infra), Rubus idaeus L. subsp. idaeus, Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus phyllanthoides Sudre et Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. & Graebn., nom. illeg.).

Arrêt 2 : intersection entre D 182 et D 182E2 en direction de « Mancès » (Cassagnoles, Hérault) : Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus martrinii Sudre, Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. & Graebn., nom. illeg.) et Rubus ulmifolius Schott.

Arrêt 3 : chemin forestier juste au sud de « Mancès » (Cassagnoles, Hérault) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus martrinii Sudre et Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. et Graebn., nom. illeg.).

Arrêt 4 : col de Salettes (Lespinassière, Aude) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus, Rubus martrinii Sudre, Rubus obtusatus P.J. Müll., Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. & Graebn., nom. illeg.) et Rubus ulmifolius Schott.

Arrêt 5 : intersection entre la D 9 et la piste forestière de la Fage (Lespinassière, Aude) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus et Rubus obtusatus P.J. Müll.

Arrêt 6 : lac de Pradelles (Pradelles-Cabardès, Aude, pour boire un pot !) : Rubus martrinii Sudre.

Arrêt 7 : « Prades », chez nos logeurs (Pradelles-Cabardès, Aude, avant de boire un deuxième pot !) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus et Rubus martrinii Sudre.

 

Samedi 16 juillet

Arrêt 1 : portail de Nore (Mazamet, Tarn) : Rubus idaeus L. subsp. idaeus.

Arrêt 2 : pic de Nore (Pradelles-Cabardès, Aude) : Rubus martrinii Sudre.

Arrêt 3 : bord de la D 87 vers l’ancienne glacière (Pradelles-Cabardès, Aude) : Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus, Rubus martrinii Sudre et Rubus section Corylifolii.

Arrêt 4 : bord de l’Arnette depuis le col de la Prade (Pradelles-Cabardès, Aude) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus, Rubus martrinii Sudre, Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. & Graebn., nom. illeg.) et Rubus ulmifolius Schott., ainsi qu’une Rhamnifolii encore non identifiée (et peut-être à décrire).

Arrêt 5 : éoliennes du « Haut Cabardès » (Pradelles-Cabardès, Aude) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus, Rubus martrinii Sudre et Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. & Graebn., nom. illeg.).

 

À pratiquement tous ces arrêts, de nombreuses ronces glanduleuses (Séries Micantes, Radula, Pallidi, Hystices et Glandulosi) ont été observées. Très peu d’entre elles présentaient encore des fleurs (organe indispensable pour leur détermination). Nous n’avons donc pas pu les déterminer sur place. Certaines, encore un peu fleuries, ont été récoltées pour des études ultérieures.

 

6. Les découvertes et redécouvertes

Lors de cette session, nous avons eu l’occasion de retrouver quelques ronces que nous avions déjà vues l’année dernière lors des premières journées batologiques de la SBOcc. Cela nous a permis de réviser ces espèces, qui sont (dans l’ordre alphabétique) : Rubus bifrons Vest ex Tratt., Rubus fagicola Martrin-Donos, Rubus idaeus L. subsp. idaeus, , Rubus martrinii Sudre, Rubus multivagus (Sudre) C.K. Schneid., Rubus nemophilus Ripart ex Genev., Rubus obtusatus P.J. Müll., Rubus phyllanthoides Sudre, Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. & Graebn., nom. illeg.), Rubus plicatus Weihe & Nees, Rubus silvisparsus (Sudre) Prain, Rubus ulmifolius Schott. et Rubus vicarius Sudre. La description de certaines d’entre elles peut être retrouvée dans le compte rendu de cette session (https://sbocc.fr/publication/compte-rendu-de-la-premiere-sortie-batologique-du-groupe-rubus-de-la-sbocc-le-haut-languedoc/). L’ensemble des fiches « espèces » est en cours de réalisation. Celles-ci présenteront les ronces de l’Occitanie. Elles devraient être consultables sur le site de la SBOcc courant 2024. Les taxons ci-dessus seront présents.

Quelques nouvelles espèces (nouveaux taxons), bien que peu nombreuses, sont venues agrémenter notre séjour. Nous sommes ravis de présenter ces trois nouvelles ronces. La liste complète des ronces déterminées se trouve à la fin de l’article en annexe 1.

 

Rubus arrigens Sudre

Cette ronce, déjà répertoriée dans le Tarn, mais dans des régions beaucoup plus septentrionales, n’avait jusqu’alors pas été repérée dans le département de l’Aude. Il est possible que son aire de répartition soit un peu plus étendue que prévue, englobant toute la partie méridionale du Massif central, s’étendant de l’Aveyron jusqu’à l’Aude. Il s’agit d’une ronce homolacanthe appartenant à la section des Discolores (planche 1). Cela implique l’absence de glandes stipitées sur sa primocanne, ainsi que la présence d’un tomentum blanc sur la face inférieure des folioles. La primocanne est glabre, canaliculée et recouverte d’aiguillons forts. Ses feuilles, composées de cinq folioles, sont glabres sur le dessus et présentent un feutrage blanc sur la face inférieure. La foliole terminale est ovale à largement ovale. L’inflorescence possède des aiguillons forts et nettement courbés. Les fleurs se caractérisent par des pétales blancs ou à peine rosulés, ovales (parfois assez largement), mais non orbiculaires, entourant des étamines à filet blanc plus longues que les styles verdâtres. Cette ronce ressemble beaucoup à R. lacertosus, qui est très commune en plaine entre le Tarn et la Haute-Garonne. Ce n’est peut-être qu’un vicariant de zone un peu plus montagneuse que cette dernière.

Planche 1. Rubus arrigens Sudre, primocanne, feuille de la primocanne, fleur et floricanne, Cuxac Cabardès (Aude) ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND. 

Rubus pubescens Weihe ex Boenn. var. falcatispinus (Sudre) Bouvet, comb. illeg.

Pour simplifier une des innombrables facéties de la nomenclature du genre Rubus, voici en quelques lignes l’histoire d’une ronce rencontrée sur la commune de Cassagnoles lors de cette session. En ce deuxième jour de batologie intensive, nous avions décidé d’aller voir un peu du côté du département de l’Hérault. Nous voici en bord de route sur la commune de Cassagnoles. Une très jolie ronce se fait admirer par une foule inhabituelle. Jamais n’avait-elle eu une telle heure de gloire ! Des photos furent prises, des échantillons récoltés… Le soir venu, après quelques rafraîchissantes gorgées de bière, nous voilà tous affairés à ranger et regarder nos récoltes du jour. Après de courtes recherches, nous avons identifié cette ronce comme étant Rubus falcatispinus, une ronce dont Sudre possède plusieurs parts d’herbier provenant du Tarn, département limitrophe à la commune de Cassagnoles. Nous avons rapidement comparé notre découverte avec les photos des parts et, en effet, il s’agit bien de la même ronce que celle présente sur quelques planches. Trop heureux de mettre enfin un nom sur une ronce, nous avons célébré cette découverte ! Cependant, un problème nomenclatural se pose, que nous nous proposons de résoudre ici !

La première publication de ce nom se trouve dans Bull. Acad. Int. Géogr. Bot. 15 : 134, 1905 (Novus Conspectus Florae Europae : suite, de Gandoger). C’est Sudre qui s’occupait de la partie des Rubus. Il a mentionné alors ce Rubus sous le nom de Rubus pubescens Weihe ex Boenn. taxon falcatispinus Sudre in Gand., taxon de rang indéterminé, puisque Sudre ne précise rien à ce sujet, et combinaison illégitime de surcroît, car R. pubescens Weihe ex Boenn. est un nom illégitime. En plus ce Rubus est mentionné sans description, mais avec, comme synonyme, Rubus rostratus Boulay & Foucaud, qui est une ronce de Charente-Maritime un peu différente de celle du Tarn. En publiant les choses ainsi, Sudre ne fait que renommer R. rostratus Boulay & Foucaud, au lieu de décrire la nouvelle espèce qu’il a découverte. Car, ainsi qu’en témoigne son herbier, il est certain qu’il a commencé par découvrir cette espèce dans le Tarn et par lui donner le nom de R. falcatispinus, avant de voir des spécimens de R. rostratus Boulay & Foucaud et de croire (à tort) qu’il s’agissait de la même plante. Plus tard, deux noms nouveaux ont été créés sur la base du nom initial donné par Sudre en 1905 : Rubus pubescens Weihe ex Boenn. var. falcatispinus (Sudre) Bouvet (Bull. Soc. Et. Sci. Angers 36 : 34, 1907), comb. illeg., et Rubus emollitus Sudre var. falcatispinus (Sudre) Bouvet (Bull. Soc. Et. Sci. Angers 41 : 26, 1912). Dans ce contexte, ce qu’il ne faut pas faire et ce que personne n’a fait jusqu’ici, c’est une recombinaison de R. pubescens taxon falcatispinus Sudre au rang d’espèce, car nous ne ferions que publier un nom superflu pour R. rostratus Boulay & Foucaud. Par conséquent, le nom de Rubus falcatispinus (au rang d’espèce) reste donc disponible pour nommer une espèce qui peut être différente de R. rostratus, à condition de ne pas se baser sur les noms cités ici.

Notons au passage que plusieurs plantes différentes semblent groupées dans l’herbier de Sudre sous ce même nom de R. falcatispinus. Celle que nous avons retrouvée semble bien assimilable aux parts des ronces provenant de Tanus (Las Planques), de Mont-Roc, de Teillet (à Revel) ou encore de Cambon-du-Temple (la Fraysse). Cela souligne une aire de répartition assez vaste, justifiant de considérer cette plante comme une bonne espèce régionale. Et la bonne nouvelle, c’est que nous pouvons garder l’épithète de Sudre au rang d’espèce, Rubus falcatispinus Sudre ex L. Belhacène sp. nov., sur la seule base des spécimens du Tarn nommés ainsi par Sudre, ce que nous faisons ici.

Rubus falcatispinus Sudre ex L. Belhacène sp. nov., distinct from Rubus rostratus Boulay & Foucaud in Boulay (Ass. Rubol. : 8, 1880) by its leaflets having sharper and more acute teeth, by its terminal leaflets ovate or less distinctly obovate, by its less enlarged pyramidal inflorescence, with much shorter and less spreading ramifications; inflorescence axis much less armed, with less robust prickles; stamens longer than the styles; petals narrow, distant.

(Distinct de Rubus rostratus par les folioles à dents beaucoup plus acérées et aiguës ; foliole terminale ovale ou moins nettement obovale ; inflorescence moins largement pyramidale, à rameaux beaucoup moins longs et étalés ; rameaux de l’inflorescence beaucoup moins aiguillonnés, à aiguillons moins robustes ; étamines plus longues que les styles ; pétales étroits et distants).

Holotype désigné ici : Herbier Sudre conservé au Jardin botanique de Bordeaux, BORD-SU-039-056 : « Herbier H. Sudre, 3278, Rubus falcatispinus Sud., Montcouyoul, vallée du Dadou, pét. Rosés, fil. Blancs > st., Verd., Tarn, 14. 7. 01, hSudre » (photo 3).

Un nom valide et légitime est donné ici à Rubus falcatispinus tel que conçu par Sudre pour ces plantes du Tarn, qui ne correspond pas à R. pubescens Weihe ex Boenn. taxon falcatispinus Sudre (Bull. Acad. Int. Géogr. Bot. 15 : 134, 1905), ce dernier étant un synonyme homotypique de Rubus rostratus Boulay & Foucaud in Boulay.

Planche 2. Rubus falcatispinus Sudre ex L. Belhacène (plantes de Cassagnoles) ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.
Photo 3. BORD-SU-039-056, holotype de Rubus falcatispinus Sudre ex L. Belhacène.

Rubus winteri P.J. Müll. ex Focke

C’est une ronce à large distribution qui est présente sur une bonne partie de l’Europe de l’Ouest. Son aire s’étend de l’est de la France à l’ouest, en passant par l’Irlande et l’Angleterre, et jusqu’au Benelux et l’ouest de l’Allemagne. En France, elle est largement répandue en Bourgogne-Franche-Comté et est également observée plus au sud où sa présence était déjà documentée au xixe siècle en Ariège et dans le Tarn. D’ailleurs, nous l’avons retrouvée plus récemment dans ces deux départements.

C’est une Discolores (parfois juste grisâtre en dessous des folioles) présentant une primocanne nettement glauque et des folioles terminales larges et à pétiolule assez long. Ses fleurs sont souvent rosâtres avec des pétales larges, grands et souvent distants (planche 3). Jean-Marie Royer, éminent batologue du Morvan et de Bourgogne, est bien familiarisé avec cette espèce qui est décrite dans les environs d’Autun. Il avait déjà repéré ce taxon dans le Tarn en 2016 lors d’une session batologique française. C’est donc avec un grand plaisir que nous avons pu revoir cette ronce cette année 2022 en au moins deux ou trois endroits différents.

Planche 3. Rubus winteri P.J. Müll. ex Focke ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

7. Proposition d’une clé dichotomique de détermination des ronces homalacanthes (primocanne à aiguillons tous égaux et à 0-3 glandes stipitées pour 5 cm) de la région du Haut-Languedoc et de la Montagne Noire, située entre les départements du Tarn, de l’Aude et de l’Hérault

La clé proposée ci-dessous est évidemment un outil qui doit être utilisé avec une grande prudence. Tout d’abord, un certain nombre de ronces ne sont pas encore traitées dans ce travail, bien que celui-ci évolue et se complexifie d’année en année. De plus, le résultat (taxon) obtenu devra impérativement être confronté à des descriptions complètes des ronces pour être validé ou non. Des fiches « espèces » des taxons récemment revus seront élaborées à cette fin. Elles seront disponibles sur le site de la SBOcc, très probablement courant 2024. Il sera crucial de prendre en considération tous les microcritères qui ne peuvent pas être listés dans cette clé, ainsi que la correspondance précise de la forme des folioles, entre autres, entre les spécimens étudiés et les résultats obtenus. Les clés ne sont que des outils d’aide à l’identification, elles ne reflètent pas nécessairement la réalité, surtout dans ce contexte complexe. Les taxons soulignés sont ceux observés pendant notre séjour. Les autres sont connus pour être présents dans la dition et ses environs immédiats.

 

1. Sépales à centre vert (absolument pas tomenteux), contrastant avec les marges des sépales blanches, primocanne glabre ou presque

= Section Rubus (Suberecti)

1. Sépales plus ou moins tomenteux aussi bien au centre que sur les marges, primocanne glabre ou poilue

2. Pétiole des feuilles de la primocanne à sillon nul ou partiel sur la face supérieure

3. Dessous des folioles de la primocanne vert (parfois poilues, mais sans tomentum de poils étoilés)

= Section Silvatici

3. Dessous des folioles de la primocanne plus ou moins tomenteux

= Section Rhamnifolii et Discolores

2. Pétiole de la majorité des feuilles de la primocanne à sillon entier sur la face supérieure (depuis l’insertion sur la primocanne jusqu’aux premières folioles)

3. Folioles de la primocanne à tomentum très dense et blanc en dessous, folioles basales de la primocanne à pétiolule bien distinct (parfois court), foliole terminale à dents larges et à apex non distinct, inflorescence souvent assez allongée et étroitement pyramidale

= Section Canescentes

3. Folioles de la primocanne à tomentum absent ou présent en dessous, mais pas blanc et très dense, folioles basales de la primocanne à pétiolule nul ou peu distinct, foliole terminale à dents diverses et à apex généralement bien distinct, inflorescence plutôt large et courte

= Section Corylifolii

 

Section Rubus

1. Sépales réfléchis à la fructification

2. Primocanne nettement canaliculée, inflorescence avec peu d’aiguillons

= Rubus sulcatus Vest.

2. Primocanne à faces planes ou un peu concaves, inflorescence à nombreux aiguillons droits ou inclinés

= Rubus integribasis P.J. Müll ex Boulay

1. Sépales étalés à la fructification

2. Étamines ≤ aux styles, feuilles très nettement plissées entre les nervures

3. Pétales blancs

= Rubus plicatus Weihe & Nees

3. Pétales roses

= Rubus plicatus Weihe et Nees var. rosulentus Sudre

2. Étamines > aux styles

= Rubus bertramii G. Braun

 

Section Silvatici

1. Sépales étalés à la fructification, pétales d’un rose foncé et intense, étamines rose vif et styles rougeâtres

= Rubus tarnensis Sudre

1. Sépales réfléchis à la fructification, pétales blancs ou rose assez clair, étamines et styles blancs ou rosulés

2. Primocanne à faces concaves et garnie de très nombreux aiguillons bien larges à la base

= Rubus fagicola Martrin-Donos

2. Primocanne à faces très planes à aiguillons moins nombreux et moins forts

3. Feuilles à 5 folioles, foliole terminale des feuilles de la primocanne suborbiculaire

= Rubus orbifer (Sudre) Bouvet

3. Feuilles à 3-4-5 folioles, foliole terminale des feuilles de la primocanne ovale ou obovale

= Rubus amphichlous (Sudre) C.K. Schneid.

 

Section Rhamnifolii et Discolores

1. Pétales blanc pur (ou vraiment à peine rosulés en bouton)

2. Foliole terminale de la primocanne obovale (plus grande largeur dans le tiers supérieur)

3. Primocanne avec quelques glandes rares présentes (surtout vers les feuilles)

= Rubus silvisparsus (Sudre) Prain

3. Primocanne entièrement sans glandes stipitées

4. Foliole terminale de la primocanne très nettement obovale et allongée, primocanne densément poilue, inflorescence peu pyramidale et souvent feuillée presque jusqu’en haut

= Rubus lasiothyrsus (Sudre) Sudre

4. Foliole terminale de la primocanne peu obovale, primocanne poilue, mais non densément, inflorescence à partie grande et pyramidale non feuillée

= Rubus lindleyanus Lees s.Sudre

2. Foliole terminale de la primocanne ovale ou plus ou moins orbiculaire (plus grande largeur pas au-delà de la moitié)

3. Foliole terminale de la primocanne à face inférieure présentant un tomentum très blanc et très épais

4. Foliole terminale de la primocanne à marge sinuée, irrégulière (et dents irrégulières et grossières)

= Rubus vicarius Sudre

4. Foliole terminale de la primocanne à marge régulière (et dents moins irrégulières et grossières)

5. Primocanne à faces concaves (même parfois canaliculées) et très poilue, foliole terminale de la primocanne généralement assez petite et ovale

= Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. & Graebn., nom. illeg.)

5. Primocanne à faces planes et juste pubescente, foliole terminale de la primocanne assez grande

= Rubus flaccidulus (Sudre) C.K.Schneid.

3. Foliole terminale de la primocanne à face inférieure à tomentum présent, mais généralement non très blanc et moins épais

4. Inflorescence très feuillée presque jusqu’à l’apex, foliole terminale de la primocanne à apex long et imposant (foliole ayant la forme d’un as de pique), et à dents fortes et aiguës

= Rubus phyllanthoides (Sudre) Sudre

4. Inflorescence non nettement feuillée jusque vers l’apex, foliole terminale de la primocanne de forme plus « classique » et à dents moyennes

= Rubus consobrinus (Sudre) Samp.

1. Pétales toujours plus ou moins roses

2. Primocanne nettement pruineuse ou glauque

3. Primocanne très pruineuse et sans poils simples (mais de nombreux poils étoilés très courts

= Rubus ulmifolius Schott.

3. Primocanne peu pruineuse, mais nettement glauque, et avec poils simples

= Rubus winteri P.J. Müller ex Focke

2. Primocanne non pruineuse

3. Primocanne à feuilles 3-4-5 foliolées, peu ascendante

= Rubus multivagus (Sudre) C.K. Schneid.

3. Primocanne à feuilles à 5 folioles

4. Pétales plutôt étroits et distants

= Rubus falcatispinus Sudre ex L. Belhacène

4. Pétales larges (orbiculaires ou presque)

5. Primocanne glabre et canaliculée

6. Pétales ovales (parfois un peu larges), floraison estivale

= Rubus arrigens Sudre

6. Pétales orbiculaires, floraison précoce

= Rubus lacertosus (Sudre) Sudre

5. Primocanne plus ou moins poilue canaliculée ou non

6. Folioles convexes à dents assez fines et régulières

= Rubus armeniacus Focke

6. Folioles non spécialement convexes à dents assez grosses et périodiques

7. Feuilles de la primocanne à folioles pédalées, pétales rosâtres à roses

= Rubus bifrons Vest ex Tratt.

7. Feuilles de la primocanne à folioles digitées, pétales rose intense

= Rubus nemophilus Ripart ex Genev.

 

Section Canescentes

1. Fruits mal formés à la fructification (voire sans fruits) : plante stérile

= Rubus ×collinus s.l.

1. Fruits bien formés à la fructification : plante fertile

2. Feuilles de la primocanne à 5 folioles

3. Pétales roses

= Rubus obtusatus P.J. Müll.

3. Pétales blancs (étamines blanches > styles verdâtres)

4. Foliole terminale de la primocanne à marge généralement bien régulière (formant une vague au moins sur un côté), pétales blanc pur (ne jaunissant pas au séchage), primocanne à aguillons assez forts

= Rubus vicarius Sudre

4. Foliole terminale de la primocanne à marge régulière, pétales blanc crème (jaunissant au séchage), primocanne à aiguillons < 6 mm

= Rubus canescens DC.

2. Au moins un critère différent

= ronces non étudiées (= R. section Canescentes)

 

Section Corylifolii

1. Fruits mal formés à la fructification (voire sans fruits) : plante stérile

= Rubus ×uncinellus s.l.

1. Fruits bien formés à la fructification : plante fertile

2. Foliole terminale des feuilles de la primocanne convexe (formant une sorte de coquille), fleurs grosses à pétales roses, primocanne peu anguleuse et glabre ou presque, à aiguillons forts

= Rubus martrinii Sudre

2. Plantes différentes

= ronces non étudiées (= R. section Corylifolii)

 

Annexe 1 : Liste récapitulative des quinze espèces nommées et vues sur l’ensemble du séjour

Cette liste est donnée dans l’ordre d’apparition des espèces dans Rubi europaea de Sudre, avec les sous-genres, les sections et les séries (ou sous-sections) de cet ouvrage. Nous citerons entre parenthèses les correspondances aux séries actuelles telles que nous les entendons ainsi que l’équivalence pour Flora Gallica.

Sous-genre Idaeobatus

Rubus idaeus L. subsp. idaeus

 

Sous-genre Eubatus

Section Suberecti

Rubus plicatus Weihe & Nees (Série Rubus R. fruticosus morph.)

 

Section Silvatici

Série Calvescentes :

Rubus fagicola Martrin-Donos (Série Sylvatici = R. sylvaticus morph.)

 

Série Discoloroides

Rubus multivagus (Sudre) C.K. Schneid. (Série Rhamnifolii R. rhamnifolius morph.)

Rubus phyllanthoides (Sudre) Sudre (Série Rhamnifolii R. rhamnifolius morph.)

Rubus silvisparsus (Sudre) Prain (Série Rhamnifolii R. rhamnifolius morph.)

 

Section Discolores

Série Gypsocaulones

Rubus ulmifolius Schott (Série Discolores R. discolor morph.)

Rubus winteri P.J. Müll. ex Focke (Série Discolores R. discolor morph.)

 

Série Hedycarpi

Rubus arrigens Sudre (Série Discolores R. discolor morph.)

Rubus bifrons Vest ex Tratt. (Série Discolores R. discolor morph.)

Rubus falcatispinus Sudre ex L. Belhacène (Série Discolores R. discolor morph.)

Rubus nemophilus Ripart ex Genev. (Série Discolores R. discolor morph.)

 

Série Subtomentosi

Rubus obtusatus P.J. Müll. (Série Discolores R. discolor morph.)

Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (ex-Rubus pilifer (Sudre) Focke in Asch. et Graebn., nom. illeg.) (Série Discolores R. discolor morph., ex-série Vestiti R. vestitus morph.)

Rubus vicarius Sudre (Série Discolores R. discolor morph.)

 

Section Triviales

Rubus martrinii Sudre (Série Corylifolii)

 

À cette liste, il faut aussi ajouter un bon nombre de ronces non déterminées. Beaucoup d’entre elles proviennent des séries de ronces avec glandes stipitées (Radula, Pallidi, Micantes, Hystrix ou Glandulosi). Ces plantes n’ont pas encore pu être travaillées cette année car la sécheresse et les chaleurs de ce mois de juillet ne nous ont laissé que des ronces déjà fructifiées et indéterminables sans les fleurs. Notons aussi les ronces réellement hybrides dans les séries Corylifolii (hybrides avec R. caesius) et Subcanescentes (hybrides avec R. canescens) que nous pourrions appeler respectivement R. ×uncinellus s.l. et R. ×collinus s.l.

 

Annexe 2 : Liens (iNaturalist) vers des photographies de quelques taxons rencontrés

Date Taxon Lien
14/07/2022 Rubus arrigens https://www.inaturalist.org/observations/130626526
14/07/2022 Rubus vicarius https://www.inaturalist.org/observations/130627259
14/07/2022 Rubus fruticosus (= R. plicatus) https://www.inaturalist.org/observations/130628658
14/07/2022 Rubus nemophilus https://www.inaturalist.org/observations/130629999
15/07/2022 Rubus obtusatus https://www.inaturalist.org/observations/130633035
15/07/2022 Rubus belhacenei (= R. pilifer) https://www.inaturalist.org/observations/130634177
15/07/2022 Rubus falcatispinus https://www.inaturalist.org/observations/130635222
16/07/2022 Rubus martrinii https://www.inaturalist.org/observations/130637353

 

Bibliographie

Belhacène L., 2020a. L’étude des ronces (Rubus, Rosaceae) en Occitanie : état des lieux et perspectives. Les Convergences botaniques, Montpellier (France), 3-4 octobre 2020, conférence.

Belhacène L., 2020b. Les noms des ronces (Rubus L., Rosaceae) publiés par Henri Sudre et présents dans son herbier de ronces : analyses et typifications éventuelles, partie 9 – Subdivision Homalacanthi Dumort., sect. 2 Silvatici P.J. Müll., subsection C Discoloroides Genev., série b Subdiscolores Sudre. Carnets botaniques 25 : 1-73.

Belhacène L. et al., 2021.Compte rendu de la première sortie batologique du groupe Rubus de la SBOcc : le Haut-Languedoc. Carnets botaniques 75 : 1-15.

Carlón R., 2021. Le bal des vampires : mise à jour de la liste des Orobanchacées holoparasites de France. Les Convergences botaniques, Montpellier (France), 2-3 octobre 2021, conférence.

Rivas-Martínez S., Rivas Sáenz S. & Penas A., 2011. Worldwide bioclimatic classification system. Global geobotany 1 : 1-634.

Sochor M., Vašut R.J., Sharbel T.F., & Trávníček B., 2015. How just a few makes a lot: speciation via reticulation and apomixis on example of European brambles (Rubus subgen. Rubus, Rosaceae). Molecular Phylogenetics and Evolution 89 : 13-27.

Sudre H., 1905. Genre Rubus. In M. Gandoger, Novus Conspectus Florae Europae. Bulletin de l’Académie internationale de géographie botanique 15 (187-188) : 127-136, 15 (191-192) : 221-236 et 15 (193-194) : 301-302.

Sudre H., 1908-1913. Rubi europaeve, l – Monographia Iconibus Illustrata Ruborum Europae. Librairie des sciences naturelles Léon Lhomme, Paris, 305 p.

Remerciements

Nous tenons à remercier grandement la Société botanique d’Occitanie qui a participé au financement de l’hébergement loué à l’occasion de la sortie. Nous remercions aussi David Mercier pour l’autorisation d’utiliser son schéma, si bien fait, sur la structure d’une ronce (figure 1) repris dans Flora Gallica, ainsi que pour sa relecture. Merci aussi à Valérie Martin-Rolland pour sa relecture.