Observations floristiques nouvelles réalisées dans le département du Tarn au cours de l’année 2022

Title

New floristic observations carried out in the Tarn department during the year 2022

Résumé

Chaque année de prospection dans le Tarn apporte son lot de nouveaux taxons pour la flore vasculaire départementale, la redécouverte d’espèces que l’on pouvait penser disparues, ainsi que l’observation de nouvelles stations d’espèces patrimoniales ou d’exotiques méconnues. Dans cette note, nous rapportons la présence de quinze nouvelles espèces, deux nouvelles sous-espèces et trois nouveaux hybrides.

Abstract

Each year of prospecting in the Tarn department brings its share of new taxa for the departmental vascular flora, the rediscovery of species that could be thought to be extinct, as well as the observation of new stations of patrimonial species or unknown exotic species. In this note, we report the presence of fifteen new species, two new subspecies and three new hybrids.

Les taxons présentés dans cet article ont généralement été observés au cours de l’année 2022 dans le Tarn. Quelques données antérieures sont également rapportées : elles complètent les observations de l’année ou rattrapent des oublis importants des années précédentes. Les observations émanent :

  • de prospections réalisées par Nicolas Leblond, Mathieu Menand (ABC de Técou et autres), Julien Mieusset et Fabrice Perriat (accompagné par Céline Domange) à titre personnel ;
  • de prospections réalisées par Mathieu Menand et Thomas Delhotal pour Nature en Occitanie [NEO] dans le cadre de trois projets, l’un portant sur des prospections ciblées sur les plantes messicoles (piloté par le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées [CBNPMP]), un autre sur des suivis de pelouses xérophiles (ces projets bénéficient du soutien financier de la Région Occitanie, de l’État et de l’Europe) et enfin dans le cadre de l’ABC de la commune de Labruguière (financements État et commune). Les mentions relatives à ces travaux seront simplement indiquées avec le nom de l’observateur concerné pour ne pas alourdir le texte ;
  • de prospections réalisées par les botanistes du CBNPMP, soit dans le cadre de l’inventaire général de la flore vasculaire de l’ex-région Midi-Pyrénées pour sa partie Massif central (mailles de
    5 km × 5 km avec au moins trois passages annuels en fonction de la phénologie des espèces : Christophe Bergès, Bruno Durand, Anne Paris, Fabrice Perriat, Thomas Rouzière [stagiaire], Thomas Sanz), soit lors de suivis d’espèces rares (Jérôme Garcia) ;
  • de prospections réalisées par Sébastien Puig dans le cadre des activités du bureau d’études OCECO ;
  • de prospections réalisées par Julien Mieusset et Flavie Kaës dans le cadre des activités du bureau d’études ARTIFEX ;
  • d’indications que certains botanistes locaux nous ont communiquées : Lionel Belhacène, Francis Bonnet, Rémi Clec’h, Simon Combet, Philippe Durand, Alain Gaston.

 

1.  Grille de lecture

Nous séparons les taxons indigènes, natifs, des taxons exogènes. Le choix des taxons indigènes présentés s’appuie sur les statuts de protection dont ils peuvent bénéficier, leur degré de rareté ou les menaces qui pèsent sur eux. À ce titre, nous précisons, lorsqu’il y a lieu, la nature des statuts réglementaires : protection nationale, notée PN, régionale (Midi-Pyrénées), notée PR, ou départementale, notée PD81, ainsi que le degré de menace tel qu’établi dans la Liste rouge de la flore vasculaire de Midi-Pyrénées (Corriol, 2013) selon les catégories UICN (notées LRR, suivies de CR, EN, VU, NT ou DD, respectivement pour « en danger critique d’extinction », « en danger », « vulnérable », « quasi menacé ») ou « données insuffisantes ». Les taxons exotiques présentés sont des nouveautés pour le département ou appartiennent à la liste des taxons listés dans le Plan régional d’actions sur les plantes exotiques envahissantes (Fontaine et al., 2014). Pour ces deux rubriques, nous suivons l’ordre alphabétique des espèces présentées, en mentionnant la famille botanique à laquelle elles appartiennent. Les noms suivent le référentiel taxonomique TAXREF v. 14.0, établi par le Muséum national d’histoire naturelle (Gargominy et al., 2020). Les localisations des taxons sont suivies d’un commentaire qui apporte des précisions d’ordre taxonomique, historique ou chorologique.

 

2.  Taxons indigènes

Achillea collina (Becker ex Wirtg.) Heimerl (Asteraceae)

Penne, pelouse calcicole située 700 m à l’est de Senchet, alt. 300 m (N. Leblond, 08.06.2022).

Cette achillée des pelouses xérophiles basiphiles se distingue par ses tiges et feuilles tomenteuses-grisâtres et feuilles caulinaires inférieures étroites (largeur < 8 mm) de la classique Achillea millefolium L. (tiges et feuilles variablement velues mais jamais tomenteuses-grisâtres, feuilles caulinaires inférieures larges de plus de 8 mm). Elle semble correspondre à la var. lanata Koch à « tige et feuilles revêtues d’une laine floconneuse blanche » citée par Martrin-Donos (1864) sur les coteaux calcaires de Larroque, commune voisine de Penne. L’identité exacte des Achillea « collina » de France reste toutefois incertaine, il pourrait plutôt s’agir de xéromorphoses d’A. pratensis Saukel & R. Länger. À suivre…

 

 Ajuga genevensis L. (Lamiaceae)

Cambounès, pelouse au-dessous de la piste à l’ouest du lieu-dit Malcrouzet, alt. 450 m (B. Durand & Th. Rouzière, 11.05.2022).

Cette bugle reste rare dans le département, avec seulement six autres communes de présence actuelle : Crespinet (Leblond et al., 2020), Lacaune (Leblond et al., 2022), Murat-sur-Vèbre (Leblond & Menand, 2021), Lagarrigue, Caucalières et Penne (Menand et al., 2017). À rechercher dans les communes de Saint-Urcisse, Larroque, Puycelsi, Castelnau-de-Montmiral, Salvagnac, Castres, Montans, Ambialet, Albi, Monestiés, Gaillac, historiquement citées (Martrin-Donos, 1864).

 

Ajuga pyramidalis L. (Lamiaceae)

Murat-sur-Vèbre, lambeau de pelouse versant nord du mont Jautar, alt. 880 m (N. Leblond, 27.05.2022).

L’espèce, montagnarde, est rarissime et relictuelle dans le département. Pour l’heure, elle est uniquement connue sur les communes de Lacaune (les Pansières, le Plo des Parcs) et Murat-sur-Vèbre (Cap Estève, col de Garenne, mont Jautar). À bien distinguer de l’espèce précédente, A. genevensis L., qui peut exister non loin (à Murat par exemple) : vérifier notamment les filets des étamines poilus et bractées supérieures < fleurs chez A. genevensis, filets glabres et bractées supérieures > fleurs chez A. pyramidalis ; l’aspect carré vu de dessus est également typique chez A. pyramidalis.

 

Allium pallens L. (Amaryllidaceae) – LRR VU

Marzens, trois individus au nord du périmètre communal, en lisière d’une haie bocagère, non loin du ruisseau de Calvès (photo 1), alt. 150 m (F. Kaës, 06.07.2022).

Il ne s’agit ici que de la quatrième observation de cette espèce depuis une vingtaine d’années sur le territoire tarnais ! Cet ail d’origine méditerranéenne a tout l’air d’un archéophyte en voie de disparition (comme A. roseum traité ci-dessous), trouvé désormais dans le département en milieux refuges.

Photo 1. Allium pallens, 06.07.2022 ; F. Kaës (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Allium roseum L. (Amaryllidaceae)

Aussillon, pelouse calcicole et talus contigu de la D 53, à la Métairie Basse, alt. 290 m (F. Perriat, 19.05.2022).

Cette station se trouve à proximité immédiate de celle observée en 2019 à Aiguefonde (Leblond et al., 2020).

 

Allium ursinum L. (Amaryllidaceae)

Técou, un unique individu dans un vallon très frais près de la Martinié, le long du ruisseau des Reysses, en bordure d’un bois marécageux, alt. 200 m (M. Menand, 09.04.2022) ; Fontrieu, ripisylve en aval de Brassac, berges de l’Agout, alt. 470 m (Ch. Bergès, 15.04.2022) ; Terre-de-Bancalié, ripisylve du Dadou à Foncuquelle, alt. 280 m (Ch. Bergès, 09.06.2022) ; Labastide-Rouairoux, énorme population tapissant la rive droite du Thoré, en face du stade de football, et surtout en amont, entre Robert et Cathalo, alt. 410 m (F. Perriat, 19.05.2022).

L’Ail des ours est peu commun dans le Tarn, cantonné aux montagnes (une station abyssale existe à Penne sur un versant exposé au nord surplombant la rivière Aveyron). L’indigénat de la station de Técou semble discutable, tant nous sommes là en plaine et par la présence d’un seul individu (la plante forme généralement des colonies) ; aucune preuve de naturalisation n’a cependant été remarquée.

 

Alopecurus aequalis Sobol. (Poaceae) – LRR VU

Nages, surabondant sur les berges exondées de la queue ouest du lac de Laouzas, sous le pont sur le Viau (photo 2), alt. 770 m (N. Leblond, 12.06.2022).

Seule l’espèce voisine Alopecurus geniculatus L. était pour l’heure signalée dans le Tarn, où elle est rare. Nos échantillons de Nages montrent des arêtes < 1,7 mm de long, insérées vers le milieu des lemmes, des feuilles glauques et anthères blanches virant à l’orange (arêtes > 2,5 mm de long, insérées dans le tiers basal des lemmes, feuilles vert franc et anthères rosées ou blanchâtres virant au brun chez A. geniculatus). Espèce nouvelle pour la flore tarnaise.

Photo 2. Alopecurus aequalis, 12.06.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Amaranthus blitum L. subsp. blitum (Amaranthaceae) – LRR DD

Boissezon, tas de fumier au sud-est du lieu-dit Gratteloup, alt. 420 m (B. Durand, 09.09.2022).

Correspond certainement à 100% à l’Euxolus viridis Moq.-Tand. de Martrin-Donos (1864), puisqu’à cette époque la sous-espèce emarginatus (Salzm. ex Uline & W.L. Bray) Carretero, Muñoz Garm. & Pedrol ne devait pas encore exister dans le département. Donnée très commune (CC) par cet auteur, mais aujourd’hui peu notée (beaucoup de mentions au niveau spécifique pour Amaranthus blitum L.).

 

Anemone hepatica L. (Ranunculaceae)

Puylaurens, talus frais dans le bas-vallon du ruisseau d’en Rigal (photo 3), alt. 160 m (N. Leblond, 11.03.2022).

Vingt-cinq années de recherches auront été nécessaires pour retrouver cette station, LA station historique d’Anémone hépatique du Tarn ! Dès 1862, Larambergue écrivait « les collines boisées de Vielmur, qui longent la rive gauche de l’Agout, nous ont offert avec profusion Hepatica triloba (Anemone hepatica L.). C’est à notre connaissance la seule localité du Tarn où croît cette renonculacée ». La population revue en 2022 n’occupe que quelques mètres carrés, avec cependant plusieurs centaines d’individus, tous à fleurs blanches (aucune fleur rose ou bleue observée). Une autre population indigène existe dans le Tarn, à Fontrieu, dans la hêtraie calcicole de Bessière ; cette station connue depuis une vingtaine d’années (Ph. Durand, comm. pers.) se maintient (revue N. Leblond, mars 2022). Notons enfin que Doumenjou (1847) indiquait l’Anémone hépatique en forêt de Ramondens, sur les bords de l’Alzo, information reprise par Martrin-Donos (1864) qui n’a jamais pu être vérifiée.

Photo 3. Anemone hepatica, 11.03.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Anthyllis vulneraria subsp. rubriflora Arcang. (Fabaceae)

Murat-sur-Vèbre, pelouse calcicole tout de suite au nord des ruines du château de Canac, alt. 680 m (N. Leblond, 19.05.2022).

Dans cette station indigène située à la limite du domaine méditerranéen, les plantes ne présentent pas de rejets stériles et les fleurs sont jaunâtres panachées de rouge. Elles semblent correspondre aux populations de l’arrière-pays languedocien citées par Tison & de Foucault (2014). Cette sous-espèce était déjà citée par Martrin-Donos (1864) à Lacaune et Brassac, sous le nom Anthyllis dillenii Schult.

 

Arctium lappa L. (Asteraceae)

Penne, pré rive droite de l’Aveyron, 500 m en amont du pont de Bruniquel, alt. 100 m (N. Leblond, 08.08.2022).

Nos observations de terrain sont en accord avec celles de Martrin-Donos (1864) qui considérait pour le Tarn Arctium minus (Hill) Bernh. très commun (CC) et A. lappa L. assez rare (AR, six stations indiquées). Cette dernière est même plutôt rare et mérite selon nous d’être notée à chaque fois qu’elle est rencontrée. La présence à Penne n’est qu’une confirmation puisque l’espèce avait déjà été notée en rive droite de l’Aveyron, 600 m en aval de l’Ermitage (N. Leblond, 09.06.2011).

 

Arenaria controversa Boiss. (Caryophyllaceae) – PN

Combefa, pelouse écorchée au lieu-dit le Caral, alt. 320 m (J. Mieusset, 24.05.2022).

Autrefois uniquement signalée sur le plateau calcaire du causse de Labruguière-Caucalières par Martrin-Donos (1864), la Sabline des chaumes présente aujourd’hui une aire de répartition tarnaise plus élargie, profitant notamment des coteaux secs et écorchés du Plateau cordais pour se développer. Déjà mise en évidence sur la commune voisine de Labastide-Gabausse (Menand et al., 2012), l’espèce se trouve donc aussi sur cette nouvelle station de Combefa qui rehausse sa limite septentrionale sur le Plateau cordais. On trouve par ailleurs la Sabline plus au nord à Penne, au centre à Montdragon, au sud-ouest dans le Lauragais à Bertre, Magrin, Puylaurens, etc.

 

Arrhenatherum elatius subsp. bulbosum (Willd.) Schübl. & G. Martens (Poaceae)

Murat-sur-Vèbre, culture sur sol acide versant nord-ouest du mont Jautar, alt. 870 m (N. Leblond, 27.05.2022).

Cette sous-espèce messicole était uniquement signalée récemment à Anglès, où nous l’avions observée en 2019 (Leblond et al., 2020). À rechercher dans les céréales sur sols acides.

 

Arrhenatherum elatius subsp. bulbosum (Willd.) Schübl. & G. Martens × Arrhenatherum elatius (L.) P. Beauv. ex J. Presl & C. Presl subsp. elatius (Poaceae)

Murat-sur-Vèbre, bord de culture sur sol acide versant nord-ouest du mont Jautar, alt. 870 m (N. Leblond, 27.05.2022).

Cet hybride non nommé, mis en exergue par Flora Gallica (Tison & de Foucault, 2014), n’avait encore jamais été signalé dans le Tarn. Il est à rechercher au point de contact entre ses deux parents, le plus souvent un talus de bord de culture. Chez l’hybride le rhizome est, comme pour bulbosum, tubérisé (photos 4a et 4b), mais les renflements sont peu nombreux (au plus deux), globuleux à ovoïdes (discoïdes chez bulbosum), et le premier entrenœud caulinaire est guttiforme (globuleux chez bulbosum). À rechercher.

Photo 4. a (à gauche, Arrhenatherum elatius subsp. bulbosum) et b (à droite, A. elatius subsp. bulbosum × A. elatius subsp. elatius) ; renflements tubérisés, 10.11.2023 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Atropa bella-donna L. (Solanaceae)

Anglès, en forêt domaniale du Haut-Agout, un pied fleuri en bord de piste à Salavert, alt. 780 m (F. Bonnet, 23.07.2022) ; Massaguel, en vallée du ruisseau de Sant, près de la station d’épuration de Roc Nègre, alt. 570 m (L. Belhacène, 25.06.2019).

La Belladone est clairement orophile dans le Tarn et tout aussi clairement calcicole, d’où sa rareté départementale puisque les massifs montagneux tarnais sont très majoritairement siliceux. À Anglès, la présence de la plante pourrait être liée à l’empierrement calcaire de la piste forestière.

 

 Briza maxima L. (Poaceae)

Anglès, lande xérophile et pelouse à annuelles associée, à l’est du Rebaut, alt. 400 m (F. Perriat, 18.05.2022).

Cette station, située en rive droite du Thoré, se trouve dans la continuité avale de celles connues autour du Castel de Labastide-Rouairoux depuis 2008 (Leblond, 2016). Cette population du Thoré évoque une progression naturelle de l’espèce depuis la région méditerranéenne, dont la limite naturelle se trouve quelques centaines de mètres à l’est de Labastide-Rouairoux (partage des eaux au col de la Fenille par exemple).

 

Bromus hordeaceus subsp. longipedicellatus Spalton (Poaceae)

Nages, au pied de l’enrochement rive droite du Viau, tout de suite en aval du pont de la D 162, alt. 770 m (N. Leblond, 12.06.2022).

Ce brome présente des arêtes insérées à moins de 1,5 mm de l’apex des lemmes, des gaines basales à poils denses, inégaux et fins, les lemmes les plus grandes dépassent 7 mm de long et les caryopses sont inférieurs aux paléoles à maturité. Il s’agit donc bien d’un Bromus hordeaceus L. Les panicules sont géantes, dépassant les 28 cm de long, avec de nombreux rameaux dépassant les 15 mm de long. Les anthères des fleurons inférieurs, enfin, sont > 2,7 mm de long. Il s’agit exactement de la définition de la sous-espèce longipedicellatus Spalton donnée par Tison & de Foucault (2014). L’écologie de friche mésohygrophile eutrophile correspond également parfaitement. Sous-espèce nouvelle pour la flore tarnaise, à rechercher ailleurs dans le Tarn et en Occitanie.

 

Callitriche brutia Petagna (Plantaginaceae) – LRR DD

Montirat, dans un lavoir vers Combecave, alt. 400 m (N. Leblond, 11.08.2022).

Ce callitriche n’avait a priori jamais été signalé dans le Tarn. Martrin-Donos (1864) mentionnait quatre espèces : C. stagnalis Scop., C. platycarpa Kütz., C. palustris L. (sous le nom C. verna Kütz.) et C. hamulata Kütz. Il est probable qu’à l’époque l’auteur de la Florule n’ait pas distingué C. brutia de C. hamulata (les deux espèces sont très proches), ou ait parfois confondu C. brutia avec C. palustris puisque ce dernier n’a pas fait l’objet d’une seule mention depuis plus d’un siècle. Idem pour C. platycarpa qui ne semble pas avoir été signalé récemment. À l’inverse, C. stagnalis est peut-être surestimé. La difficulté de détermination des callitriches tient généralement à l’absence de fruits.

 

Callitriche hamulata Kütz. ex W.D.J. Koch (Plantaginaceae) – LRR DD

Lasfaillades, petite retenue d’eau à l’intersection de la D 53 et de la D 61, à l’ouest-nord-ouest du lieu-dit Escande, alt. 760 m (B. Durand & Th. Rouzière, 23.06.2022).

Espèce supposée très rare dans le Tarn, déjà revue à Penne en 2021 (Leblond et al., 2022). La station de Lasfaillades est plus proche de celle, historique, d’Anglès (le Mézerac ; Martrin-Donos, 1864), aujourd’hui engloutie sous le lac des Saints-Peyres.

 

Cardamine raphanifolia Pourr. (Brassicaceae) – PD81

Arifat, ripisylve du Dadou, au niveau du seuil, et lisière boisée de la D 57 en amont des piscicultures sous Mont-Roc, alt. 370 m (Ch. Bergès, 08.04.2022) ; Cambounès, ripisylve de la Durenque sous la piste, entre Uffernet et la confluence du Chabbert, alt. 400 m (Ch. Bergès, 07.04.2022) ; Verdalle, fossé rudéralisé ouest de la D 148, entre le Moulin Bas et la station d’épuration au nord, alt. 230 m, et fossé en eau de la route entre Verdalle et le Moulin de Madame, alt. 230 m (Ch. Bergès, 07.04.2022) ; Terre-de-Bancalié, bois et ripisylve, Combe Escure, au sud-ouest du Mas d’Abrial, alt. 350 m (Ch. Bergès, 08.04.2022).

Ces nouvelles communes de présence viennent rallonger la liste déjà bien fournie de celles abritant cette espèce protégée, soit désormais 38 communes du quart sud-est du département !

 

Carex punctata Gaudin (Cyperaceae) – PR

Verdalle, ancienne carrière de marbre de Plo del May en forêt d’Hautaniboul, alt. 660 m (N. Leblond, 21.05.2022) ; Sauveterre, pelouse régulièrement fauchée pour l’agrément, au nord de Thérondou, alt. 320 m (F. Perriat, 18.05.2022).

La première station de Laîche ponctuée tarnaise a été découverte en 2007, à Lamontélarié (vallée de l’Agout ; Leblond & Prud’homme, 2008). Depuis, l’espèce, protégée sur l’ensemble du territoire de l’ex-région administrative Midi-Pyrénées, avait été trouvée sur sept communes du sud-est du département, entre Sidobre, Montagne Noire et monts de Lacaune : Anglès, Arfons, Brassac, Burlats, Fontrieu, Lacrouzette, Montredon-Labessonnié et Payrin-Augmontel. Sauveterre et Verdalle s’ajoutent à cette liste en 2022. Le seul carex du groupe hostiana cité par Martrin-Donos (1864) était C. distans ; on sait désormais que s’y ajoutent C. binervis Sm. et C. punctata Gaudin, tandis que le véritable C. hostiana DC. reste à découvrir (il est présent dans l’Aude et l’Aveyron).

 

Carex strigosa Huds. (Cyperaceae)

Castelnau-de-Montmiral, bord de suintement en forêt de Grésigne, un peu au sud du Pont du Renard (photo 5), alt. 300 m (M. Menand, 15.05.2022).

Après plusieurs signalements erronés (généralement des confusions avec Carex sylvatica Huds.), voici enfin la Laîche à épis grêles dans le département du Tarn ! Les épis femelles, longs et étroits, portent des utricules à bec indistinct, caractéristiques et très différents de ceux de C. sylvatica (à long bec linéaire sous l’échancrure). Très rare en Occitanie (piémont pyrénéen de l’Ariège aux Hautes-Pyrénées, vallée de la Dordogne lotoise, Armagnac gersois), l’espèce était assez inattendue en forêt de Grésigne. Elle y était cependant déjà signalée dès 1982, à Puycelsi, par Jean Timbal (de Ruffray et al., 2023), mais cette information nous avait jusqu’alors échappé.

Photo 5. Carex strigosa, 15.05.2022 ; M. Menand (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Catabrosa aquatica (L.) P. Beauv. (Poaceae)

Murat-sur-Vèbre, cressonnière et mégaphorbiaie en bordure d’une mare alimentée par des eaux de ruissellements, juste au nord du lieu-dit la Bessière, au niveau du petit réservoir d’eau, alt. 900 m (Th. Sanz, 16.06.2022).

Graminée amphibie donnée assez commune (AC) par Martrin-Donos (1864) mais paraissant aujourd’hui très rare dans le Tarn. Jusqu’alors uniquement revue à l’autre extrémité du département, à Puycelsi (Leblond, 2016). L’espèce est en forte régression en plaine, classée quasi menacée sur la Liste rouge nationale car elle se maintient bien dans les Alpes du Nord et les Pyrénées.

 

Chamaemelum nobile (L.) All. (Asteraceae)

Sauveterre, bande centrale d’un chemin, au sud du Renfort (photo 6), alt. 350 m (F. Perriat, 30.06.2022).

Cette Camomille, dite romaine, est une des deux seules utilisées en infusion, avec Matricaria chamomilla L. Rarement observée de nos jours dans le Tarn, l’espèce, vraie atlantique, y atteint la limite orientale de son aire de répartition. Elle souffre cependant peut-être de sous-observation, puisque Martrin-Donos (1864) la donnait assez commune (AC), avec une petite vingtaine de stations citées !

Photo 6. Chamaemelum nobile, 30.06.2022 ; F. Perriat (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Crassula tillaea Lest.-Garl. (Crassulaceae) – PR

Fréjeville, gravillons en bordure de route entre Aupillac et la Ginestière, alt. 160 m (S. Puig, 05.04.2022) ; Terre-de-Bancalié, accotement de la D 138 à même le barrage de la Bancalié, alt. 310 m (Ch. Bergès, 16.04.2022).

Espèce ne présentant pas vraiment d’enjeu dans le Tarn, principalement notée en bord de routes. La méconnaissance de cette écologie est à l’origine de la protection de la plante en 2004, puisqu’alors seules des stations primaires étaient recensées (rocailles siliceuses à Veronica verna, par exemple). Ce type de station existe bien dans le département, à Ambialet par exemple, mais reste largement minoritaire.

 

Crepis biennis L. (Asteraceae)

Assac, dans le village, alt. 450 m (A. Paris, 14.06.2022).

Espèce paraissant très rare de nos jours dans le département, déjà donnée assez rare (AR) par Martrin-Donos (1864) avec seulement sept stations rapportées. Appartient au groupe des Crepis à bractées involucrales internes velues sur leur face interne, sans odeur d’iode (cf. C. foetida L.) ni longues soies raides (cf. C. setosa Haller f.). Rappelle surtout C. vesicaria L., qui est représenté par la sous-espèce taraxacifolia (Thuill.) Thell. Dans le Tarn. Mais chez C. biennis les akènes sont à treize côtes, les centraux dépourvus de bec, les ligules périphériques sont à peu près concolores sur les deux faces, la rosette de feuilles basales dépérit à l’anthèse et les feuilles caulinaires inférieures à médianes équivalent les basales (vs akènes à dix côtes, les centraux à becs, ligules périphériques rouges au revers, rosette basale persistante à l’anthèse, feuilles caulinaires réduites chez C. vesicaria, Tison & de Foucault, 2014). À rechercher dans les biotopes frais, type prairies de fauche.

 

Cyperus michelianus (L.) Delile (Cyperaceae) – LRR VU

Técou, plusieurs centaines de pieds sur une petite retenue collinaire à Marlac, sur le ruisseau de Marlac, alt. 240 m (M. Menand, 15.09.2022) ; Técou et Peyrole, par milliers sur une retenue située au sud des Vignales, sur le ruisseau de la Brunerie, alt. 210 m (M. Menand, 15.09.2022) ; Peyrole et Montans, par centaines de milliers sur la retenue de Tourennes, sur le ruisseau de Badaillac, alt. 180 m (M. Menand, 15.09.2022) ; Sainte-Gemme, par dizaines de milliers sur la queue de la retenue de la Roucarié sur le ruisseau du Céret (S. Combet, 30.10.2022).

Ces observations viennent compléter la répartition de cette espèce qui affectionne les retenues collinaires, après sa découverte sur les retenues de la Bouriasse (commune de Parisot ; Kessler, 2015) et de Fonroque [communes de Mailhoc, Kessler et al. (2016) ; Cagnac-les-Mines (Leblond et al., 2020)].

 

Dactylorhiza incarnata (L.) Soó subsp. incarnata (Orchidaceae) – LRR NT

Murat-sur-Vèbre, prairies tourbeuses de Font Frège, alt. 860 m (N. Leblond, 25.05.2022).

Il n’existe que peu d’observations récentes de cette orchidée dans le Tarn (Anglès, Cestayrols, le Bez, Milhars, Nages, Payrin-Augmontel, Puylaurens et sûrement quelques autres), avec des stations parfois réduites à quelques individus. À Murat-sur-Vèbre, la station est riche, comportant quelques centaines de pieds parmi des milliers de D. maculata (L.) Soó.

 

Dactylorhiza ×carnea nothosubsp. maculatiformis (Rouy) Gathoye & D. Tyteca [= D. incarnata (L.) Soó subsp. incarnata × D. maculata (L.) Soó subsp. maculata] (Orchidaceae)

Murat-sur-Vèbre, prairies tourbeuses de Font Frège (photo 7), parmi les parents tous deux abondants, alt. 860 m (N. Leblond, 27.05.2022).

Quelques individus typés présentaient ici des caractères intermédiaires parmi des centaines de pieds des espèces parentes. Cet hybride n’est pas nécessairement nouveau pour la flore tarnaise, Durand (1990) précisant notamment après les monographies de D. maculata (L.) Soó et D. fuchsii (Druce) Soó que « ces espèces s’hybrident facilement, en particulier avec D. incarnata (hybrides […] observés sur le Causse de Labruguière]) ». L’hybride ne correspond en tout cas pas à l’Orchis ambigua Martrin-Donos (1864), potentielle « espèce hybride O. incarnata-maculata ? » pour cet auteur mais révisée comme une « forme robuste » de D. incarnata par Sudre (1894). La sous-espèce type de Dactylorhiza ×carnea correspond à la formule D. incarnata (L.) Soó subsp. incarnata × D. maculata (L.) subsp. elodes (Griseb.) Soó.

Photo 7. Dactylorhiza ×carnea nothosubsp. maculatiformis, 27.05.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Dittrichia viscosa (L.) Greuter subsp. viscosa (Asteraceae)

Sainte-Cécile-du-Cayrou, fossé contre le bord ouest de la route menant de la Mouline à Sainte-Cécile, à mi-chemin entre les deux localités, alt. 240 m (N. Leblond, 13.06.2022).

Cette composée originaire de la région méditerranéenne est en pleine expansion dans le Sud-Ouest, aujourd’hui présente dans la plupart des départements, principalement le long des axes routiers. Les observations tarnaises se comptent encore sur les doigts d’une main, et celle-ci constitue a priori la première pour le secteur Grésigne.

 

Drosera rotundifolia L. (Poaceae) – PN

Burlats, tourbière entre Aiguebelle et la Trivalle, alt. 570 m (Ch. Bergès, 07.06.2022).

Espèce emblématique des tourbières que nous indiquions comme à rechercher dans le Sidobre (Leblond, 2016), voilà qui est retrouvé !

 

Epilobium obscurum Schreb. (Onagraceae)

Brassac, rochers suintants rive gauche de l’Agout, 600 m en aval de la confluence du ruisseau du Verdier, alt. 570 m (N. Leblond, 11.06.2022).

Cet épilobe, assez rare dans le département, n’avait semble-t-il pas encore été signalé sur cette commune. On pourra rechercher ses hybrides avec E. lanceolatum Sebast. & Mauri et avec E. montanum L., jadis signalés.

 

Eragrostis minor Host (Poaceae) – LRR DD

Saint-Sulpice-la-Pointe, terrain vague dans l’angle formé par le départ du chemin du Bousquet sur le chemin d’Embrouysset, alt. 110 m (N. Leblond, 02.09.2022) ; Valence-d’Albigeois, dans le cimetière, alt. 450 m (A. Paris, 13.06.2022) ; Pont-de-Larn, parking gravillonné derrière l’église Saint-Baudille, alt. 310 m (B. Durand, 07.09.2022).

Cette espèce des friches avait déjà largement été notée en 2021 et semble en progression. Elle ne sera plus mentionnée dans les prochaines contributions.

 

Erica vagans L. (Ericaceae) – PD81

Roussayrolles, ancienne prairie naturelle actuellement en friche, au sud de la Sédarié, alt. 440 m (R. Clec’h, 22.08.2022).

Cette station fait la jonction entre celles connues en Grésigne depuis la fin des années 1970 et celles historiques de l’est du Tarn-et-Garonne (Lagrèze-Fossat, 1847).

 

Ervum pubescens DC. (Fabaceae)

Murat-sur-Vèbre, petite tonsure à annuelles au-dessus du château ruiné de Canac, alt. 680 m (N. Leblond, 19.05.2022).

Voici une vesce nouvelle pour la flore tarnaise et plus largement pour l’ex-Midi-Pyrénées ! L’espèce est proche d’E. tetraspermum L., et donc aussi d’E. gracile DC., en différant par ses dents du calice toutes > tube, feuilles, ovaires et gousses poilus, feuilles supérieures à 4-6 paires de folioles assez larges, L/l < 5 (vs dents du calice majoritairement < tube, feuilles glabres ou glabrescentes, ovaires et gousses glabres, feuilles supérieures à 3-4 paires de folioles, étroites, L/l > 5 chez E. tetraspermum et E. gracile). Les plus proches stations signalées se trouvaient dans l’Hérault, à Hérépian, Clermont-l’Hérault et Lodève (Coulot & Rabaute, 2016), mais l’espèce n’a pas été revue dans ce département depuis plus d’un siècle.

 

Euphorbia stricta L. (Euphorbiaceae)

Lisle-sur-Tarn, quelques dizaines de tiges fleuries à l’entrée d’une piste forestière, à l’angle de la D 5 et de la route du Rieu Long, alt. 260 m (L. Belhacène, 27.05.2022).

Espèce assez commune pour Martrin-Donos (1864) qui ne bénéficie que de peu de mentions récentes. À distinguer par ses capsules mûres très petites (diamètre < 2 mm) portant des tubercules cylindriques de la plus classique E. platyphyllos L., à capsules mûres > 2,5 mm de diamètre portant des tubercules hémisphériques.

 

Festuca ovina subsp. guestfalica (Boenn. ex Rchb.) K. Richt. (Poaceae) – LRR DD

Sorèze, bois clair sur gneiss à la Brugue, alt. 310 m (N. Leblond, 21.05.2022) ; Saint-Amans-Valtoret, talus supérieur de la piste au sud-est du lieu-dit Puech Balmés, alt. 790 m (B. Durand & Th. Rouzière, 10.05.2022) ; Lasfaillades, talus supérieur rocheux de la D 53, cent mètres à l’ouest de l’intersection avec la D 68, alt. 790 m (B. Durand & Th. Rouzière, 11.05.2022) ; Le Vintrou, affleurement rocheux de part et d’autre du ruisseau de Lecot, au-dessus de la cascade, au sud-ouest du village, alt. 440 m (B. Durand & Th. Rouzière, 12.05.2022).

Sous-espèce déjà valorisée en 2021 (Leblond et al., 2022), certainement plus méconnue que rare dans le département.

 

Festuca trichophylla subsp. asperifolia (St.-Yves) Al-Bermani (Poaceae) – LRR DD

Lamontélarié, à la Sagne des Planels, alt. 1 060 m (N. Leblond, 13.06.02022).

Ne diffère de la sous-espèce type que par ses limbes d’innovations > 0,7 mm de diamètre et feuilles scabres sur toute la longueur (vs innovations < 0,6 mm de diamètre et scabres à l’apex seulement chez subsp. trichophylla). Première mention départementale. Si à Lamontélarié la plante était bien caractérisée, on trouve régulièrement des F. trichophylla inclassables dans l’une ou l’autre des sous-espèces, ce qui pose la question de la solidité taxonomique de ces infrataxons.

 

Festuca trichophylla (Ducros ex Gaudin) K. Richt. subsp. trichophylla (Poaceae) – LRR DD

Murat-sur-Vèbre, prairies tourbeuses de Font Frège, alt. 860 m (N. Leblond, 27.05.2022) ; Saint-Michel-Labadié, friche et bordure de prairie de fauche à l’est du lieu-dit la Bresquié, alt. 550 m (A. Paris, 13.06.2022).

Cette fétuque découverte en 2021 à Saint-Jean-de-Rives (Leblond et al., 2022) s’avèrera sans aucun doute rapidement répandue dans le département. Il faudrait notamment contrôler les populations nommées Festuca nigrescens Lam.

 

Galatella linosyris (L.) Rchb. f. var. linosyris (Asteraceae)

Puylaurens, quelques pieds au sein d’une pelouse à l’est du château de Saint-Loup, alt. 270 m (S. Puig, 04.07.2022).

La commune de Puylaurens était mentionnée pour cette espèce dès Doumenjou (1847), mais la plante n’y avait pas été revue récemment.

 

Galium rotundifolium L. (Rubiaceae)

Anglès, dans une hêtraie, en bord du GR 653, près du lieu-dit Fonbelle, alt. 720 m (M. Menand, 14.06.2018) ; Murat-sur-Vèbre, sous-bois frais dans le vallon du ruisseau de Font Frège, en amont du chemin de Joucla, alt. 870 m (N. Leblond, 10.06.2022, puis Th. Sanz, 16.06.2022) ; Lasfaillades, bord de piste forestière au niveau d’une intersection entre les lieux-dits le Catié et Escande, alt. 730 m (B. Durand & Th. Rouzière,23.06.2022), et bord de piste au-dessus du lac des Saints-Peyres, à l’est du lieu-dit Bois Obscur, alt. 680 m (B. Durand & Th. Rouzière,05.07.2022).

Espèce montagnarde découverte en 2007 à Lacaune (Leblond, 2016), non signalée historiquement. Est-elle en expansion ou est-elle passée inaperçue jusqu’à la période actuelle… ?

 

Galium ×pomeranicum Retz. nothovar. pomeranicum [= G. album Mill. × G. verum L. var. verum] (Rubiaceae)

Vaour, talus contre le bord ouest de la D 33, 200 m au sud du col de Liberté, alt. 440 m (N. Leblond, 08.06.2022).

Ce gaillet trouvé à proximité de ses deux parents présente des feuilles pubescentes à la face inférieure, tiges dressées, corolles glabres jaunâtres et tiges carrées sur le bas. Il correspond au « G. ambiguum Gr. et Godr. = G. vero-erectum Lecoq et Lamotte » de Martrin-Donos (1864), signalé par cet auteur en deux localités de l’ouest du département.

 

Glyceria declinata Bréb. (Poaceae)

Labastide-Rouairoux, mégaphorbiaie eutrophile, rive droite du Thoré, en face du stade de football, entre Robert et Cathalo, alt. 410 m (F. Perriat, 18.05.2022) ; Le Dourn, pâture de fond de vallon à l’est du village, alt. 450 m (A. Paris, 20.06.2022).

Glycérie signalée dans moins de dix stations tarnaises, paraissant réellement rare.

 

Hainardia cylindrica (Willd.) Greuter (Poaceae)

Sainte-Cécile-du-Cayrou, zone érodée tout de suite à l’ouest de la cote 224 de Las Brugues, alt. 230 m (N. Leblond, 13.06.2022) ; Sauveterre, bande centrale d’un chemin, au sud du Renfort, alt. 350 m (F. Perriat, 30.06.2022).

Graminée eury-méditerranéenne étonnamment bien mieux représentée au nord de la rivière Tarn qu’au sud.

 

Hieracium lachenalii Suter sensu lato (Asteraceae)

Murat-sur-Vèbre, ourlet et fourré mésophile d’affinité montagnarde le long de la piste forestière entre les lieux-dits Les Rajals et Font Frège, alt. 920 m, et ourlet mésophile hémisciaphile en contexte de chênaie-hêtraie sur la route entre les lieux-dits Bessoles et La Serre, juste au sud-ouest du lieu-dit Puech de Bessoles, alt. 890 m (Th. Sanz, 16.06.2022) ; Lacabarède, hêtraie, entre la D 920 et le ruisseau de Candessoubre, au sud-ouest de Gindon, alt. 850 m (F. Perriat, 29.06.2022).

Série d’épervières paraissant montagnardes dans le Tarn, déjà signalée à Anglès en 2018 (Menand et al., 2019).

 

Knautia nevadensis (M. Winkl. ex Szabó) Szabó (Caprifoliaceae)

Brassac, bois rive gauche de l’Agout à la confluence du ruisseau du Verdier (photo 8), alt. 570 m (N. Leblond, 11.06.2022).

Les knauties à rhizome monopodique (tiges florifères naissant latéralement aux aisselles d’une rosette centrale persistante) sont traditionnellement nommées K. arvernensis (Briq.) Szabó en France. Côté espagnol, le nom Knautia nevadensis (M. Winkl. ex Szabó) Szabó est par contre privilégié. Longtemps supposés synonymes, ces deux noms correspondent en réalité à deux espèces distinctes, génétiquement validées (J.-M. Tison, comm. pers.), l’une propre au Massif central (K. arvernensis), l’autre ibéro-pyrénéenne (K. nevadensis, décrite de Sierra Nevada). Les critères distinctifs sont : bractées involucrales normalement ≤ fleurs, plantes généralement robustes à poils longs (> 0,7 mm) ± denses sur toute la plante pour K. arvernensis, bractées involucrales souvent > fleurs, plantes souvent plus grêles et/ou à poils longs épars ou manquants pour K. nevadensis. La Knautie d’Auvergne est répandue dans le Tarn (partie montagnarde), facilement rencontrée en milieux prairiaux, talus, ourlets, voire sous-bois frais ou ripisylves en situations abyssales. Plus inattendue est la présence d’individus caractérisés de K. nevadensis dans les monts de Lacaune, en mégaphorbiaie. Ce secteur géographique correspond alors à la zone de contact des deux espèces, si l’hypothèse de l’absence de K. arvernensis dans les Pyrénées est vérifiée. L’appellation des Knautia de Martrin-Donos (1864) est à revoir, mais son K. cuspidata Jord., plante décrite de l’Isère (Grande Chartreuse), pourrait mieux correspondre à cette K. nevadensis. Espèce nouvelle pour la flore du Tarn.

Photo 8. Knautia nevadensis, 11.06.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Laserpitium latifolium L. var. latifolium (Apiaceae)

Lamontélarié, au bord de la D 52 dans le vallon du Rieupeyroux, non loin des Nènes, alt. 850 m (N. Leblond, 11.06.2022).

Ombellifère rare dans le département, uniquement signalée en Montagne Noire et dans les monts de Lacaune. Sa présence sur la commune de Lamontélarié était à actualiser.

 

Lepidium graminifolium L. (Brassicaceae)

Albi, abondant en pied de mur à Pélissier, rue Gaston-Bouteiller (photo 9), alt. 160 m (N. Leblond, 08.06.2022).

Ce Passerage à feuilles de graminée était si commun à l’époque de Martrin-Donos (1864) que les stations ne sont pas détaillées dans la Florule : « CC. Murs, décombres, rues des villes, bords des chemins dans presque tout le département ». De notre côté, aucune observation en 25 années d’herborisations, ce qui semble démontrer un effondrement de cette espèce pourtant rudérale…

Photo 9. Lepidium graminifolium, 08.06.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Lolium rigidum Gaudin subsp. rigidum (Poaceae)

Penne, culture sur sol argilo-calcaire située 250 m au nord de Moulis, alt. 300 m (N. Leblond, 08.06.2022).

Toutes les espèces d’ivraies se rencontraient jadis dans le Tarn, à l’exception de L. parabolicae Samp., littorale. Mais L. remotum Schrank a disparu depuis longtemps avec la culture du lin et L. temulentum L., messicole, semble avoir eu le même destin. L. perenne L. et L. multiflorum Lam. sont répandus. Leur hybride L. ×boucheanum Kunth, anthropogène largement cultivé, existe également dans le département mais est sous-inventorié. Lolium rigidum enfin (le L. strictum Presl. de la Florule) est une espèce annuelle (absence d’innovations stériles), à arêtes 0-1,5 mm (> 4 mm chez L. multiflorum), principalement caractérisée par les glumes le plus souvent > 80% de l’épillet correspondant (< 65 % chez boucheanum). Elle est messicole dans le Tarn (archéophyte originaire des pelouses littorales atlantico-méditerranéennes ?) et son abondance actuelle est totalement inconnue. À rechercher.

 

Lotus hispidus Desf. ex DC. (Fabaceae)

Labastide-Rouairoux, berme de route à annuelles, bord de la D 64, au nord de Combeginière, alt. 440 m (F. Perriat, 18.05.2022) ; Sauveterre, pâture écorchée, à l’ouest du parking, au nord de la D 612 et de la station d’épuration, au sud-ouest du village, alt. 300 m (F. Perriat, 18.05.2022).

Espèce rare dans le département, déjà revue à Albi en 2021 (Leblond et al., 2022).

 

Luzula congesta (Thuill.) Lej. (Juncaceae)

Murat-sur-Vèbre, prairies tourbeuses de Font Frège, alt. 860 m (N. Leblond, 27.05.2022) ; Lamontélarié, à la Sagne des Planels, alt. 1 060 m (N. Leblond, 13.06.02022) ; Rouairoux, bordure d’un petit ruisselet à l’ouest de la D 52 et au nord du lieu-dit dit la Clarette Basse, alt. 750 m (B. Durand & Th. Rouzière, 22.06.2022).

Cette luzule, proche de L. multiflora (Ehrh.) Lej., ne semble pas très rare dans les monts de Lacaune et d’Alban. Elle reste à trouver dans la Montagne Noire.

 

Menyanthes trifoliata L. (Menyanthaceae)

Murat-sur-Vèbre, prairies tourbeuses de Font Frège, alt. 860 m (N. Leblond, 27.05.2022, puis Th. Sanz, 16.06.2022).

Le Trèfle d’eau n’était a priori pas connu à cette extrémité orientale du département. L’espèce, rare et en régression dans le Tarn, vient encore renforcer l’intérêt patrimonial de ces prairies tourbeuses situées en tête de bassin versant de la Vèbre.

 

Mibora minima (L.) Desv. (Poaceae)

Saint-Sulpice-la-Pointe, terrain sablonneux (ancienne vigne) rive gauche du Tarn, à l’ouest de Raynaudel, alt. 100 m (N. Leblond, 07.03.2022).

Graminée à rechercher au premier printemps, actuellement connue sur les communes de Coufouleux, Lagrave, Loupiac, Rabastens et Saint-Sulpice-la-Pointe en vallée du Tarn, de Saïx en vallée de l’Agout (A. Chapuis [Biotope], 2012, comm. pers.).

 

Micranthes clusii (Gouan) B. Bock (Saxifragaceae) – P81

Vabre, paroi schisteuse humide dans un lacet de la D 55, 600 m après l’embranchement de la D 171 en allant vers Combe Escure, alt. 430 m (N. Leblond, 11.03.2022) ; Saint-Michel-Labadié, affleurement schisteux en rive droite du Trouche, au point coté 340, alt. 340 m (B. Durand, 04.04.2022) ; Pont-de-Larn, falaise schisteuse au-dessus de la route qui mène à la centrale électrique du Vintrou, juste au nord-est du tunnel, alt. 430 m (B. Durand & Th. Rouzière, 12.05.2022).

La Saxifrage de l’Ecluse, bien que protégée dans le Tarn, n’est pas rarissime dans les vallées de l’est du département. Martrin-Donos (1864) ne mentionnait pourtant que deux stations (Ambialet et le Banquet). La station de Vabre signalée ici semble correspondre à celle déjà indiquée par Durand (2001).

 

Micropyrum tenellum (L.) Link (Poaceae)

Técou, petite tonsure au milieu d’une grande lande vers Bel-Air, alt. 210 m (M. Menand, 25.05.2022).

Cette espèce n’est pas rare sur les contreforts du Massif central, dans les secteurs acides. Cela dit, elle est beaucoup plus rare en zone de plaine où quelques populations excentrées existent tout de même, comme à Giroussens, et donc à Técou, où elle participe à un cortège pauvre d’annuelles acidiphiles.

 

Moenchia erecta (L.) G. Gaertn., B. Mey. & Scherb. (Caryophyllaceae) – LRR VU

Técou, quelques pieds vers Tapiou, sur terres nues près d’une petite dépression, alt. 260 m (M. Menand, 09.04.2022) ; Labastide-Rouairoux, chemin sableux entre deux prairies, au nord du col de Bourdié, alt. 560 m (F. Perriat, 18.05.2022).

Espèce des tonsures à annuelles acidiphiles rare dans le département. Non revue dans certains secteurs historiques (environs de Carmaux, de Valence-d’Albigeois, vallée du Tarn en aval de Giroussens).

 

Moehringia pentandra J. Gay (Caryophyllaceae) – LRR DD

Labastide-Rouairoux, talus rocheux avec petits replats de terre, berme de la D 64, au nord de Combeginière, alt. 440 m (F. Perriat, 18.05.2022).

Espèce désormais connue sur une petite quinzaine de communes tarnaises, la plupart situées en vallée du Tarn schisteuse.

 

Myosotis martini Sennen (Boraginaceae)

Lamontélarié, à la Sagne des Planels, alt. 1 060 m (N. Leblond, 13.06.2022) ; Montredon-Labessonnié, pelouse de fauche et fossé central, rive droite du ruisseau de l’Aze, en aval du moulin du Barthas, alt. 490 m (Ch. Bergès, 10.06.2022) ; Le Bez, zone humide en bas de versant au nord du lieu-dit le Reclot, alt. 700 m (B. Durand & Th. Rouzière, 06.07.2022).

Pour mémoire ce myosotis est caractérisé par des calices peu divisés (moins de 40% de leur longueur) portant des poils apprimés et des tiges à poils rétrorses montant assez haut sur la tige (mêlés à des antrorses). L’espèce, hygrophile, est encore peu signalée dans le département, monts de Lacaune essentiellement.

 

Myosotis nemorosa Besser (Boraginaceae)

Murat-sur-Vèbre, prairies tourbeuses de Font Frège, alt. 860 m (N. Leblond, 27.05.2022).

Espèce proche de la précédente, s’en éloignant principalement par ses tiges à poils rétrorses absents ou localisés à la base (à différer ensuite de M. scorpioides par la pilosité de la face inférieure de feuilles). Ce myosotis, également hygrophile, est assez répandu dans la moitié orientale du département.

 

Neottia nidus-avis (L.) Rich. (Orchidaceae)

Burlats, sous-bois très humide rive gauche du Lignon, 500 m en aval du pont de la route de la Ferrière, alt. 250 m (N. Leblond, 04.02.2022) ; Brassac, accotement nord de la route à la traversée du ruisseau de Gobert, alt. 660 m (N. Leblond, 11.06.2022).

Orchidée non chlorophyllienne rare dans le département, principalement observée dans les monts de Lacaune et le Quercy.

 

Nigella hispanica L. var. hispanica (Ranunculaceae) – PN

Cuq-Toulza, plusieurs petites populations en bordure de culture sur les coteaux de Cadix, alt. 210-270 m (S. Puig, 28.06.2022).

La Nigelle de France (devenue d’Espagne par rapprochement de la var. parviflora Coss. de la variété type) est encore assez bien représentée dans les cultures tarnaises, principalement dans le Lauragais.

 

Nuphar lutea (L.) Sm. (Nymphaeaceae)

Lagrave, à la confluence du Tarn et de la Saudronne, alt. 140 m (J. Mieusset, 01.09.2022) ; Roussayrolles, étang de la Fontaine de la Mère de Dieu, alt. 400 m (R. Clec’h, 22.08.2022).

Autrefois signalé par Martrin-Donos (1864) dans de rares bassins et certains affluents du Tarn ou de l’Aveyron, ce nénuphar aux fleurs jaunes et aux fruits coniques reste, encore aujourd’hui, relativement rare dans le Tarn. L’espèce n’avait jusqu’alors été observée que le long de la vallée de l’Agout, de Saint-Sulpice à Puylaurens et sur la commune de Soual (LOBELIA, 2023). Si elle semble indigène à Lagrave, elle n’est certainement que naturalisée à Roussayrolles.

 

Oenothera fallax Renner (Onagraceae)

Curvalle, accotement au nord de la D 77, à l’ouest du lieu-dit la Fabrègue, alt. 330 m (A. Paris, 27.09.2022).

Taxon hybridogène, d’aspect intermédiaire entre O. biennis L. et O. glazioviana Micheli, mais pas nécessairement issu de cette combinaison (Tison & de Foucault, 2014).

 

Oreopteris limbosperma (All.) Holub (Thelypteridaceae)

Sauveterre, talus acide exposé nord, 425 m au sud-est de Durenque (photo 10), alt. 460 m, et entre Durenque et le Puget, alt. 460 m (F. Perriat, 30.06.2022).

Fougère très rare dans le département, déjà revue récemment en Montagne Noire en 2020, à Mazamet (Leblond et al., 2022). À rechercher dans ce massif, ainsi que dans les monts de Lacaune.

Photo 10. Oreopteris limbosperma, 30.06.2022 ; F. Perriat (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Orobanche reticulata Wallr. (Orobanchaceae) – LRR DD

Cambounès, pelouse enfrichée sur un filon calcaire, au-dessus de la route qui mène à Malcrouzet (photo 11), alt. 380 m, et pelouse sur affleurement calcaire exposée au sud-est, au-dessus de la D 93, entre les lieux-dits les Planques et Lavopé, alt. 390 m (B. Durand & Th. Rouzière, 11.05.2022).

Cette orobanche, trouvée ici en parasite de Carduus, est nouvelle pour la flore tarnaise. Ses stigmates sont colorés (brun-pourpre), la face interne de la corolle n’est pas d’un rouge brillant et la face externe porte des poils glanduleux brun-pourpre tranchant avec la teinte de fond jaune pâle (cependant teintée de brun-pourpre sur le dos, bien observer la lèvre supérieure).

Photo 11. Orobanche reticulata. 11.05.2022 ; B. Durand (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Oxybasis rubra (L.) S. Fuentes, Uotila & Borsch (Amaranthaceae) – LRR DD

Parisot, queue de la retenue collinaire sur le ruisseau de Bugarel, à la Bouriasse, alt. 190 m (N. Leblond, 06.11.2022) ; Técou, petite retenue collinaire à Marlac, sur le ruisseau de Marlac (photo 12), alt. 240 m (M. Menand, 15.09.2022) ; Técou et Peyrole, retenue située au sud des Vignales, sur le ruisseau de la Brunerie, alt. 210 m (M. Menand, 15.09.2022) ; Peyrole et Montans, retenue de Tourennes, sur le ruisseau de Badaillac, alt. 180 m (M. Menand, 15.09.2022).

Ce chénopode est probablement sous-inventorié dans le département, à rechercher tardivement dans les zones exondées des retenues d’eau. Les deux variétés (rubra à fruits majoritairement allongés, L/l > 1, et intermedia à fruits majoritairement larges, L/l < 1) sont connues dans le Tarn ; à Parisot il s’agissait de la var. rubra.

Photo 12. Oxybasis rubra, 15.09.2022 ; M. Menand (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Phelipanche nana (Reut.) Soják (Orobanchaceae) – LRR DD

Aiguefonde, friche calcicole, sur terrain décapé pour la construction d’une maison, au Petit-Causse, alt. 280 m (F. Perriat, 19.05.2022).

Semble correspondre au Phelipanche muteli Reut. sensu Martrin-Donos (1864), signalé par cet auteur sur le Quercy tarnais et aux environs de Castres-Labruguière. Les seules données récentes pour cette espèce la localisaient sur le Plateau cordais, le causse de Caucalières ainsi qu’à Penne (Kessler, 2015 ; Menand et al., 2017).

 

Piptatherum virescens (Trin.) Boiss. (Poaceae) – PN

Penne, au pied d’un rocher ombragé à Roc Aymard (photo 13), alt. 150 m (A. Paris, 10.06.2021).

Voici une espèce protégée nationale nouvelle pour la flore tarnaise, ce qui n’arrive pas tous les jours ! Connu dans la vallée de l’Aveyron tarn-et-garonnaise depuis 1976 (Cazals ; Georges et al., 2011), le Millet verdâtre était sur la commune de Penne sans y être jusqu’alors trouvé. L’espèce est une relique steppique uniquement connue sur les Causses en France (Quercy, Larzac, Causse Noir, Causse de Séverac). À sa découverte, l’abbé Coste (1896) n’avait d’ailleurs pas fait le rapprochement avec l’espèce centre-européenne et avait décrit la plante comme nouvelle, nommée Millet du Larzac (Piptatherum arisitense). Auparavant, la plante était généralement confondue avec P. paradoxum (L.) P. Beauv. (cf. par exemple Bras, 1877).

Photo 13. Piptatherum virescens, 10.06.2021 ; A. Paris (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Poa palustris L. (Poaceae) – LRR DD « sensible »

Nages (photo 14), quelques individus sur la rive droite du Viau, sur les berges exondées de la queue ouest du lac de Laouzas, sous le pont sur le Viau, alt. 770 m (N. Leblond, 12.06.2022).

Ce pâturin vivace évoque de grands Poa nemoralis L. (notamment glumes inférieures à 3 nervures nettes, innovations toutes extravaginales, axes de la panicule très scabres, tiges non comprimées au sommet), mais la ligule de la feuille supérieure est allongée-aiguë lacérée, dépassant les 5 mm de long, la plante atteint 65-70 cm de hauteur et ses panicules dépassent 22 cm de long. La base des tiges est rampante et les rameaux inférieurs sont groupés par 5 sur nos échantillons, ce qui confirme la détermination. En région Midi-Pyrénées, le Pâturin des marais n’a longtemps a été connu qu’en vallée de la Dordogne, dont il occupe çà et là la ripisylve. Une autre écologie existe cependant, connue depuis les années 1980 dans l’Aveyron (Pareloup), à savoir en pionnière des berges exondées de lacs artificiels. C’est dans ce contexte que la plante a été trouvée à Nages, et il est fort probable que d’autres stations de ce type seront découvertes à l’avenir. À notre connaissance, l’espèce est nouvelle pour la flore du Tarn.

Photo 14. Poa palustris, 31.07.2023 ; M. Menand (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Polypodium ×font-queri Rothm. [= P. cambricum L. × P. vulgare L.] (Polypodiaceae)

Lacrouzette, sous-bois très humide rive droite du Lignon, 650 m en aval du pont de la route de la Ferrière, avec les parents, alt. 250 m (N. Leblond, 04.02.2022).

C’est à Michel Boudrie que revient le mérite de la découverte de cet hybride nouveau pour la flore tarnaise. Après une visite commune du site en 2021, ce dernier nous a vivement encouragés à revenir prospecter l’hybride font-queri, le « sentant bien » à juste titre ! Détermination confirmée par M. Boudrie : mélange de petits sporanges avortés à contenu noir bloqué + sporanges normaux à spores avortées + gros sporanges normaux avec plus de 10 cellules pour l’anneau (11 à 13) ; absence de paraphyses ; morphologie typique (fronde large en bas, réduite en haut, avec le limbe à bords plus ou moins parallèles). Ce site de la vallée du Lignon abrite finalement toutes les espèces françaises de polypodes, ainsi que tous leurs hybrides (cf. Leblond et al., 2022 pour les deux autres) !

 

Potamogeton crispus L. (Potamogetonaceae)

Lagrave, à la confluence du Tarn et de la Saudronne, alt. 140 m (J. Mieusset, 01.09.2022).

Le Potamot crépu se reconnaît facilement à ses nombreuses feuilles allongées, immergées et aux bords ondulés. Discrète, l’espèce semble à ce jour peu représentée à l’échelle départementale où les populations se concentrent majoritairement le long de la vallée du Tarn.

 

Potamogeton natans L. (Potamogetaceae)

Anglès, retenue d’eau ancienne au sud-ouest de la D 52 et au sud du lieu-dit Sébe, alt. 770 m (B. Durand & Th. Rouzière, 22.06.2022) ; Lasfaillades, petite retenue d’eau à l’intersection de la D 53 et de la D 61, à l’ouest-nord-ouest du lieu-dit Escande, alt. 760 m (B. Durand & Th. Rouzière, 23.06.2022).

Taxon donné comme le plus commun des potamots à feuilles larges par Martrin-Donos (1864), mais finalement peu noté de nos jours. Signalons tout de même que cet auteur méconnaissait P. nodosus Poir., espèce commune a minima dans les vallées du Tarn et de l’Agout.

 

Potentilla ×italica Lehm. [= P. erecta (L.) Raeusch. × P. reptans L.] (Rosaceae)

Brassac, rochers rive gauche de l’Agout, 800 m en aval de la confluence du ruisseau du Verdier (photos 15a et 15b), alt. 570 m (N. Leblond, 11.06.2022).

Hybride hautement stérile (un akène développé par fleur pour nos échantillons) qui serait à l’origine de l’espèce hybridogène P. anglica Laichard. (fertile). Trouvé à Brassac à proximité de P. erecta (L.) Raeusch., mais montrant des signes évidents de P. reptans L. : mélange de feuilles à 3 ou 5 segments, de fleurs à 4 ou 5 pétales, tiges stolonifères. À ne pas confondre avec P. ×mixta Nolte ex W.D.J. Koch = P. anglica × P. reptans (2n = 42), morphologiquement indistinguable de P. ×italica (2n = 28) mais n’existant que dans des secteurs abritant P. anglica, ce qui n’est pas le cas de Brassac. Hybride nouveau pour la flore tarnaise.

Photos 15. Potentilla ×italica, a (à gauche) feuilles, b (à droite) fleur, 11.06.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Prunus padus L. var. padus (Rosaceae)

Brassac, bois rive gauche de l’Agout à la confluence du ruisseau du Verdier, alt. 570 m (N. Leblond, 11.06.2022).

Espèce montagnarde paraissant de nos jours propre aux monts de Lacaune mais jadis signalée dans la Montagne Noire (forêt de Ramondens ; Martrin-Donos, 1864), où elle serait à retrouver.

 

Psammophiliella muralis (L.) Ikonn. (Caryophyllaceae)

Vielmur-sur-Agout, une très belle population observée dans une culture en bordure de l’Agout, au sud du lieu-dit le Ségala, alt. 150 m (S. Puig, 12.07.2022).

La commune de Vielmur vient s’ajouter aux six autres où la plante a été revue récemment (Leblond et al., 2022). Entre nos deux contributions la plante est sortie du genre Gypsophila pour rejoindre Psammophiliella Ikonn., 1976, plantes notamment non glauques, à tiges papilleuses-scabres à la base, pétales < 2,5 mm de long et graines < 0,6 mm de long à maturité (vs plantes glauques, tiges lisses, pétales > 2,5 mm de long et graines > 1 mm de long à maturité chez Gypsophila).

 

Quercus pyrenaica Willd. (Fagaceae)

Sorèze, bois clair sur gneiss à la Brugue, alt. 310 m (N. Leblond, 21.05.2022) ; Técou, quelques beaux peuplements vers les Pigots, alt. 180 m, et vers la Vergnière, alt. 190 m (M. Menand, 25.05.2022).

Le Chêne tauzin atteint dans le département la limite orientale de son aire de répartition, atlantique. Déjà connu dans quelques grands ensembles forestiers avoisinant la vallée du Tarn (Sivens, Giroussens…), dans le Sidobre et la vallée du Viaur, il semble par contre nouveau pour le secteur de Sorèze.

 

Rhinanthus pumilus (Sterneck) Soldano (Orobanchaceae)

Barre, pelouse versant nord-est du Puech de l’Homme, alt. 990 m (N. Leblond, 10.06.2022) ; Anglès, talus routier 300 m au sud-ouest de Farguès Haut, alt. 830 m (N. Leblond, 11.06.2022).

Rhinanthe assez bien représenté dans le quart sud-est du département, à rechercher ailleurs.

 

Rosa corymbifera Borkh. (Rosaceae) – LRR DD

Murat-sur-Vèbre, fourré le long du sentier montant au Plo de Canac depuis le château ruiné, dans le Travers de Canac (photo 16), alt. 760 m (N. Leblond, 19.05.2022).

Cet églantier appartient au groupe de Rosa canina L. Ses feuilles sont velues au revers, ses dents foliaires ne sont pas composées et ses pédicelles ne sont pas glanduleux. Taxon peu cité dans le département.

Photo 16. Rosa corymbifera, 19.05.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Rosa marginata Wallr. (Rosaceae) – LRR DD

Sorèze, bois clair sur gneiss à la Brugue, alt. 310 m (N. Leblond, 21.05.2022).

Espèce rare dans le Tarn, signalée par Martrin-Donos (1864) çà et là dans l’ouest du département et uniquement revue jusqu’alors à Saint-Urcisse (Leblond et al., 2022). Taxon nouveau pour le Sorézois, appartenant à subsect. Trachyphyllae H. Christ, subdivision de la sect. Caninae DC. influencée par Rosa gallica L.

 

Rosa pseudoscabriuscula (R. Keller) Henker & G. Schulze (Rosaceae)

Anglès, çà et là sur la rive gauche de l’Arn entre le pont de la Resse et Taillades, alt. 670-680 m (N. Leblond, 04.09.2022).

Ce rosier est proche de Rosa tomentosa Sm. Les styles ne sont pas soudés en colonne, les calices possèdent de nombreux lobes latéraux, les aiguillons sont homomorphes, les feuilles présentent à la face inférieure des glandes localisées à la nervure médiane + quelques-unes sur les nervures secondaires et leur marge présente des dents glanduleuses. Ces mêmes feuilles possèdent plus de 20 dents de chaque côté, leur face inférieure est pubescente sur toute sa surface. Le dos des sépales est glanduleux sans odeur de pomme, les pédicelles sont glanduleux à odeur de térébenthine et les aiguillons des tiges sont peu courbés (l’ensemble de ces critères aboutit à la subsect. Vestitae H. Christ). La plante n’est pas drageonnante, et les aiguillons sont un peu courbés : ça n’est pas un Rosa du groupe villosa L. mais bien un R. groupe tomentosa. Le disque est faiblement conique, à orifice apical d’environ 1 mm de diamètre, les sépales sont réfléchis à la fructification mais non rapidement décidus, les styles sont laineux et les stigmates en tête ne masquent pas entièrement le disque : il s’agit du phénotype L/D intermédiaire entre R. tomentosa Sm. (phén. L) et R. sherardii Davies (phén. D), nommé R. pseudoscabriuscula. Rosier nouveau pour la flore tarnaise où seul R. tomentosa était jusqu’alors cité (mentions à contrôler).

 

Rosa ×pervirens Gren. ex Tourlet [= R. arvensis Huds. × R. sempervirens L.] (Rosaceae)

Sorèze, bois clair sur gneiss à la Brugue, alt. 310 m (N. Leblond, 21.05.2022).

Hybride à colonne stylaire soudée comme ses parents, cité dans Flora Gallica (Tison & de Foucault, 2014) mais non traité en clé. La flore de Coste (1900-1906) s’avère utile :

  • Rosa sempervirens: colonne stylaire ordinairement velue, feuilles persistantes, à folioles épaisses, acuminées, superficiellement dentées, à dents étroites et conniventes, stipules étroites, à oreillettes étalées-divergentes ; feuilles moyennes des rameaux florifères à 5 folioles presque toujours glabres ; bractées primaires étalées ou réfléchies après la floraison ;
  • Rosa arvensis: colonne stylaire presque toujours glabre, feuilles promptement caduques à folioles minces, assez courtes, souvent obtuses, à dents souvent larges non conniventes, stipules assez larges, à oreillettes dressées à peu étalées ; feuilles moyennes des rameaux florifères ordinairement à 7 folioles pubescentes, glaucescentes en dessous ; bractées primaires dressées ;
  • Rosa ×pervirens: colonne stylaire presque toujours glabre, feuilles tardivement caduques à folioles un peu épaisses, souvent aiguës, à dents souvent larges non conniventes, stipules assez larges, à oreillettes dressées à peu étalées ; feuilles moyennes des rameaux florifères à 5 ou 7 folioles souvent glabres, luisantes ; bractées primaires étalées.

La description du Rosa prostata DC. donnée par Martrin-Donos (1864) et Bel (1890) semble correspondre à cet hybride, bien que la combinaison renvoie dans les index actuels sur R. sempervirens.

 

Ruta montana (L.) L. (Rutaceae)

Combefa, pelouse écorchée au lieu-dit le Caral (photo 17), alt. 320 m (J. Mieusset, 24.05.2022).

Espèce déjà mentionnée sur les communes de Monestié (lieu-dit l’Espinasse) et de Combefa (lieu-dit le Dévèze) par Claire Rigoulat en 2013 (OpenObs, 2023). Cette troisième et nouvelle mention départementale semble confirmer l’installation de cette espèce méditerranéenne dans ce secteur de coteaux secs et écorchées du Carmausin.

Photo 17. Ruta montana, 24.05.2022 ; J. Mieusset (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Sagina revelierei Jord. & Fourr. (Caryophyllaceae) – LRR VU

Murat-sur-Vèbre, zone caillouteuse versant nord du mont Jautar, à l’embranchement de la piste descendant à Font Frège, alt. 920 m (N. Leblond, 10.06.2022).

Cette caryophyllacée auparavant traitée sous le nom Sagina subulata (Sw.) C. Presl (var. subulata pour le Tarn) reste très rare dans le département, uniquement observée dans les monts de Lacaune et à l’extrémité orientale de la Montagne Noire.

 

Salix ×charrieri Chass. [= S. atrocinerea Brot. × S. aurita L.] (Salicaceae)

Lamontélarié, quelques individus parmi les parents à la Sagne des Planels, alt. 1 060 m (N. Leblond, 13.06.2022).

Cet hybride a été trouvé au sein d’une tourbière au milieu de ses parents, le Saule roux (S. atrocinerea) et le Saule à oreillettes (S. aurita). Il présente des caractères mélangés : feuilles très velues-blanches au revers dans leur jeunesse, devenant « rouillées » en vieillissant, gaufrées à la face supérieure. Cette combinaison avait déjà été repérée en 2016 à Lacaune (Guitton et al., 2017).

 

Salix triandra L. (Salicaceae)

Courris, graviers rive droite du Tarn tout de suite en aval du pont de Candou, alt. 190 m (N. Leblond, 07.10.2022).

Saule déjà noté à Courris en 2007 (NL) mais qu’il nous semblait utile de vérifier. Cette espèce correspond au Salix amygdalina L. de Martrin-Donos (1864), donné très commun (CC) par cet auteur mais aujourd’hui essentiellement rencontré en vallée du Tarn (espèce des fourrés alluviaux). Autres mentions modernes à contrôler car les confusions avec des saules du sous-genre Salix sont fréquentes.

 

Scleranthus annuus L. subsp. annuus (Caryophyllaceae)

Anglès, culture sur sol acide versant sud du Puech d’Olivet, alt. 850 m (N. Leblond, 11.06.2022) ; Assac, culture sur sol acide en face de la Lauzière, alt. 450 m (M. Menand, 06.06.2016) ; Fraissines, cultures sur sol acide près de Taraprat, alt. 530 m (M. Menand, 06.06.2016) ; Crespinet, cultures sur sol acide près de la Borie Rouge, alt. 370 m (M. Menand, 20.05.2016) ; Saint-Cirgue, cultures sur sol acide près de la Goudanié, alt. 420 m (M. Menand, 20.05.2016) ; Saint-Grégoire, cultures sur sol acide autour de Pérols, alt. 320 m (M. Menand, 20.05.2016).

Martrin-Donos (1864) ne signalait que deux Scleranthus dans le Tarn, S. annuus L. (donné commun) et S. perennis L. (donné assez commun) ; au sein de S. annuus, les sous-espèces annuus et polycarpos n’étaient pas distinguées. Si la répartition tarnaise de S. annuus subsp. polycarpos commence à être cernée (monts de Lacaune et d’Alban, Montagne Noire), celle de S. annuus subsp. annuus reste méconnue. Le taxon semble cependant se maintenir dans les cultures sur sol acide de la moitié orientale du département. À rechercher dans la moitié occidentale.

 

Scleranthus annuus subsp. polycarpos (L.) Bonnier & Layens (Caryophyllaceae) – LRR DD

Labastide-Rouairoux, tonsure à thérophytes sur sables acides, sur le talus de la route, au nord-est du col de Bourdié, alt. 560 m (F. Perriat, 18.05.2022).

Pour mémoire : calices fructifères toujours très majoritairement > 3,5 mm dont au moins 1,5 mm pour l’hypanthium + sépales divergents à 40° ou plus à maturité chez la sous-espèce annuus ; calices fructifères toujours très majoritairement < 3,5 mm dont au moins 1 mm pour l’hypanthium + sépales convergents à divergents à moins de 40° à maturité chez la sous-espèce polycarpos (Tison & de Foucault, 2014).

 

Sempervivum arachnoideum var. tomentosum (C.B. Lehm. & Schnittsp.) Cariot & St.-Lag. (Crassulaceae) – LRR DD

Bellegarde-Marsal, paroi schisteuse exposée au sud-est en rive gauche du Tarn, face à Longouyrou (photo 18), alt. 190-230 m (N. Leblond, 25.04.2022).

La Joubarbe toile-d’araignée est assez disséminée dans le Massif central, plus répandue dans les Alpes et les Pyrénées. Pour le Tarn, les seules stations jusqu’alors connues se situaient dans la vallée du Gijou (Saint-Pierre-de-Trivisy, paroi de Crouzigues) et le Haut-Dourdou (Murat-sur-Vèbre, Plo de Canac). Sa présence en vallée du Tarn, à une altitude aussi basse, était inattendue puisque la plante n’existe même pas dans cette vallée en Aveyron, et il faut remonter aux sources (mont Lozère) pour la trouver ! Incroyable station abyssale donc, située autour de 200 m d’altitude (!), avec de surcroît de nombreux individus. 

Photo 18. Sempervivum arachnoideum var. tomentosum, 25.04.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Senecio ovatus subsp. alpestris (Gaudin) Herborg (Asteraceae)

Lacaune, ravin au-dessus de la D 622, en versant nord du mont Roucous, alt. 890 m (N. Leblond, 25.07.1999) ; Murat-sur-Vèbre, bords du ruisseau des Baquiès, en amont du pont du lacet côté 966 de la piste forestière (photo 19), alt. 970 m (N. Leblond, 24.08.2006) ; Anglès, rive droite de l’Arn, entre la cote 681 de Montahut et la cote 677 de Taillades, alt. 680 m (N. Leblond, 30.05.2007) ; Lacabarède, à Dressou, hêtraie 200 m au sud-sud-ouest de la cote 855, alt. 840 m (N. Leblond, 09.08.2011) ; Saint-Amans-Valtoret (J. Gouzou [stagiaire CBNPMP], 27.07.2012) ; Lasfaillades, bordure de piste forestière au niveau d’une intersection entre les lieux-dits le Catié et Escande, alt. 720 m, et saulaie marécageuse en partie amont de l’étang au sud-ouest du lieu-dit Escande (B. Durand & Th. Rouzière, 23.06.2022) ; Le Vintrou, forêt de douglas entre la D 53 et le ruisseau du Bouyssou, alt. 620 m (B. Durand & Th. Rouzière, 04.07.2022) ; Le Rialet, talus supérieur de la piste forestière au sud-ouest du lieu-dit Lagrange, alt. 630 m (B. Durand & Th. Rouzière, 05.07.2022) ; Brassac, bord de pistes forestières au lieu-dit le Pujol, alt. 720 m (B. Durand, 08.09.2022) ; Saint-Amans-Soult, au bord de la route forestière des Fours à verre, 150 m à l’ouest de la cabane de Peyre Moutou, alt. 890 m (Ch. Bergès, 04.08.2020) ; Rouairoux, lisière contre la route de Barbeau, 150 m au nord-est du Régatou, alt. 790 m (Ch. Bergès, 11.07.2020).

Nous n’avions pas encore abordé le cas de cette belle espèce montagnarde pour laquelle le Tarn constitue un isolat occidental remarquable. Les stations les plus proches se trouvent dans les Cévennes et la plante, contrairement aux autres orophytes tarnais, n’existe pas dans les Pyrénées. L’espèce était déjà donnée rare par Martrin-Donos (1864), avec des mentions départementales à Anglès et Brassac, et il est étonnant de constater que Doumenjou (1847) la citait également à Anglès mais pas en Montagne Noire où elle existe pourtant. Durand (1993) signalait déjà ce séneçon à Lacaune, au Montalet ; sa répartition exacte dans les montagnes tarnaises reste à affiner. Longtemps appelée Senecio fuchsii, la plante tarnaise appartient bien à la sous-espèce alpestris (Gaudin) Herborg ; c’est par erreur que la sous-espèce ovatus (G. Gaertn., B. Mey. & Scherb.) Willd. fut signalée en Occitanie.

Photo 19. Senecio ovatus subsp. alpestris, 24.08.2006 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Solanum villosum Mill. (Solanaceae) – LRR DD

Valence-d’Albigeois, culture moissonnée à l’est de la route et juste au nord-est du lieu-dit la Lande, alt. 470 m (A. Paris, 22.09.2022) ; Assac, berges du ruisseau du Moulin de Trouche, vers le point coté 351 au sud-est de Saint-Michel-Labadié, alt. 350 m (A. Paris, 22.09.2022) ; Mazamet, à Hautpoul, dans les ruines du château (A. Gaston, 12.09.2022).

Espèce rare dans le département, puisqu’elle n’avait été revue qu’en vallée du Thoré dernièrement (Leblond et al., 2022).

 

Sparganium emersum Rehmann (Typhaceae)

Pont-de-Larn, fossé en eau en aval de la retenue collinaire au nord-est du lieu-dit Pomarède, alt. 490 m (B. Durand, 07.09.2022).

Il s’agit là uniquement de la seconde mention récente de cette espèce pour le Tarn, après son observation à Valence-d’Albigeois en 2009 (Leblond, 2016).

 

Sparganium neglectum Beeby (Typhaceae)

Valence-d’Albigeois, berges d’un ruisseau intermittent en bord de D 53, à la sortie nord du village, alt. 450 m (A. Paris, 13.06.2022) ; Lasfaillades, zone amont de la retenue collinaire ancienne au nord-est du lieu-dit Bouscadié, alt. 680 m (B. Durand, 08.09.2022).

Taxon méconnu mais a priori répandu dans le département. Généralement confondu avec le véritable S. erectum L., dont la présence dans le Tarn reste à prouver.

 

Stellaria pallida (Dumort.) Piré (Caryophyllaceae) – LRR DD

Saint-Michel-Labadié, rues du village, alt. 490 m (A. Paris, 13.06.2022).

Espèce proche de Stellaria media (L.) Vill. (attention aux erreurs de détermination !), probablement assez commune dans le Tarn mais encore méconnue.

 

Taraxacum oxoniense Dahlst. (Asteraceae)

Noailhac, talus nord de la D 61, entre la Fongui et la Vitarelle, alt. 390 m (Ch. Bergès, 07.04.2022) ; Le Bez, cimetière de Saint-Agnan, alt. 480 m (Ch. Bergès, 15.04.2022).

Pissenlit de la section Erythrosperma (H. Lindb. f.) Dahlst. signalé dès 2017 dans le Castrais (LOBELIA, 2023). À rechercher dans le département où il ne doit pas être rare (cf. critères dans Flora Gallica, Tison & de Foucault, 2014).

 

Taraxacum pseudomarklundii (Dahlst.) Dahlst. (Asteraceae)

Viane, talus dans un boisement acidiphile vers la cote 577 de la Verbie, alt. 580 m (N. Leblond, 09.03.2022) ; Lamontélarié, pré rive droite de l’Agout dans la boucle au sud du château de Monségou, alt. 600 m (N. Leblond, 10.03.2022).

Pissenlit appartenant à la section Hamata H. Øllg., notamment caractérisé par ses segments foliaires à marge distale uniformément arrondie et la présence régulière de macules foliaires noirâtres. Déjà observé à Loupiac (Menand et al., 2019), Gijounet (Leblond & Menand, 2021) et Saïx (LOBELIA, 2023).

 

Taraxacum rubicundum (Dahlst.) Dahlst. (Asteraceae)

Appelle, pelouse calcicole à l’est d’En Armand (photo 20), alt. 330 m (N. Leblond, 11.03.2022).

Autre pissenlit de la section Erythrosperma (H. Lindb. f.) Dahlst., proche de T. erythrospermum Besser (akènes rouges, pollen abondant, feuilles médianes à segments à peine connés, bractées involucrales externes non étalées-réfractées à l’anthèse, cornicules nettes) mais s’en éloignant par son pollen irrégulier (plus de 10% de variation de diamètre, du simple au double sur notre échantillon) (critères issus de Tison & de Foucault, 2014). Également signalé à Massals en 2021 (A. Paris, LOBELIA, 2023), donnée en attente de validation. Espèce a priori inédite pour la flore tarnaise.

Photo 20. Taraxacum rubicundum, 11.03.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Teucrium scordium L. (Lamiaceae)

Cuq-Toulza, belle station sur les berges de l’étang de l’ancienne gravière des Ardennes, alt. 190 m (S. Puig, 04.07.2022).

La Germandrée des marais reste assez rare dans le département, déjà revue dans le Lauragais à Maurens-Scopont (Kessler, 2015) et Viviers-lès-Lavaur (LOBELIA, 2023).

 

Thlaspi alliaceum L. (Brassicaceae)

Fauch, talus érodé ouest de la D 86, aux Barrières, alt. 380 m (Ch. Bergès, 08.04.2022).

Crucifère en nette progression dans le sud de la France, même si elle reste pour l’heure peu signalée dans le Tarn. Ne peut être considérée comme exotique puisque le Tarn se situe dans l’aire de répartition normale de l’espèce (sud-européenne-sud-ouest asiatique), et qu’il existait déjà des stations en Aveyron au début du xixe siècle (d’ailleurs considérée comme patrimoniale dans ce département jusqu’à son explosion).

 

Tragopogon porrifolius L. (Asteraceae) – LRR NT

Puylaurens, quelques individus dans des friches au sud du château de Saint-Loup, alt. 260 m (S. Puig, 24.05.2022).

Le Salsifis à feuilles de poireau, ou Salsifis du Midi, est peu mentionné dans le Tarn et plus globalement en Midi-Pyrénées. L’espèce est d’ailleurs inscrite en catégorie « Quasi menacée » sur la Liste rouge régionale (Corriol, 2013).

 

Typha domingensis (Pers.) Steud. (Typhaceae)

Combefa, mare et dépressions temporaires au lieu-dit le Caral (photo 21), alt. 320 m (J. Mieusset, 24.05.2022).

Absente des flores anciennes, cette massette se distingue de ses proches parents notamment par la couleur de son épi femelle, d’un brun pâle dit « café au lait ». Ses feuilles étroites ont longtemps entretenu sa confusion avec Typha angustifolia L., à épis femelles nettement plus foncés. Observée dans un complexe de dépressions temporairement inondées, cette espèce est inédite pour le département du Tarn.

Photo 21. Typha domingensis, 24.05.2022 ; J. Mieusset (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Ulmus glabra Huds. (Ulmaceae)

Verdalle, ancienne carrière de marbre de Plo del May en forêt d’Hautaniboul, alt. 660 m (N. Leblond, 21.05.2022).

Orme montagnard très peu mentionné dans le Tarn, quoique déjà signalé sur la commune de Verdalle (bords du Bernazobre) en 2015 (LOBELIA, 2023).

 

Verbascum boerhavii L. (Scrophulariaceae)

Bellegarde-Marsal, paroi schisteuse exposée au sud-est en rive gauche du Tarn, face à Longouyrou, alt. 190-230 m (N. Leblond, 25.04.2022).

Molène subméditerranéenne dont la présence en vallée du Tarn avait déjà été mise en évidence à Fraissines et Saint-Grégoire (Menand et al., 2017), puis Courris et Saint-Cirgue (Leblond & Menand, 2021).

 

Verbascum nigrum L. subsp. nigrum (Scrophulariaceae)

Le Vintrou, au bord de la D 161, 400 m. au nord-nord-est de Ventenac, alt. 700 m (F. Bonnet, 11.07.2020).

La Molène noire reste peu mentionnée dans le Tarn, avec moins de dix communes de présence actuelle (LOBELIA, 2023).

 

Veronica acinifolia L. (Plantaginaceae) – LRR VU

Técou, quelques pieds autour d’une culture vers Marlac, alt. 220 m (M. Menand, 09.04.2022).

La Véronique à feuilles de calament est de plus en plus relevée dans le Tarn, mais demeure assez rare. Nous la connaissons maintenant surtout dans le pays de Monclar, autour de Saint-Urcisse (Leblond, 2016 ; Menand et al., 2017), dans le Lauragais vers Puylaurens, Damiatte, Saint-Paul-Cap-de-Joux (Menand et al., 2012 ; Leblond, 2016 ; Leblond et al., 2022), en vallée du Tarn schisteuse (Crespinet ; Menand et al., 2017), en vallée du Cérou à Marnaves (Leblond et al., 2022) et sur les terrasses de l’Agout (vers Lavaur ; Leblond et al., 2022) et du Tarn (vers Gaillac), où cette population de Técou a été observée.

 

Veronica cymbalaria Bodard (Plantaginaceae) – LRR NT

Massals, près de l’église du village (photo 22), alt. 700 m (A. Paris, 01.04.2021) ; Viane, pied de mur exposé plein sud dans la côte du Rocher, alt. 540 m (N. Leblond, 09.03.2022).

Véronique méditerranéenne rarissime dans le département, d’abord découverte à Sorèze au milieu du xixe siècle puis revue sur cette commune en 2019 (Leblond et al., 2020). Mention moderne également à Vielmur-sur-Agout (Leblond, 2016). Bénéficiera peut-être ces prochaines années du réchauffement global, comme on l’observe déjà sur la côte atlantique !

Photo 22. Veronica cymbalaria, 01.04.2021 ; A. Paris (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Viburnum tinus L. (Adoxaceae)

Sorèze, bois clair sur gneiss à la Brugue, alt. 310 m (N. Leblond, 21.05.2022).

La Viorne tin est évidemment une espèce largement cultivée et naturalisée dans le département. On peut cependant s’interroger légitimement sur l’indigénat de cette station du Sorézois, au sein d’un courant méditerranéen ayant apporté Lavandula stoechas L., Smilax aspera L., Quercus coccifera L., pour ne citer que quelques exemples. L’espèce est d’ailleurs donnée indigène dans la Haute-Garonne toute proche (donc considérée comme ayant au moins une station indigène dans le département) par Belhacène (2011).

 

3. Taxons exogènes

Abutilon theophrasti Medik. (Malvaceae)

Montirat, culture sur sable au moulin de Cayrou, en rive gauche du Viaur, alt. 180 m (N. Leblond, 11.08.2022) ; Faussergues, bords de route et abords d’exploitation agricole au lieu-dit l’Herm, alt. 480 m (A. Paris, 22.09.2022).

Étonnante malvacée à fleurs jaunes recensée sur une quinzaine de communes tarnaises (LOBELIA, 2023).

 

Acer saccharinum L. (Sapindaceae)

Mazamet, îlot boisé sur galets et sables du Thoré, au nord du lycée, entre la Combe et Hauterive, alt. 220 m (F. Perriat, 28.06.2022).

Érable nord-américain naturalisé çà et là dans les ripisylves, encore peu noté dans le Tarn.

 

Aegopodium podagraria L. (Apiaceae)

Anglès, accotement à l’embranchement des D 52 et D 52a, aux Terrières Basses, alt. 690 m (N. Leblond, 11.06.2022) ; Sauveterre, ourlet en nappe de l’aire de pique-nique, autour d’un fossé, à l’ouest du Renfort, alt. 300 m (F. Perriat, 30.06.2022).

Espèce uniquement naturalisée dans ses stations d’Anglès et de Sauveterre, déjà observée sur le territoire communal d’Anglès en 2008 (Leblond, 2016).

 

Artemisia annua L. (Asteraceae)

Labruguière, au sein de deux friches alluviales distantes d’environ 300 m sur la rive gauche du Thoré, au nord des lieux-dits En Gasc et le Ga, alt. 180 m (T. Delhotal, 24.08.2022).

Espèce sud-est-européenne-asiatique paraissant en progression dans le Tarn, d’abord découverte à Ambres en 2017 (Menand et al., 2018).

 

Boehmeria cylindrica (L.) Sw. (Urticaceae)

Puylaurens, sur un linéaire d’une quarantaine de mètres en limite de berge rive gauche de l’Agout, cent mètres en aval du pont de Vielmur, face à la microcentrale électrique (photo 23), alt. 150 m (Ph. Durand, 15.09.2022).

Cette urticacée américaine fut d’abord découverte en France à Orgueil (Tarn-et-Garonne) en 2010, sur les bords de la rivière Tarn (Georges et al., 2011). En 2012, l’espèce était à nouveau observée sur le Tarn, à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), soit 9 km en amont de la première population (Georges & Menand, 2016). Il faut attendre 2020 et 2021 pour que de nouvelles stations soient observées, cette fois en aval des premières, sur le fleuve Garonne à Golfech (Georges & Leblond, 2021), Espalais et Merles (Georges et al., 2022). L’hypothèse d’une naturalisation en France depuis les anciennes usines de délainage de Mazamet, formulée par Georges & Menand (2016), semble se préciser avec la découverte de cette population tarnaise sur l’Agout ! Espèce nouvelle pour la flore du département.

Photo 23. Boehmeria cylindrica, 15.09.2022 ; Ph. Durand (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Ceratochloa sitchensis (Trin.) Cope & Ryves (Poaceae)

Murat-sur-Vèbre, ourlet développé sur un talus de bord de route, entre les lieux-dits Cante Auzel et Fontanilles, au pied d’une éolienne, alt. 940 m (Th. Sanz, 16.06.2022) ; Barre, communauté commensale d’un champ de maïs, juste à l’est-nord-est du lieu-dit Puech Pendut, alt. 950 m (Th. Sanz, 13.09.2022).

Brome « aplati » originaire d’Amérique du Nord, d’abord découvert à Anglès en 2018 (Menand et al., 2019). Semble en progression dans les monts de Lacaune et la Montagne Noire, à rechercher dans le Ségala.

 

Clinopodium grandiflorum (L.) Kuntze (Lamiaceae)

Lacaune, abondant au bord d’une piste forestière sur le versant occidental du Plo de Paillargues, 400 m au nord-ouest du col des Fonts (photo 24), alt. 1 040 m (F. Bonnet, 01.07.2020).

Le Calament à grandes fleurs est une superbe espèce montagnarde bien connue sous le nom de Thé d’Aubrac. Puisque répandue dans les montagnes du Nord-Aveyron, les Cévennes, mais également présente (plus rare) dans les Pyrénées orientales, on pourrait espérer la trouver indigène dans les monts de Lacaune. Malheureusement la station citée ici n’est que naturalisée, introduite accidentellement en bord de piste par des camions de bois ou engins de débardage ; elle est en expansion. Espèce nouvelle pour la flore tarnaise.

Photo 24. Clinopodium grandiflorum, 01.07.2020 ; F. Bonnet (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Cotula australis (Sieber ex Spreng.) Hook. f. (Asteraceae)

Cordes-sur-Ciel, très abondant dans la Grand-Rue Raymond-VII (photo 25), alt. 280 m (F. Perriat & C. Domange, 27.02.2022).

Composée sud-africaine nouvelle pour la flore tarnaise. En ex-Midi-Pyrénées, l’espèce n’avait pour l’heure été trouvée qu’en Haute-Garonne, à Peyssies (Belhacène, 2008) et Toulouse (Belhacène et al., 2016).

Photo 25. Cotula australis, 27.02.2022 ; F. Perriat (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Eleusine indica (L.) Gaertn. (Poaceae)

Rivières, plage rive droite du Tarn à Lieurac (photo 26), alt. 120 m (N. Leblond, 02.09.2022).

Dans notre précédente contribution (Leblond et al., 2022), nous indiquions les rares mentions tarnaises d’E. indica comme étant à contrôler suite à la découverte de la proche E. africana Kenn.-O’Byrne. Voici à Rivières une station certaine pour cette espèce (ligules membraneuses, akènes marqués de fortes stries, épis étalés etc.).

Photo 26. Eleusine indica, 02.09.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Elodea nuttallii (Planch.) H. St.John (Hydrocharitaceae)

Courris, eau stagnante rive droite du Tarn tout de suite en aval du pont de Candou, alt. 190 m (N. Leblond, 07.10.2022).

Cette observation invalide notre mention d’E. canadensis Michx. sur la même commune en 2010 (Leblond, 2016). Comme soupçonné dans notre dernière contribution (Leblond et al., 2022), la plante de Courris est E. nuttallii, à feuilles élancées (L/l >> 4). E. canadensis est pour l’heure à supprimer de la flore tarnaise.

 

Erigeron floribundus (Kunth) Sch. Bip. (Asteraceae)

Lacrouzette, voies d’accès en aval du barrage de Lusières, alt. 330 m (S. Puig, 01.07.2022) ; Vielmur-sur-Agout, cultures en bordure de l’Agout au sud du lieu-dit le Ségala, alt. 150 m (S. Puig, 12.07.2022) ; Cuq-Toulza, friche en bordure du Girou à Cante-Loup, alt. 200 m (S. Puig, 12.07.2022) et au sein de zones rudérales de la carrière des Ardennes, alt. 190 m (S. Puig, 04.07.2022) ; Fréjeville, friche à Aupillac, alt. 160 m (S. Puig, 20.06.2022) ; Graulhet, cultures en jachères à l’est du lieu-dit la Graufusié, alt. 200 m (S. Puig, 15.06.2022).

La Vergerette à fleurs nombreuses, originaire d’Amérique et inscrite comme plante invasive « à surveiller » dans le plan régional d’actions (Fontaine et al., 2014), apparaît peu mentionnée dans le Tarn.

 

Impatiens parviflora DC. (Balsaminaceae)

Anglès, talus routier 200 m au nord des Orts, alt. 840 m (N. Leblond, 11.06.2022), bord de piste forestière 250 m au nord de Cors, alt. 800 m (F. Bonnet, 11.07.2020), et au nord de la cote 832, 800 m au nord-est de Cantaussel, alt. 830 m (Ch. Bergès, 03.07.2020).

Petite balsamine à fleurs jaune clair pas encore signalée dans les montagnes d’Anglès, plus répandue en plaine, dans les vallées de l’Aveyron, du Dadou et du Tarn par exemple.

 

Ligustrum ovalifolium Hassk. (Oleaceae)

Mazamet, îlot boisé sur galets et sables du Thoré, au nord du lycée, entre la Combe et Hauterive, alt. 220 m (F. Perriat, 28.06.2022).

Troène d’origine japonaise largement utilisé en horticulture mais encore peu observé échappé dans le milieu naturel dans le Tarn. L’espèce est en revanche répandue dans les vallons du piémont des Pyrénées occidentales (Landes et Pyrénées-Atlantiques, NL, obs. pers.).

 

Lolium ×boucheanum Kunth (Poaceae)

Labruguière, zone de pelouse perturbée par le creusement d’un fossé pour un bassin de collecte, à l’est d’Envieu Neuf et de la N 112, alt. 210 m (J. Garcia & F. Perriat, 17.05.2022).

Hybride anthropogène très cultivé, souvent naturalisé, mais encore peu noté dans le département.

 

Narcissus ×medioluteus Mill. [= N. poeticus L. × N. tazetta L.] (Amaryllidaceae)

Beauvais-sur-Tescou, bordure de prairie en rive gauche du Coulerc, à la Rivière (photo 27), alt. 130 m (N. Leblond, 24.04.2022).

Cet hybride ancien était autrefois utilisé en horticulture, mais n’avait plus été observé à l’état naturalisé depuis longtemps dans le Tarn. Martrin-Donos (1864) ne le signalait que dans un bois de Saint-Urcisse, et Larambergue (1868) dans un pré à Castres. Notre station de Beauvais comporte plusieurs dizaines d’individus.

Photo 27. Narcissus ×medioluteus, 24.04.2022 ; N. Leblond (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Noccaea caerulescens (J. Presl & C. Presl) F.K. Mey. (Brassicaceae)

Saint-Salvy-de-la-Balme, talus rudéralisé de la D 66, près d’une stèle, au nord-est du village, alt. 610 m (Ch. Bergès, 07.04.2022).

Cette station appartient vraisemblablement à la population exogène déjà connue sur les communes de Castres et de Noailhac (Kessler et al., 2016), rattachée à la subsp. calaminaris (Lej.) Holub (taxon inclus dans la variabilité de la sous-espèce caerulescens par les index actuels).

 

Pentaglottis sempervirens (L.) Tausch ex L.H. Bailey (Boraginaceae)

Rouairoux, en abondance sur un talus frais à Kerlo, alt. 360 m (N. Leblond, 26.04.2022).

Superbe boraginacée à fleurs bleues jusqu’alors uniquement signalée à Sorèze, où elle est naturalisée depuis au moins les années 1850 et revue en 2019 (Leblond et al., 2020). Cette espèce atlantique ne semble indigène que dans la péninsule Ibérique, ainsi qu’en Bretagne pour la France.

 

Prunus serotina Ehrh. (Rosaceae)

Boissezon, bord de piste forestière au nord du lac du Pas des Bêtes, alt. 550 m (B. Durand & Th. Rouzière, 04.07.2022).

Espèce déjà observée ici le 27.08.2015 par F. Kessler (LOBELIA, 2023), nouvelle pour la flore exotique tarnaise.

 

Solidago canadensis L. (Asteraceae)

Crespinet, bancs de graviers rive droite du Tarn sous Longouyrou, alt. 180 m (N. Leblond, 13.08.2022).

Dans le Tarn, les populations naturalisées de Solidago correspondent généralement à S. gigantea Aiton (involucres longs, > 3,5 mm, tiges et feuilles caulinaires le plus souvent glabres). Ici à Crespinet, la plante présente des involucres << 3,5 mm, des tiges velues et feuilles velues au revers sur les nervures ; il s’agit sans ambiguïté de S. canadensis. Espèce nouvelle pour la flore exotique tarnaise.

 

Spiraea japonica L. f. (Rosaceae)

Boissezon, bord de piste forestière au nord du lac du Pas des Bêtes, alt. 550 m (B. Durand & Th. Rouzière, 04.07.2022).

Espèce déjà trouvée sur Noailhac (Leblond, 2016), commune limitrophe de Boissezon, ce qui semble indiquer une bonne naturalisation de la plante dans le secteur.

 

Symphyotrichum lanceolatum (Willd.) G.L. Nesom (Asteraceae)

Courris, graviers rive droite du Tarn tout de suite en aval du pont de Candou, alt. 190 m (N. Leblond, 07.10.2022).

Composée paraissant moins fréquente dans le Tarn que son hybride avec S. novii-belgii (L.) G.L. Nesom, nommé S. ×salignum (Willd.) G.L. Nesom. Notre plante de Courris coche tous les critères de S. lanceolatum : hémiligules < 1,2 mm de large, lilas très pâle, bractées involucrales < 0,7 mm de large vers l’apex, les externes < 50% des internes, feuilles non amplexicaules !

 

Trifolium pratense var. sativum Schreb. (Fabaceae)

Viane, accotement de la route du bois de Luc, à mi-chemin entre Faydel et Couloubrac-le-Bas, alt. 800 m (N. Leblond, 06.09.2022).

Cette variété est ici occasionnelle, « tombée du tracteur ». Il s’agit de la forme cultivée, de grande taille (> 50 cm) et à tige creuse.

 

Ulmus laevis Pall. (Ulmaceae)

Mazamet, îlot boisé sur galets et sables du Thoré, au nord du lycée, entre la Combe et Hauterive, alt. 220 m (F. Perriat, 28.06.2022).

Orme supposé ici subspontané car il s’agit d’un contexte urbain pour une espèce classiquement cultivée. Le taxon existe cependant à l’état indigène a minima en vallée de l’Aveyron.

 

Verbena bonariensis L. (Verbenaceae)

Pont-de-Larn, banc de galets en rive droite du Thoré, au sud du lieu-dit la Barque Haute, alt. 210 m (B. Durand, 07.09.2022).

Verveine d’origine sud-américaine de plus en plus observée dans le milieu naturel dans le Tarn !

 

Vitis riparia Michx. × Vitis rupestris Scheele (Vitaceae)

Valence-d’Albigeois, friche au niveau du parking d’un dépôt de matériaux, près du village, alt. 480 m (A. Paris, 13.06.2022) ; Curvalle, rive gauche du Rance en aval du village, bancs de galets, alt. 240 m (A. Paris, 21.06.2022).

Hybride insuffisamment noté dans le Tarn, certainement plus répandu que ne le laissent supposer les six observations récentes (cf. Leblond et al., 2022).

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Tison J.-M. & de Foucault B. (coords), 2014. Flora Gallica. Flore de France. Biotope, Mèze, xx + 1196 p.

Remerciements

Nous remercions Lionel Belhacène, Francis Bonnet, Michel Boudrie, Antoine Chapuis, Rémi Clec’h, Simon Combet, Philippe Durand, Alain Gaston, Flavie Kaës et Jean-Marc Tison pour leurs informations, leur motivation et leur aide toujours précieuse !