À la rencontre de la flore de la partie méridionale de Madagascar

Title

Discovering the flora of southern Madagascar

Résumé

Cet article illustré de près de 90 photos relate la plupart des découvertes botaniques réalisées lors d’un voyage menant d’Antananarivo à Toliara (ou Tuléar) et Tôlagnaro (ou Fort-Dauphin), dans la partie méridionale de l’île de Madagascar.

Abstract

This article, illustrated with almost 90 photos, relates most of the botanical discoveries made during a trip from Antananarivo to Toliara (or Tuléar) and Tôlagnaro (or Fort-Dauphin), in the southern part of the island of Madagascar.

Depuis quelque temps, je consacre quelques publications à des voyages botaniques et/ou phytosociologiques menés dans des pays d’Europe (Grèce péninsulaire), d’Asie (Sri Lanka, Corée du Sud), d’Afrique (Namibie) ou d’Amérique du Sud (Chili, Venezuela) illustrées de photographies. Le présent article s’inscrit dans cette série et porte sur un voyage réalisé dans la moitié sud de Madagascar en 2005. Il visait à relier la capitale Antananarivo (en abrégé Tana’) à Toliara (Tuléar) au sud-ouest et Tôlagnaro (Fort-Dauphin) au sud-est durant la saison sèche, la saison humide rendant difficile tout déplacement à travers l’île. La carte 1 jointe reprend les principales villes étapes de ce voyage. D’un point de vue phytogéographique, au sein de l’empire paléotropical, Takhtajan (1986) distingue la Grande Île comme sous-empire malgache, n’incluant que le domaine malgache avec six provinces, dont trois pour l’île proprement dite.

Pour ce compte rendu botanique, le référentiel suivi est Catalogue of Life (www.catalogueoflife.org).

Carte 1. Principales villes parcourues lors du voyage dans la moitié sud de Madagascar (cadres blancs) ; https://syal.fr/madagascar/cartemadagascar.html

Le départ se fait donc de Tana’ et suit la N 7 vers la première étape, Miandrivaso, via Antsirabe. En route, on longe des villages traditionnels aux maisons de couleur rouge dans un environnement végétal déjà fortement dégradé (photo 1). Quelques plans d’eau accueillent une végétation flottante à Salvinia hastata et Azolla pinnata (photo 2).

Photo 1. Habitats malgaches ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 2. Végétation flottante à Salvinia hastata et Azolla pinnata ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.

De Miandrivazo, on se dirige ensuite vers Morondava sur une route secondaire en passant par Malainbandy. On y passera une journée entière, notamment à la découverte des Adansonia grandidieri de la célèbre allée des baobabs, dépourvus de feuilles à cette saison (photo 3). Ces arbres vivent normalement dans des boisements xérophiles (photo 4), notamment avec des Delonix, dont il ne reste que quelques feuilles dégarnies de leurs folioles et des gousses desséchées (photo 5), des Terminalia aussi en fruits (photo 6). Rappelons que le genre Adansonia inclut huit espèces, dont sept malgaches (A. gregorii est en Australie occidentale), alors que le genre endémique malgache Delonix inclut le beau Flamboyant (D. regia ; photo 7) très cultivé dans les pays tropicaux. L’excursion côtoie des rizières et des marécages où croissent des Marsilea ; selon la récente monographie du genre pour cette île (Bouchart-Dufay et al., 2019), sept espèces peuvent s’y rencontrer et il s’agirait ici de M. globulosa (photo 8). Ces zones marécageuses pourraient compromettre la survie des baobabs, qui sont plutôt xérophiles. Dans les zones plus sèches, on peut observer Fernandoa madagascariensis (photo 9), nos premiers Uncarina (genre endémique de l’île) en fruits (photo 10), plantes redoutables pour les lacets des chaussures auxquels ces fruits se fixent de manière quasiment irréversible, Cryptostegia madagascariensis (photo 11).

Photo 3. Baobabs au soleil couchant à Morondava ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 4. Boisement xérophile à Adansonia grandidieri (Malvaceae) près de Morondava ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 5. Delonix sp. (Fabaceae) en saison sèche ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 6. Terminalia sp. (Combretaceae) en fruit ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 7. Delonix regia (Fabaceae), le Flamboyant ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 8. Marsilea cf. globulosa (Marsileaceae) près de Morondava ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 9. Fernandoa madagascariensis (Bignoniaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 10. Fruits d’Uncarina cf. abbreviataa (Pedaliaceae) près de Morondava ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 11. Cryptostegia madagascariensis (Apocynaceae) près de Morondava ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

Quittant Morondova, on repart vers Miandrivazo, puis on se dirige vers Antsirabe et Ambositra en reprenant la N 7 vers le sud et en faisant une halte au mont Ibity. Ce massif situé à 30 km au sud d’Antsirabe et culminant à 2 255 m est surtout connu pour ses pierres précieuses, dont la tourmaline. Le botaniste peut y observer des forêts xérophiles à Uapaca bojeri (photos 12 et 13), petit arbre localement appelé tapia, taxon dédié à W. Bojer (1797-1856) qui explora l’Afrique tropicale et découvrit le Flamboyant à Madagascar, qu’il introduisit en Asie. On y observe aussi des pointements rocheux sur lesquels croissent des taxons xérophiles tels que Xerophyta dasylirioides (photo 14), Kalanchoe integrifolia (photo 15), Dialypetalum compactum (photo 16), Thesium cf. leandrianum (photo 17), Cyanotis speciosa subsp. speciosa (photo 18) ; on se souvient avoir déjà rencontré le genre Xerophyta en Namibie (de Foucault, 2023).

Photo 12. Boisement d’Uapaca bojeri au mont Ibity ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 13. Uapaca bojeri (Phyllanthaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 14. Xerophyta dasylirioides (Velloziaceae) au mont Ibity ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 15. Kalanchoe integrifolia (Crassulaceae) au mont Ibity ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 16. Dialypetalum compactum (Campanulaceae) au mont Ibity ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 17. Thesium cf. leandrianum (Santalaceae) au mont Ibity ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.  
Photo 18. Cyanotis speciosa subsp. speciosa (Commelinaceae) au mont Ibity ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

L’étape suivante, toujours en se dirigeant vers le sud, mène d’Ambositra à Fianarantsoa. Cette dernière ville permet de rejoindre l’océan Indien grâce à un antique train plus ou moins touristique brinquebalant, mais ce n’est pas l’itinéraire qui a été finalement choisi après réflexion, nous avons préféré aller vers le Parc national de Ramonafana, à soixante kilomètres au nord-est de Fianarantsoa. La forêt qui y est préservée se rattache aux forêts ombrophiles de la façade orientale de l’île. On peut y observer Cynorkis purpurea (photo 19), Cardamine africana (photo 20), Pterophylla rutenbergii (photo 21), Exacum quinquenervium (photo 22), des épiphytes comme Phlegmariurus cavifolius et Ph. megastachyus (photos 23 et 24), des Rhipsalis (le seul genre de Cactaceae spontané en dehors de l’Amérique ; photo 25), des Angraecum (photo 26), à fleurs munies d’un très long éperon qui ont permis à Darwin de prédire que les fleurs d’Asesquipedale, par exemple, devaient être pollinisées par un sphinx à très longue trompe qui fut découvert ultérieurement et nommé Xanthopan morganii praedicta. On peut y observer aussi des ruisseaux à eau rapide colonisés par des Hydrostachyaceae, famille monogénérique de vingt-deux espèces sud-africaines et malgaches (photos 27 et 28), des roselières à Typhonodorum lindleyanum (photo 29), taxon par ailleurs naturalisé à la Réunion. Un des grands intérêts de cette forêt est aussi de montrer de beaux exemples de végétation arborescente secondaire colonisant des clairières ouvertes dans la forêt primaire et caractérisée par Ravenala madagascariensis (photo 30), homologue d’autres forêts secondaires locales où interviennent Anthocleista madagascariensis (Gentianaceae), des Macaranga (Euphorbiaceae).

Photo 19. Cynorkis purpurea (Orchidaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 20. Cardamine africana (Brassicaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 21. Pterophylla rutenbergii (Cunoniaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 22. Exaculum quinquenervium (Gentianaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 23. Phlegmariurus cavifolius (Lycopodiaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 24. Phlegmariurus megastachyus (Lycopodiaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 25. Rhipsalis sp. (Cactaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 26. Angraecum sp. (Orchidaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 27. Hydrostachys multifida (Hydrostachyaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 28. Hydrostachys imbricata (Hydrostachyaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 29. Roselière à Typhonodorum lindleyanum (Araceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 30. Forêt secondaire à Ravenala madagascariensis (Strelitziaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

L’étape suivante mène de Ranomafana à Fianarantsoa puis Ambalavao, journée durant laquelle on fait connaissance avec des Streptocarpus, genre africano-malgache d’environ 130 espèces (photo 31), on côtoie des inselbergs colonisés par des végétaux xérophiles, dont des Ischnolepis et Pachypodium densiflorum (photos 32 et 33), à nouveau des Xerophyta (photo 34).

Photo 31. Streptocarpus cf. thompsonii (Gesneriaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 32. Ischnolepis graminifolia (Apocynaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 33. Pachypodium densiflorum (Apocynaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 34. Xerophyta pectinata (Velloziaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

De Ambalavao, on reprend maintenant la N 7 pour l’étape suivante de Ranohira, à partir de laquelle on pourra parcourir le massif de l’Isalo. Inclus dans le parc national homonyme, ouvert en 1962, occupant plus de 81 000 ha et culminant à 1 268 m, ce massif de grès jurassique héberge une grande diversité de faune et de flore.

Les fissures des rochers sont colonisées par Ficus menabeensis, associé à des ptéridophytes (photos 35 et 36). Parmi les arbres présents, on peut citer le palmier Bismarckia nobilis (Arecaceae), Asteropeia labatii (photo 37 ; seul genre de la famille endémique malgache des Asteropeiaceae, qui renferme sept autres espèces), un Vangueria (photo 38), Tambourissa cf. purpurea (photo 39), Neocussonia bojeri (photo 40), Harungana madagascariensis (photo 41) et, parmi les arbustes, arbrisseaux et plantes grimpantes, Dodonaea madagascariensis (photo 42), Xerochlamys bojeriana (Sarcolaenaceae, autre famille endémique malgache ; photo 43), à nouveau Ischnolepis graminifolia (photo 32), Pachypodium rosulatum (photo 44), Anthospermum emirnense (photo 45), Paederia majungensis (photo 46), Lygodium lanceolatum (photo 47). Au bord de certains cours d’eau, s’étend un fourré à Pandanus ambongensis (Pandanaceae ; photo 48), parfois associé à Dypsis decipiens (photo 49). Enfin, parmi les plantes plus basses, souvent xérophiles, on peut noter la présence d’Aloe isaloensis (photo 50), Catharanthus ovalis subsp. grandiflorus (photo 51), Kalanchoe synsepala (photo 52), de nouveau des Xerophyta.

Photo 35. Rochers de grès colonisés par Ficus menabeensis (à gauche, Moraceae) dans l’Isalo ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 36. Ficus menabeensis (Moraceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 37. Asteropeia labatii (Asteropeiaceae) dans l’Isalo ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 38. Vangueria sp. (Rubiaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 39. Tambourissa cf. purpurea (Monimiaceae) dans l’Isalo ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 40. Neocussonia bojeri (Araliaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 41. Harungana madagascariensis (Hypericaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 42. Dodonaea madagascariensis (Sapindaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 43. Xerochlamys bojeriana (Sarcolaenaceae) dans l’Isalo ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 44. Pachypodium rosulatum (Apocynaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 45. Anthospermum emirnense (Rubiaceae) dans l’Isalo ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 46. Paederia majungensis (Rubiaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 47. Lygodium lanceolatum (Lygodiaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 48. Fourré hygrophile à Pandanus ambongensis ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 49. Dypsis decipiens (Arecaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 50. Aloe isaloensis (Asphodelaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 51. Catharanthus ovalis subsp. grandiflorus (Apocynaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 52. Kalanchoe synsepala (Crassulaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

Quittant Ranohira, on poursuit sur la N 7 en traversant Sakaraha, ville de vente de pierres précieuses extraites des environs et sans autre intérêt, pour arriver à Ifaty, au bord du canal du Mozambique. C’est l’occasion de faire connaissance avec le genre Xerosicyos (Cucurbitaceae), endémique de l’île, incluant six espèces dont trois représentées aux photos 53 à 55 (Humbert, 1944), accompagnées de Salvadora angustifolia (photo 56), Rhinacanthus nasutus (photo 57), Jatropha mahafaliensis (photo 58), et deux Didiereaceae, belle famille endémique de Madagascar (et sud de l’Afrique si on y inclut les Portulacaria) au sein des Caryophyllales, Didierea madagascariensis (photo 59) et Alluaudiopsis marnieriana (photo 60). La végétation des savanes de cette région a fait l’objet de travaux phytoécologiques, plus que vraiment phytosociologiques, de la part de Morat (1973).

Photo 53. Xerosicyos perrieri ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 54. Xerosicyos tripartitus ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 55. Xerosicyos danguyi ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 56. Salvadora angustifolia (Salvadoraceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 57. Rhinacanthus nasutus (Acanthaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 58. Jatropha mahafaliensis (Euphorbiaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 59. Didierea madagascariensis (Didiereaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 60. Alluaudiopsis marnieriana (Didiereaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

Ifaty ne se situe qu’à une vingtaine de kilomètres de Toliara (Tuléar), là où s’achève la N 7. Après une journée passée dans cette dernière petite ville, nous allons viser Tôlagnaro (ou Taolagnaro, Fort-Dauphin) en repartant sur la N 7, puis en quittant celle-ci pour prendre une piste se dirigeant vers le sud-est, ce qui nécessite de troquer notre véhicule ordinaire contre un autre plus adapté à la piste, de type 4 × 4. Arriver à Tôlagnaro demande deux journées (pour un peu plus de cinq cents kilomètres), avec une étape à Ampanihy. Cette piste traverse de belles formations végétales arbustives xérophiles à Aloe (photos 61 et 62) et Commiphora (photo 63) arbustifs, Pachypodium rutenbergianum (photo 64), Didiereaceae, Euphorbiaceae cactiformes (photos 65 et 66).

Photo 61. Aloe divaricata (Asphodelaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 62. Aloe vaombe (Asphodelaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 63. Commiphora sp. (Burseraceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 64. Pachypodium rutenbergianum (Apocynaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 65. Fourrés xérophiles du sud de Madagascar (Aloe, Didiereaceae…) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 66. Fourrés xérophiles du sud de Madagascar (Euphorbia, Didiereaceae…) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

Nous passerons deux journées entières à Tôlagnaro en explorant la ville et la nature, en allant notamment parcourir le pic Saint-Louis (529 m d’altitude). Ces explorations permettent de rencontrer Eliea articulata (photo 67), un nouveau représentant des Sarcolaenaceae, Sarcolaena delphinensis (photo 68), Hibbertia coriacea (photo 69), seul représentant malgache d’un genre qui compte cent-dix espèces en Australie. On a enfin pu parcourir un petit marais où Nepenthes madagascariensis accompagne un lycopode rampant, sans doute du genre Pseudolycopodiella qui renferme deux espèces dans l’île, Ps. affinis et Ps. tuberosa (photo 70) ; ce Nepenthes est l’un de deux représentants du genre à Madagascar, le second étant N. masoalensis localisé au nord-est, surtout dans la péninsule éponyme de l’épithète spécifique.

Photo 67. Eliea articulata (Hypericaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 68. Sarcolaena delphinensis (Sarcolaenaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 69. Hibbertia coriacea (Dilleniaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 70. Marais à Nepenthes madagascariensis et Pseudolycopodiella sp. ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND 

Le retour vers Tuléar se fait en trois petites journées, en passant par Betanty et Faux-Cap, presqu’à l’extrême sud de la Grande Île, où nous rencontrons Barleria her (photo 71), Buddleja fragifera (photo 72), Euphorbia stenoclada (photo 73), Kalanchoe beauverdii (photo 74), Sicyocarpus verrucosus (photo 75), Dypsis decaryi (photo 76), Lycium acutifolium (photo 77), puis Ampanihy.

Photo 71. Barleria her (Acanthaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 72. Buddleja fragifera (Scrophulariaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 73. Euphorbia stenoclada (Euphorbiaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 74. Kalanchoe beauverdii (Crassulaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 75. Sicyocarpus verrucosus (Apocynaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 76. Dypsis decaryi (Arecaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 77. Lycium acutifolium (Solanaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

À Toliara nous retrouvons notre véhicule initial et le retour vers la capitale se fait en trois jours via Ambalavao et Antsirabe. Les trois dernières journées de notre voyage se passent donc à Tana’. On en profite pour aller jusqu’à Ambohimanga, à une vingtaine de kilomètres au nord, où se trouve le palais royal fortifié (rova) des anciens rois de Madagascar inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco (photo 78) ; le long de la route, on se penche sur un petit marais à Utricularia et Drosera madagascariensis (photo 79). Quelques dernières découvertes ont lieu au Parc botanique et zoologique de la capitale, auquel reste attaché le nom du botaniste Pierre Boiteau (1911-1980), le père de Lucile Allorge-Boiteau (1937-2023), botaniste attachée au Muséum national d’histoire naturelle de Paris et spécialiste de la flore malgache, notamment des Apocynaeae. On a pu découvrir aussi deux représentants de familles endémiques, Rhopalocarpus coriaceus, malheureusement seulement en feuilles, et Sarcolaena oblongifolia (photos 80 et 81), ainsi que Xerophyta eglandulosa (photo 82) sur un inselberg proche de la ville.

Photo 78. L’entrée du palais royal d’Ambohimanga ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 79. Drosera madagascariensis (Droseraceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 80. Rhopalocarpus coriaceus (Sphaerosepalaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 81. Sarcolaena oblongifolia (Sarcolaenaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.
Photo 82. Xerophyta eglandulosa (Velloziaceae) ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 

En conclusion, ce beau voyage dans la moitié sud de Madagascar a donc permis de rencontrer des représentants de familles endémiques ou à extension géographique limitée, dans leur milieu naturel : Asteropeiaceae, Didiereaceae, Hydrostachyaceae, Sarcolaenaceae, Sphaerosepalaceae, de genres xérophiles parfois déjà rencontrés dans des voyages antérieurs (Eliea, Kalanchoe, Pachypodium, Xerophyta). Il ne faut pas oublier que l’intérêt naturaliste de la Grande Île s’étend aussi à la faune, celle-ci souvent plus difficile à approcher, des Lémuriens (photos 83 et 84), des tortues terrestres (photo 85), des caméléons, des Mammifères insectivores comme le Tenrec (introduit à la Réunion ; photo 86). Il faut enfin rappeler que l’île hébergea des Ratites du genre Æpyornis, renfermant deux espèces sans doute disparues dès l’an mille ou au plus tard au xviiie siècle, Æ. hildebrandtii et Æ. maximus, dont on peut retrouver des coquilles d’œuf brisées, notamment sur la plage de Faux-Cap, à l’extrême sud (photos 87 et 88).

Photo 83. Lemur catta ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 84. Eulemur fulvus ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 85. Astrochelys radiata près d’Ifaty ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 86. Tenrec ecaudatus à La Réunion ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 87. Coquilles d’œuf d’Æpyornis à Faux-Cap ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND. 
Photo 86. Œuf fossile d’Æpyornis reconstitué dans un musée ; B. de Foucault, CC-BY-NC-ND.

Bibliographie

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Humbert H., 1944. Les Cucurbitacées-Févillées de Madagascar. Bulletin de la Société botanique de France 91 (7-9) : 166-171.

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