Compte rendu de la sortie batologique du groupe Rubus de la SBOcc : la vallée d’Aure dans les Pyrénées centrales

Title

Report of the batological excursion of the Rubus group of the SBOcc: the vallée d’Aure in the Central Pyrénées

Résumé

Le genre Rubus, en raison de sa complexité, est souvent délaissé par les botanistes malgré son potentiel d’étude intéressant. Pour remédier à ce désintérêt et encourager les échanges sur ce genre, un groupe dédié à la batologie a vu le jour au sein de la Société botanique d’Occitanie en 2021. Après deux sessions de terrain (2021 et 2022) dans le Haut-Languedoc, une troisième session a été organisée du 8 au 10 juillet 2023 dans la vallée d’Aure (département des Hautes-Pyrénées). Cette troisième session avait pour objectif de retrouver des ronces décrites par Henri Sudre il y a plus d’un siècle. Les prospections ont été fructueuses avec vingt-trois espèces retrouvées. Une clé de détermination des Rubus du secteur a été proposée.

Abstract

The Rubus genus often gets overlooked by botanists due to its complexity, despite its intriguing study prospects. In a effort to address this lack of attention and foster discussions surrounding this genus, a specialized batology group was established within the Botanical Society of Occitanie in 2021. Following two excursions (2021 and 2022) in Haut-Languedoc, a third session took place from July 8 to 10, 2023 in the Aure valley (Hautes-Pyrénées). This session aimed to find brambles described by Henri Sudre more than a century ago. The research was a success with twenty three species found. A key for determining the Rubus found in the area has been proposed.

1. Introduction

Après deux années à appréhender la batologie en Montagne Noire, l’équipe des batologues de la SBOcc, maintenant bien constituée (Lionel Belhacène, Olivier Argagnon, Christophe Bergès, Clara Gritti, Rémy Humbert et Gérard Rey) et enrichie par quelques nouveaux participants parfois venus à la journée (Catherine Pierrard, Gilles Corriol et Hugues Lechenne) (photo 1), s’est intéressée à l’étude des ronces dans les Pyrénées. Henri Sudre ayant déjà travaillé sur cette chaîne montagneuse entre les années 1898 et 1903, nous avions quelques pistes pour herboriser. Nous avons choisi de partir dans la vallée d’Aure, dans le département des Hautes-Pyrénées, car Sudre y avait décrit plusieurs dizaines de taxons. C’était donc à nous maintenant de les retrouver et de mieux comprendre la bato-flore de cette région centrale des Pyrénées.

Le climat de cette année 2023 était beaucoup plus agréable et plus propice à trouver de belles ronces en plein développement que celui des années précédentes. C’est donc avec encore plus d’enthousiasme que l’équipe est partie à la conquête des épineuses plantes de cette vallée. Installés dans un sympathique logement de la commune de Vieille-Aure, presses à herbiers prêtes, sécateurs affûtés, sacs empilés, nous voici prêts pour nos recherches.

Photo 1. Le groupe « en chasse » ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

2. Descriptif de la zone prospectée

La zone étudiée se trouve dans les Pyrénées centrales, à l’est du département des Hautes-Pyrénées, à la frontière avec le département de la Haute-Garonne. Cette vallée, plutôt alignée nord-sud en aval, commence au nord par le plateau de Lannemezan pour se terminer à la frontière espagnole en suivant la rivière Neste d’Aure. Pour nos pérégrinations, elles se sont arrêtées après un virage plein ouest au niveau de la commune de Saint-Lary-Soulan, sur la commune d’Aragnouet. De là, les parties beaucoup plus montagneuses et élevées commencent, avec les limites du parc national des Pyrénées. Troumouse, Néouvielle, pic Méchant, Arbizon et mont Né sont les sommets qui nous entourent. Le domaine étudié se situe en fait, au sein de cette vallée, entre les communes de Fréchet-Aure en aval (environ 650 m d’altitude) à la chapelle d’Aragnouet en amont (vers 1 360 m environ). Nous avons aussi prospecté trois vallées adjacentes que Sudre avait aussi arpentées : la vallée du Louron jusqu’à Loudenvielle, la vallée de Barrancoueu et la vallée d’Aulon.

 

Climat – L’ensemble de nos prospections a été fait dans un climat caractérisé comme « climat de montagne ». Des petites différences, principalement dues aux reliefs alentour et à l’altitude, peuvent être mises en évidence. La pluviométrie est souvent assez faible pour ces altitudes, surtout dans la vallée entre Arreau et Saint-Lary-Soulan. Elle augmente en amont de cette vallée. De même, la vallée du Louron est elle aussi plus humide, car un peu plus encaissée et moins ventée du fait des reliefs qui la bordent.

 

Géologie (très simplifiée) – Nous pouvons constater trois entités majeures sur notre aire de jeu. Tout d’abord, la vallée d’Aure proprement dite, entre Arreau et Saint-Lary-Soulan, ainsi que le fond de la vallée du Louron sont constitués d’alluvions glaciaires datant du Quaternaire. Ensuite, des roches granitiques ou magmatiques sont présentes dans la vallée du Louron entre Bordères et Arreau. Le reste de nos prospections a été fait dans un contexte de calcaires et schistes du Primaire. La géologie fine du secteur est cependant beaucoup plus complexe et nous n’avons pas les compétences pour la présenter ici.

 

3. Les prospections

Les espèces rencontrées sont détaillées ci-après pour chaque jour et chaque arrêt (carte 1).

Carte 1. Localisation des pointages réalisés du 08 au 10 juillet 2023 ; C. Gritti, CC-BY-NC-ND.

Samedi 8 juillet

Arrêt 1 : chapelle des Templiers (Aragnouet : alt. 1 330 m) : R. idaeus L., R. spinoproximus L. Belhacène.

Arrêt 2 : pont traversant la Neste (Aragnouet : alt. 1 260 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. aurensis (Sudre) K. Schum. & Fedde.

Arrêt 3 : Boucagnère (Aragnouet : alt. 1 210 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. macrostemon sensu Sudre et une ronce de la section Pallidi non déterminée.

Arrêt 4 : centrale électrique de Fabian (Aragnouet : alt. 1 120 m) : R. aurensis (Sudre) K. Schum. & Fedde, R. elongatispinus Sudre, R. hispidulus Genev. sensu Sudre, R. idaeus L., R. macrostemon sensu Sudre, R. omalus (Sudre) Sudre, R. spinoproximus L. Belhacène, R. ulmifolius Schott et une ronce de la section Corylifolii non déterminée (ni récoltée), ainsi qu’une de la section Pallidi, proche de R. omalus, mais non déterminée.

Arrêt 5 : le pont de Moudang (Aragnouet : alt. 1 050 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. belhacenei A. Beek & D.P. Mercier (nouveau nom de R. pilifer sensu Sudre déjà rencontré lors des deux premières sessions), R. elongatispinus Sudre, R. hirtus (gr.) Waldst. & Kit., R. idaeus L., R. spinoproximus L. Belhacène. R. timballagravei P.J. Müll. ex Boulay.

Arrêt 6 : Tramezaïgues (Tramezaïgues : alt. 950 m) : R. martrinii Sudre, R. spinoproximus L. Belhacène.

Cette journée a été l’occasion de voir une quinzaine de ronces différentes. Treize ont pu être nommées, dont trois qui n’avaient pas été revues depuis 1903 (R. aurensis, R. omalus, R. spinoproximus).

 

Dimanche 9 juillet

Arrêt 1 : bord de D 618 (Cazaux-Debat : alt. 665 m) : R. difficilis Sudre, R. elongatispinus Sudre, R. cf. emollitiformis Sudre, R. martrinii Sudre, R. spinoproximus L. Belhacène, R. timballagravei P.J. Müll. ex Boulay.

Arrêt 2 : bains de la Prade (Cazaux-Debat : alt. 800 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. aurensis (Sudre) K. Schum. & Fedde, R. crassiramus Sudre, R. elongatispinus Sudre, R. emollitus Sudre, R. martrinii Sudre, R. spinoproximus L. Belhacène, R. ulmifolius Schott, R. valdeproximus Sudre ex K. Schum., R. vallium (Sudre) Prain.

Arrêt 3 : déchetterie (Bordères-Louron : alt. 870 m) : R. canescens DC., R. difficilis Sudre, R. elongatispinus Sudre, R. idaeus L., R. martrinii Sudre, R. thyrsanthus sensu Sudre, R. timballagravei P.J. Müll. ex Boulay, R. valdeproximus Sudre ex K. Schum., R. vallium (Sudre) Prain.

Arrêt 4 : Amont du plan d’eau d’Avajan (Vielle-Louron : alt. 915 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. idaeus L., R. martrinii Sudre, R. timballagravei P.J. Müll. ex Boulay et une ronce de la section Pallidi, non déterminée, mais qui ressemble beaucoup à une part d’herbier de Sudre récoltée à Arreau : R. helveticus Greml. var. pyreneicolus Sudre (non décrite).

Arrêt 5 : route forestière de la Pale (Ris : alt. 1 040 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. aurensis (Sudre) K. Schum. & Fedde, R. idaeus L., R. omalus (Sudre) Sudre, R. timballagravei P.J. Müll. ex Boulay, R. ulmifolius Schott.

Arrêt 6 : bord de D 112 (pont de Lastie ; alt. 800 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. crassiramus Sudre, R. omalus (Sudre) Sudre, R. spinoproximus L. Belhacène, R. subsimilis (Sudre) B.D. Jacks., R. ulmifolius Schott.

Arrêt 7 : piste en amont de Barrancoueu (Barrancoueu : alt. 900 m) : R. amplistipulus Sudre ex B.D. Jacks., R. aurensis (Sudre) K. Schum. & Fedde, R. barrancoennensis Sudre, R. belhacenei A. Beek & D.P. Mercier, R. subsimilis (Sudre) B.D. Jacks., R. timballagravei P.J. Müll. ex Boulay, R. ulmifolius Schott.

En cette promenade dominicale, nous avons pu nommer dix-neuf ronces différentes sur les vingt rencontrées, dont neuf n’avaient pas été retrouvées depuis cent-vingt ans (R. barrancoennensis, R. crassiramus, R. difficilis, R. cf. emollitiformis, R. emollitus, R. subsimilis, R. thyrsanthus, R. valdeproximus, R. vallium).

 

Lundi 10 juillet

Arrêt 1 : parking du village et chemin du pont Ribes (Aulon : alt. 1 260 m) : R. schistophilus (Sudre) Prain, R. tramitum Sudre, R. valdeproximus Sudre ex K. Schum.

Arrêt 2 : pont de Lascouère (Guchen : alt. 1 260 m) : R. schistophilus (Sudre) Prain, R. tramitum Sudre et deux autres ronces de la section Pallidi que nous n’avons pas pu identifier.

Arrêt 3 : bord de la D 30 (Guchen : alt. 1 050 m) : R. tramitum Sudre.

Arrêt 4 : centrale hydro-électrique (Guchen : alt. 840 m) : R. elongatispinus Sudre, R. omalus (Sudre) Sudre, R. tramitum Sudre.

Arrêt 5 : entre la D 929 et la voie ferrée (Fréchet-Aure : alt. 700 m) : R. aurensis (Sudre) K. Schum. & Fedde, R. martrinii Sudre, R. pedatifolius Genev., R. pyrenaicus (Sudre ex Boulay) Prain, R. ulmifolius Schott.

Cette dernière journée nous a permis de voir encore une dizaine de ronces différentes dont trois qui n’avaient pas été mentionnées depuis Henri Sudre (R. pyrenaicus, R. schistophilus et R. tramitum).

Lors des deux journées de préparation pour cette session, certains d’entre nous ont pu aussi voir d’autres espèces : il s’agit entre autres de R. semifecundus Sudre (Jézeau, le 04/07/2023) et R. guchenensis L. Belhacène (Cazaux-Debat, le 28/06/2023).

 

Le bilan chiffré de ces trois jours est très intéressant avec 29 ronces que nous avons pu identifier (et souvent nommer) dont 17 qui n’avaient pas été revues depuis au moins 120 ans. Nous avons aussi volontairement mis de côté un bon nombre de ronces croisées lors de ce séjour. En effet, lors de prospections ainsi ciblées, il est impératif de ne pas prendre en compte les pieds qui paraissent franchement hybrides (ceux qui ne produisent pas de fruits). De même, certaines ronces des sections Pallidi et Glandulosi ont été un peu négligées car souvent proches les unes des autres et non répétitives.

 

4. Les découvertes et redécouvertes

La vallée d’Aure, comme pratiquement l’ensemble des Pyrénées françaises, ne semble pas avoir été étudiée « batologiquement » depuis les passages de Henri Sudre entre 1898 et 1903. Cet éminent batologue, malgré des passages brefs et souvent uniques dans diverses vallées des Pyrénées françaises, a récolté et nommé de nombreuses ronces. L’étude de son herbier a permis de constater que plus de 80 taxons ont été découverts, parfois nommés et décrits dans cette vallée. Parmi ce lot important de ronces, certaines ne sont que des hybrides stériles ou de simples buissons isolés (ou apparemment isolés). Le but de ces trois jours était de retrouver une partie d’entre elles et surtout de repérer les plus courantes et les plus répétitives, celles qui peuvent prétendre à être considérées comme de bonnes espèces apomictiques. Il est donc normal de constater que les ronces rencontrées lors de cette session sont très souvent, pour la grande majorité, des redécouvertes datant de plus d’un siècle.

Commençons d’abord par les ronces les plus répandues, celles que nous avons pu voir en plusieurs endroits et que Sudre avait aussi rencontrées. En se basant sur les écrits de ce botaniste et par ordre alphabétique de ses épithètes, nous présentons ici la liste commentée de ces ronces retrouvées. Les fiches de présentation de chaque taxon seront disponibles d’ici quelque temps sur le site de la SBOcc.

 

Rubus amplistipulis Sudre ex B.D. Jacks. (Int. Cat. Sci. Lit., M, Bot. 1 (2) : 425, 1903) ; planche 1

C’est une ronce qui a été intégrée dans la section des Discolores par Sudre. Il serait peut-être préférable de la placer dans celle des Corylifolii, mais cela ne fait que mettre en évidence le côté arbitraire de ces sections.

C’est une ronce plutôt arquée, à primocanne à faces convexes ou planes (rarement à peine concave par endroits), plutôt glaucescente et glabre ou presque. Cette primocanne, comme toute la plante, est non glanduleuse. Elle possède des aiguillons forts, plutôt égaux, droits ou inclinés (parfois à peine courbés). Les feuilles de la primocanne ont cinq folioles assez fermes, se chevauchant souvent un peu les unes sur les autres, et blanches tomenteuses sur leur face inférieure. Les stipules ont la particularité d’être nettement élargies en leur centre (c’est en cela qu’elle tient un peu de la section Corylifolii et aussi que vient son nom). La foliole terminale est très largement ovale à obovale (suborbiculaire). L’inflorescence, en pyramide assez large, présente des fleurs à beaux pétales roses et assez larges et des filets d’étamine blancs supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie bien et les lobes du calice sont alors réfléchis.

Nous l’avons rencontrée lors de nombreux arrêts. Elle est commune dans cette vallée et est aussi présente dans une grande partie des Pyrénées. Nous la connaissons actuellement (malgré de trop peu nombreuses études), depuis la vallée d’Aure à l’ouest jusque dans le Couserans en Ariège à l’est. Elle est aussi bien présente dans la partie centrale de son aire actuelle : la partie pyrénéenne de la Haute-Garonne. Elle se rencontre apparemment de 500 à 1 300 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 1. Rubus amplistipulis Sudre ex B.D. Jacks ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus aurensis Sudre ex K. Schum. (Just’s Bot. Jahresb. 29 (1) : 557, 1903) ; planche 2

C’est une ronce qui a été intégrée dans la sous-section des Discoloroides par Sudre. Elle est aujourd’hui à placer dans la section Rhamnifolii ou Discolores.

C’est une ronce à port arqué, à primocanne à faces plutôt planes (rarement à peine concave par endroits), et un peu poilue. Cette primocanne, comme toute la plante, est non glanduleuse. Elle possède des aiguillons forts, plutôt égaux, même si quelques rares micro-aiguillons peuvent exister, droits ou inclinés et assez fins. Les feuilles de la primocanne ont cinq folioles, nettement poilues sur le dessus et grises ou blanches tomenteuses et douces au toucher sur leur face inférieure. Les stipules sont fines. La foliole terminale est nettement obovale, entière ou presque à la base, molle et très poilue et à dents larges et assez grosses. L’inflorescence, en épi large, présente de nombreuses fleurs à pétales obovales, assez distants les uns des autres et blancs. Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie moyennement et les lobes du calice sont alors assez mal réfléchis.

Nous l’avons rencontrée tous les jours en plusieurs endroits. Elle est commune dans cette vallée. Sudre notait sa présence aussi dans le Luchonnais en plusieurs endroits. Elle reste à retrouver dans le Luchonnais et à rechercher dans les vallées proches et ailleurs dans les Pyrénées. Cette ronce nous était déjà connue de la plaine de la Garonne dans la forêt d’Eaunes (proche de Muret). Sudre l’avait déjà mentionnée dans cette partie du département. Nous attendions de la connaître de sa localité type pour savoir si réellement c’était la même espèce ou pas. Il apparaît que Sudre avait raison. Rien ne permet de différencier les plantes de la vallée d’Aure de celles de la forêt d’Eaunes. Elle serait donc aussi à rechercher dans l’ensemble des plaines des départements concernés (Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne). Elle se rencontre donc de 200 à 1 300 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 2. Rubus aurensis Sudre ex K. Schum. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

 

Rubus crassiramus Sudre (Bull. Ass. Fr. Bot. 4 (44-45) : 233, 1901) ; planche 3

C’est une ronce qui a été intégrée dans la sous-section des Discoloroides par Sudre. Elle est aujourd’hui à placer dans la section Rhamnifolii ou Discolores.

C’est une ronce à port arqué ou un peu couché, à primocanne à faces plutôt planes ou un peu concaves, et modérément poilue. Cette primocanne, comme toute la plante, est non glanduleuse. Elle possède des aiguillons forts, plutôt égaux, même si quelques rares micro-aiguillons peuvent exister, inclinés-courbés. Les feuilles de la primocanne sont majoritairement à cinq folioles, mais des feuilles à trois ou quatre folioles sont généralement aussi présentes. Elles sont glabres sur le dessus et grises ou blanches tomenteuses et très épaisses et douces au toucher sur leur face inférieure. En les touchant, on peut avoir la sensation de cuir sur le dessus et de velours sur le dessous. Les stipules sont assez fines. La foliole terminale est obovale, tronquée ou un peu échancrée à la base et à dents petites et régulières. L’inflorescence, en épi large, présente de nombreuses fleurs à pétales obovales, assez distants les uns des autres et blancs.  Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie moyennement et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors assez mal réfléchis.

Nous l’avons rencontrée en trois endroits, principalement dans la vallée du Louron. Elle semble assez commune dans cette vallée. Elle reste à rechercher dans les vallées proches et ailleurs dans les Pyrénées. Elle se rencontre de 700 à 1 100 mètres d’altitude (estimation avec les connaissances actuelles).

Planche 3. Rubus crassiramus Sudre ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus densispinus Sudre (Bull. Acad. Int. Géogr. Bot. 12 (159) : 94, 1903), nom. prov., non R. densispinus Sudre ex Bouvet (C. R. Assoc. Franç. Avancem. Sci. : 686, 1903)

Cette ronce a été décrite par Sudre en 1903 dans les Excursions batologiques dans les Pyrénées. Il l’a nommée Rubus densispinus. Cependant, ce nom est alors provisoire car non rattaché à un rang (espèce, sous-espèce ou variété par exemple). Il faut généralement attendre son Analyse des Rubus des Pyrénées qui paraît en 1904 pour qu’Henri Sudre statue correctement sur ses noms. Pour cette ronce, le problème vient que, dans un article de Bouvet de 1903 (Rubus de l’Anjou, résumé des faits acquis), ce dernier reprend le nom de Rubus densispinus Sudre, en lui donnant une validité en tant qu’espèce, mais en lui rapprochant une ronce d’Angers, qui certes est proche, mais qui n’est pas celle des Pyrénées. De ce fait, le taxon « Rubus densispinus » ne peut plus être admis pour la ronce que Sudre avait décrite en vallée d’Aure. Il faut lui donner un nouveau nom. C’est ce que nous allons faire ici.

 

Rubus spinoproximus L. Belhacène, sp. nov.

Distinct from Rubus densispinus Sudre ex Bouvet (C. R. Assoc. Franç. Avancem. Sci. : 686, 1903) by the primocane prickles less inclined, rather straight. The biggest differences are in the flowers: the filaments of the stamens are clearly exceeding the styles, while they are given as equaling the styles for the Bouvet’s bramble; also, the sepals are clearly applied to the fruit, while they are just spread out for the Bouvet’s bramble.

(Aiguillons de la primocanne moins inclinés, plutôt droits. Les grandes différences se faisant encore plus au niveau des fleurs qui possèdent des filets des étamines nettement supérieurs aux styles, alors qu’ils sont donnés comme égalant les styles pour la ronce de Bouvet, mais aussi au niveau des sépales qui sont nettement appliqués sur le fruit alors qu’ils sont juste étalés pour la ronce de Bouvet.)

Holotype désigné ici : (Herbier Sudre conservé au Jardin botanique de Bordeaux) BORD_SU_035_020 : « Herbier H. Sudre, 2324, identique aux sp. de diversifolius L… de Sowerby, Angleterre, Rubus densispinus Sudre, x ? ligerinus ×schistophilus ?, Arreau, à l’entrée du bois de Bédat, pét. blancs, fil. id. > st. verd., j.c. glabres, fertile, H. Pyr., 17. 8. 1899, hSudre », et copie de la description de « Excursions batologiques dans les Pyrénées » de 1903.

Un nom valide et légitime est donné ici à Rubus densispinus tel que décrit par Sudre pour ces plantes de la vallée d’Aure, qui ne correspond pas à Rubus densispinus Sudre ex Bouvet (spinoproximus = à épines proches).

Photo 2. Holotype de Rubus spinoproximus L. Belhacène, BORD_SU_035_020 ; L. Belhacène CC-BY-NC-ND.

Planche 4. Rubus spinoproximus L. Belhacène ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

C’est une ronce qui a été listée dans la section des Triviales par Sudre. Elle est aujourd’hui à placer dans la section Corylifolii.

C’est une ronce à port couché, à primocanne à faces convexes ou arrondies, un peu glauque, et modérément poilue (sans poils étoilés). Cette primocanne, comme toute la plante, est nettement glanduleuse. Elle possède de nombreux aiguillons nettement inégaux, fins, droits ou à peine inclinés. Les feuilles de la primocanne sont majoritairement à cinq folioles pédalées, mais des feuilles à quatre folioles sont parfois présentes. Elles sont très poilues sur le dessus et vertes non tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est largement ovale à subovale (suborbiculaire), entière ou presque à la base et à dents petites et régulières. L’inflorescence, en corymbe, est assez pauciflore. Les fleurs ont des pétales blancs suborbiculaires et se chevauchant souvent les uns sur les autres. Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie bien, avec des fruits comportant assez peu de drupéoles, et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors dressés-appliqués sur les fruits.

Nous l’avons rencontrée en plusieurs endroits dans la vallée d’Aure. Elle semble assez commune dans cette vallée. Elle reste à rechercher dans les vallées proches et ailleurs dans les Pyrénées. Elle se rencontre de 700 à 1 100 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

 

Rubus difficilis Sudre (Bull. Assoc. Franç. Bot. 3 (27) : 63, 1900) ; planche 5

C’est une ronce qui a été listée dans la section des Discolores par Sudre et qui doit rester dans cette section aujourd’hui.

C’est une ronce à port arqué, à primocanne à faces planes ou concaves, non glauque et très poilue (surtout des poils assez courts et avec quelques poils étoilés). Cette primocanne ne possède pas de glandes stipitées, mais parfois de nombreuses glandes sessiles. Elle est pourvue de longs aiguillons égaux, assez fins et droits. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées ou à peine pédalées. Elles sont glabres sur le dessus et tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est ovale, entière ou presque à la base et à dents moyennes et aiguës en tous sens. L’inflorescence, en panicule, présente des rameaux secondaires bien étalés, assez allongés et multiflores. Les fleurs ont des pétales roses, ovales et bien distants entre eux. Les filets des étamines sont roses et supérieurs aux styles eux-mêmes roses. Elle fructifie plutôt partiellement, et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors réfléchis.

Nous l’avons rencontrée en plusieurs endroits dans la vallée d’Aure. Elle a été notée aussi par Sudre dans les départements de l’Ariège (Ascou) et des Pyrénées-Atlantiques (Eaux-Bonnes). Elle reste donc à retrouver dans ces localités et surtout à rechercher dans l’ensemble des Pyrénées. Elle se rencontre de 700 à 1 100 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 5. Rubus difficilis Sudre ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus elongatispinus Sudre (Bull. Ass. Pyr. Ech. Plantes 10 : 6, 1900) ; planche 6

C’est une ronce qui a été listée dans la section des Sylvatici par Sudre et qui doit rester dans cette section aujourd’hui.

C’est une ronce à port dressé-arqué, à primocanne à faces planes ou concaves, plutôt glaucescente et poilue. Cette primocanne ne possède pas de glandes stipitées, mais parfois de nombreuses glandes sessiles. Elle est pourvue de très nombreux et forts aiguillons égaux, droits. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées ou à peine pédalées. Elles sont un peu poilues sur le dessus et vertes (sans tomentum de poils étoilés), mais poilues sur leur face inférieure. La foliole terminale est très largement ovale à suborbiculaire, bien échancrée à la base et à dents moyennes assez régulières. L’inflorescence, en panicule pyramidale allongée, présente des rameaux secondaires plutôt étalés. Son rachis, un peu hirsute, est orné de nombreux aiguillons longs et droits (ou inclinés). Les fleurs ont des pétales roses. Les filets des étamines sont roses et supérieurs aux styles eux-mêmes roses (au moins à la base). Elle fructifie très bien, et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors réfléchis.

Nous l’avons rencontrée dans de nombreux endroits de la vallée d’Aure. Elle est aussi connue de l’Ariège (Aulus, Ax, etc.), de la Haute-Garonne (Luchon, Gouaux-de-Luchon, Saint-Paul-d’Oueil, etc.) et Sudre la mentionne aussi dans les Pyrénées-Atlantiques sur les communes d’Eaux-Chaudes et Eaux-Bonnes (où elle reste à retrouver). Elle se rencontre de 600 à 1 300 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 6. Rubus elongatispinus Sudre ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus emollitus Sudre (Bull. Ass. Pyr. Ech. Plantes 12 : 14, 1902) ; planche 7

C’est une ronce qui a été notée dans la section des Discolores par Sudre et qui doit rester dans cette section aujourd’hui (même si certains pieds peuvent faire penser à la section Rhamnifolii).

C’est une ronce à port dressé-arqué, à primocanne à faces concaves et très poilue. Cette primocanne ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante). Elle est pourvue d’assez nombreux aiguillons égaux, forts et plutôt droits. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées. Elles sont nettement poilues sur le dessus et avec un tomentum gris ou blanc sur leur face inférieure. La foliole terminale est très largement (ob)ovale à suborbiculaire, entière ou un peu échancrée à la base et à dents petites à moyennes et assez régulières. L’inflorescence, en panicule plus ou moins large, présente des rameaux secondaires étalés-dressés et multiflores. Son rachis, hirsute, est orné d’assez nombreux aiguillons inclinés ou courbés. Les fleurs ont des pétales roses (parfois rosulés ou presque blancs). Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie très bien, et les lobes du calice, gris tomenteux et hirsutes, sont alors réfléchis.

Planche 7. Rubus emollitus Sudre ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus omalus (Sudre) Sudre (Bull. Acad. Int. Géogr. Bot., 15 : 227, 1905) ; planche 8

C’est une ronce qui a été listée dans la sous-section des Rudes par Sudre et qui doit aujourd’hui être classée dans la section Pallidi.

Avant de présenter cette ronce, il est important de noter que de nombreux spécimens ont été trouvés lors de cette session, mais que dans beaucoup de cas de petites différences ont pu apparaître : pilosité du dessus des feuilles, couleur des styles, texture des feuilles, etc. Ces différences peuvent être mineures et ne constituer que la variabilité de l’espèce. Il est aussi probable que ce « complexe » représente un groupe où la sexualité est encore un peu trop présente. Des études ultérieures, avec des connaissances plus poussées sur ce taxon, permettront peut-être d’y voir plus clair. Notons déjà que Sudre lui-même, dans sa diagnose originale, décrit plusieurs variétés basées sur des différences très mineures. Avait-il déjà pressenti ce problème ? La description donnée ci-dessous correspondra à l’espèce « type ».

C’est une ronce à port couché, à primocanne à faces planes ou convexes. Cette primocanne est poilue (mais assez peu) et possède des glandes stipitées assez nombreuses, mais espacées, souvent de taille assez conforme. Elle est pourvue de nombreux aiguillons assez homogènes, inclinés (ou parfois un peu courbés). Les glandes stipitées et les aiguillons, forment deux strates bien différenciées et assez homogènes. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles nettement pédalées, mais bon nombre de tiges montrent aussi des feuilles à trois ou quatre folioles. Les folioles sont un peu poilues sur le dessus et vertes (sans tomentum de poils étoilés), mais un peu poilues sur leur face inférieure. Celles des inflorescences peuvent parfois présenter un léger tomentum grisâtre. La foliole terminale est ovale, bien échancrée à la base et à dents fines et régulières. L’inflorescence, en petite panicule, présente des rameaux secondaires plutôt dressés. Son rachis, un tout petit peu hirsute, et très glanduleux, est orné d’aiguillons inclinés à courbés. Les fleurs ont des pétales roses et étroits, donc bien distants les uns des autres. Les filets des étamines sont généralement blancs et un peu supérieurs aux styles eux aussi généralement blancs (mais parfois un peu rosés à la base). Elle fructifie très bien, et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors réfléchis.

Nous l’avons rencontrée dans de nombreux endroits dans la vallée d’Aure. Les plantes trouvées à l’ombre sont généralement plus typiques que celles trouvées en plein soleil (expression des gènes ?). Elle serait aussi connue de la Haute-Garonne (Luchon : vallée du Lis, Superbagnères, route de l’Hospice de France…). Sudre la mentionne aussi dans le Tarn : est-ce la même plante ? Elle se rencontre de 600 à 1 300 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 8. Rubus omalus (Sudre) Sudre ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus pyrenaicus (Sudre ex Boulay) Prain (Index kew., suppl. 4 : 206, 1913) ; planche 9

C’est une ronce qui a été listée dans la sous-section des Sylvatici par Sudre et qui doit rester dans cette section aujourd’hui.

C’est une ronce dressée-arquée, à primocanne à faces planes ou légèrement concaves. Cette dernière est glabre ou très peu poilue et ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Quelques glandes sessiles peuvent se rencontrer sur cette primocanne. Elle est pourvue de grands aiguillons homogènes, plutôt droits. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées. Les folioles sont glabres ou à peine poilues sur le dessus et vertes (sans tomentum de poils étoilés), et juste un peu poilues sur leur face inférieure. La foliole terminale est obovale, assez étroite, bien échancrée à la base et à dents fines, aiguës et régulières. L’inflorescence, en épi plus ou moins interrompu, présente des rameaux secondaires dressés-étalés. Son rachis est orné d’assez gros aiguillons inclinés à un peu courbés. Les fleurs ont des pétales rosés (rarement vraiment blancs), largement ovales, mais souvent non jointifs les uns des autres (parfois échancrés à l’apex). Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie très bien, et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors réfléchis.

Nous ne l’avons rencontrée que le dernier jour dans une ripisylve sur la commune de Fréchet-Aure. Elle a été décrite des environs de Cauterets dans les Hautes-Pyrénées, et Sudre la mentionne aussi dans les Pyrénées-Atlantiques sur la commune d’Eaux-Bonnes. Elle reste à rechercher dans toute cette partie des Pyrénées et peut-être ailleurs. Elle se rencontre de 600 à 900 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 9. Rubus pyrenaicus (Sudre ex Boulay) Prain ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus schistophilus (Sudre) Prain (Index kew., suppl. 5 : 227, 1921) ; planche 10

C’est une ronce qui a été listée dans la sous-section des Radulae par Sudre et qui doit aujourd’hui rester dans cette section Radula.

C’est une ronce plutôt couchée, à primocanne à faces planes ou légèrement concaves. Cette dernière est nettement poilue et possède de nombreuses glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue de nombreux aiguillons très inégaux, inclinés à courbés. Les feuilles de la primocanne sont à (trois) quatre ou cinq folioles plus ou moins pédalées. Les folioles, un peu poilues sur le dessus, sont grises à blanchâtres (tomentum) et juste un peu poilues sur leur face inférieure. La foliole terminale est largement obovale, bien échancrée à la base et à dents moyennes. L’inflorescence, pyramidale assez courte, présente des rameaux secondaires dressés-étalés. Son rachis hirsute est orné d’assez petits aiguillons courbés. Les fleurs ont des pétales roses, obovales ou ovales, bien distants les uns des autres et souvent échancrés à l’apex. Les filets des étamines sont blancs ou rosulés et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie bien, et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors étalés ou mal réfléchis.

Nous l’avons rencontrée dans toute la vallée d’Aulon. Elle semble aussi présente dans d’autres endroits de la vallée d’Aure d’après les anciennes mentions de Sudre. Elle est donc à rechercher dans les Pyrénées centrales. Elle se rencontre de 700 à 1 300 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 10. Rubus schistophilus (Sudre) Prain ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus semifecundus Sudre (Bull. Ass. Fr. Bot. 5 (55) : 157, 1902) ; planche 11

C’est une ronce qui a été listée dans la section des Discolores par Sudre et qui doit aujourd’hui rester dans cette même section.

C’est une ronce à port arqué, à primocanne à faces plutôt concaves. Cette dernière est glabre ou peu poilue et ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue d’aiguillons forts, égaux, droits ou un peu inclinés. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées. Les folioles, glabres ou à peine poilues sur le dessus, sont blanches tomenteuses et bien douces au toucher sur leur face inférieure. La foliole terminale est plutôt obovale, entière à la base et à dents moyennes et irrégulières, à apex en tous sens. L’inflorescence, en panicule, présente des rameaux secondaires dressés-étalés. Son rachis hirsute est orné d’aiguillons assez forts et courbés. Les fleurs ont des pétales blancs, obovales ou ovales. Les filets des étamines sont blancs et un peu supérieurs aux styles verdâtres. Elle ne fructifie que partiellement, et les lobes du calice, gris tomenteux, sont alors réfléchis.

Nous ne l’avons rencontrée que deux fois durant notre séjour dans la vallée d’Aure. Elle est à rechercher dans le reste des Pyrénées centrales. Elle se rencontre de 700 à 1 100 mètres d’altitude (estimation avec les connaissances actuelles).

Planche 11. Rubus semifecundus Sudre ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus subsimilis (Sudre) B.D. Jacks (Int. Cat. Sci. Lit., M, Bot. 3 : 595, 1905) ; planche 12

C’est une ronce qui a été listée dans la sous-section des Radulae par Sudre et qui doit aujourd’hui rester dans cette section Radula.

C’est une ronce à port couché ou peu arqué, à primocanne à faces planes ou un peu concaves. Cette dernière est peu ou moyennement poilue et possède des glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue d’aiguillons assez fins et très inégaux, droits ou un peu inclinés. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées ou à peine pédalées. Les folioles, un peu poilues sur le dessus, sont vertes ou grisâtres légèrement tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est largement (ob)ovale à suborbiculaire, nettement échancrée à la base et à dents moyennes à apex en tous sens. L’inflorescence, en épi large (ou corymbe lâche), présente des rameaux secondaires bien étalés et multiflores. Son rachis hirsute et très poilu (ainsi que glanduleux) est orné d’aiguillons inclinés assez longs. Les fleurs ont des pétales ovales et distants, rose plutôt pâle. Les filets des étamines sont roses et bien supérieurs aux styles verdâtres, à base souvent teintée de rose ou rouge. Elle fructifie plutôt bien, et les lobes du calice, gris tomenteux et bien acuminés, sont alors étalés-dressés.

Nous l’avons vue sur les communes de Arreau, Barrancoueu, Pouy et Bareilles. Elle reste évidemment à rechercher dans toute la vallée et autour dans les Pyrénées. Les plantes assimilées à ce taxon présentes dans le département du Tarn (herbier de Sudre) sont à revoir. Il faudra retrouver ces ronces pour statuer sur leur appartenance ou non à ce taxon. Elle se rencontre de 700 à 1 100 mètres d’altitude (estimation avec les connaissances actuelles).

Planche 12. Rubus subsimilis (Sudre) B.D. Jacks ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus timballagravei P.J. Müll. ex Boulay (Ass. rubol. : 38, 1877) ; planche 13

C’est une ronce qui a été listée dans la sous-section des Radulae par Sudre et qui devrait aujourd’hui se situer dans la section Micantes.

C’est une ronce à port arqué, à primocanne robuste et à faces plutôt planes ou parfois un peu convexes. Cette dernière est glabre ou peu poilue et possède quelques glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue d’assez nombreux aiguillons très inégaux, droits ou un peu courbés. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées ou à peine pédalées. Les folioles, glabres ou presque sur le dessus, sont vertes ou grisâtres très légèrement tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est largement obovale à suborbiculaire, un peu échancrée à la base et à dents moyennes et assez régulières. L’inflorescence, pyramidale, présente des rameaux secondaires étalés-dressés et multiflores. Son rachis assez peu poilu (ainsi que glanduleux) est orné d’aiguillons inclinés assez forts et longs. Les fleurs ont des pétales largement ovales et souvent jointifs, d’un beau rose. Les filets des étamines sont roses et bien supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie très bien, et les lobes du calice, gris juste un peu tomenteux et courtement acuminés, sont alors réfléchis.

Nous l’avons vue en plusieurs endroits dans une grande partie de la vallée d’Aure. Elle est aussi très présente dans tout le Luchonnais (c’est peut-être même la ronce la plus commune de la vallée de Luchon). Elle sera donc à rechercher dans les vallées environnantes. Elle se rencontre de 500 à 1 400 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 13. Rubus timballagravei P.J. Müll. ex Boulay ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus tramitum Sudre (Bull. Ass. Fr. Bot. 5 (55) : 159, 1902) ; planche 14

C’est une ronce qui a été notée dans la sous-section des Candicantes, de la section des Discolores par Sudre et qui est aujourd’hui à garder dans les Discolores.

C’est une ronce à port arqué, à primocanne à faces généralement concaves. Cette dernière est un peu poilue et ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue d’aiguillons égaux, fins, plutôt inclinés et assez petits. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles un peu pédalées. Les folioles, un peu poilues sur le dessus, sont grisâtres ou blanches tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est (ob)ovale, entière ou à peine échancrée à la base et à dents larges et assez grosses. L’inflorescence, en épi assez court, présente des rameaux secondaires dressés et multiflores. Son rachis, très poilu et hirsute (non glanduleux), est orné de quelques petits aiguillons inclinés à courbés. Les fleurs ont des pétales blancs, (ob)ovales, assez allongés et un peu distants. Les filets des étamines sont blancs et bien supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie assez bien, bien que partiellement. Les lobes du calice, gris tomenteux, hirsutes et courtement acuminés, sont alors réfléchis.

Nous l’avons vue dans toute la vallée d’Aulon, mais pas ailleurs. Elle reste donc à rechercher dans le reste de la vallée d’Aure et peut-être les vallées environnantes. Elle se rencontre de 800 à 1 450 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 14. Rubus tramitum Sudre ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus valdeproximus Sudre in B.D. Jacks (Int. Cat. Sci. Lit., M, Bot. 1 (2) : 426, 1903) ; planche 15

C’est une ronce qui a été notée dans la sous-section des Subdiscolores, de la section des Sylvatici par Sudre et qui est aujourd’hui à placer dans les Discolores.

C’est une ronce à port arqué ou un peu couché, à primocanne à faces généralement planes. Cette dernière est un peu poilue et ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs, sauf parfois les stipules qui peuvent être glanduleuses). Elle est pourvue d’assez nombreux aiguillons inégaux, inclinés ou courbés. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées ou un peu pédalées. Les folioles, glabres ou un peu poilues sur le dessus, sont blanches tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est largement obovale, un peu échancrée à la base et à dents larges, irrégulières et assez grosses. L’inflorescence, en épi large ou panicule courte, présente des rameaux secondaires plutôt étalés et multiflores. Son rachis, un peu poilu et hirsute (non glanduleux), est orné d’aiguillons inclinés à courbés. Les fleurs ont des pétales blancs, largement ovales ou suborbiculaires et plutôt jointifs. Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie généralement bien. Les lobes du calice, gris tomenteux, hirsutes et courtement acuminés, sont alors réfléchis.

Nous l’avons vue à plusieurs reprises dans la vallée d’Aure et dans la vallée d’Aulon. Elle a été mentionnée par Sudre aussi dans la vallée d’Oueil en Haute-Garonne, où elle est à retrouver. Elle reste donc à rechercher dans les vallées environnantes des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne. Elle se rencontre de 700 à 1 200 mètres d’altitude (estimation avec les connaissances actuelles).

Planche 15. Rubus valdeproximus Sudre in B.D. Jacks ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus vallium (Sudre) Prain (Index kew., suppl. 5 : 228, 1921) ; planche 16

C’est une ronce qui a été notée dans la section des Discolores par Sudre et qui est aujourd’hui à garder dans les Discolores.

C’est une ronce à port arqué, à primocanne à faces généralement planes. Cette dernière est abondamment poilue et ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue de gros aiguillons égaux, droits ou inclinés. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées. Les folioles, glabres ou presque sur le dessus, sont grises ou blanches tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est (ob)ovale, entière à la base et à dents moyennes, inégales et aiguës. L’inflorescence, en panicule assez courte, présente des rameaux secondaires plutôt dressés-étalés et multiflores. Elle est feuillée même dans sa partie florifère supérieure. Son rachis, très poilu et hirsute (non glanduleux), est orné d’aiguillons courbés. Les fleurs ont des pétales rosés, ovales et un peu distants les uns des autres. Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie généralement bien. Les lobes du calice, gris tomenteux, hirsutes et courtement acuminés, sont alors réfléchis.

Nous ne l’avons vue que dans la vallée de la Neste de Louron, sur la commune de Cazau-Debat, en aval de Bordère-de-Louron (localité type). Elle reste à rechercher dans l’ensemble de la vallée d’Aure, ainsi que dans les vallées environnantes des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne. Elle se rencontre vers 800 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles).

Planche 16. Rubus vallium (Sudre) Prain ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

À cette liste déjà conséquente pour trois journées d’herborisation, ajoutons aussi quelques ronces plus délicates à confirmer que nous avons rencontrées pendant cette session.

 

Rubus barrancoennensis Sudre (Bull. Ass. Fr. Bot. 5 (56-57) : 212, 1902)

Comme son nom l’indique, c’est dans le vallon de Barrancoueu que nous avons récolté en plusieurs endroits une ronce très proche de la description que Sudre fait de cette espèce. Beaucoup de choses concordent : primocanne à faces planes, fortement glanduleuse, à aiguillons pâles, assez fins (identiques à celles de l’herbier) ; feuilles 3-5-nées, très finement denticulées, les supérieures grises en dessous (vertes pour les autres) ; foliole terminale courtement obovale ; inflorescence identique à la diagnose et à l’herbier Sudre ; calice apprimé.

Les différences semblent assez minimes. La primocanne est donnée comme peu poilue, alors que nos plantes sont nettement poilues. Cela correspond cependant à ce que nous pouvons voir sur l’herbier de Sudre. La plus grosse différence qui laisse un peu perplexe se situe au niveau des fleurs. Sudre ne donne pas de couleur de pétales (ce qui en regardant encore une fois son herbier est normal puisque ses plantes sont en fruits). Il donne aussi dans sa diagnose des filets des étamines (toujours sans couleur dans la diagnose, mais notés blancs dans l’herbier) supérieurs aux styles verdâtres. Nos ronces découvertes cette année possèdent des pétales roses, des filets des étamines roses supérieurs aux styles eux aussi roses. Cette différence de couleur des étamines et des styles pourrait être due à la période d’observation des plantes. Il semble, d’après nos photos prises lors de cette session, que les filets des étamines et les styles ont tendance à pâlir quand le fruit se forme. Est-ce là l’explication à ces différences ? C’est suite à ce doute que nous ne statuons pas de manière certaine sur notre découverte comme étant R. barrancoennensis. Il faudra étudier un peu plus ces ronces lors de futures visites dans ce vallon. En attendant, il semble très probable quand même que nos récoltes (PallidiBar02 et PallidiBar0202) faites le 09 juillet 2023 puissent être R. barrancoennensis.

 

Rubus emollitiformis Sudre (Bull. Ass. Franç. Bot. 5 (55) : 155, 1902)

C’est une ronce qui a été notée dans la section des Discolores par Sudre et qui est aujourd’hui à garder dans les Discolores.

C’est une ronce à port arqué, à primocanne à faces généralement concaves. Cette dernière est un peu poilue et ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue d’aiguillons égaux, droits ou parfois un peu courbés. Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées. Les folioles, glabres ou presque sur le dessus, sont blanches tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est ovale, à peine échancrée à la base et à dents moyennes et aiguës. L’inflorescence, en panicule, présente des rameaux secondaires dressés-étalés et multiflores. Son rachis, un peu hirsute (non glanduleux), est orné d’aiguillons courbés. Les fleurs ont des pétales roses et ovales (un peu larges à la base). Les filets des étamines sont blancs et supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie plutôt bien. Les lobes du calice, gris tomenteux sont alors réfléchis.

Nous avons rencontré deux populations de ronces qui pourraient convenir pour cette espèce. Ce groupe est cependant très délicat avec de nombreuses espèces assez proches. C’est pour cela que pour l’instant il est de mise de ne pas affirmer que c’est bien des R. emollitiformis que nous avons vus. Certains petits détails sont en effet un peu bizarres. Pour celle vue à Cazaux-Debat le 09 juillet (notée Disco-Louron01), les styles sont rosâtres et, pour celle rencontrée lors d’une journée de préparation (4 juillet), la primocanne n’est que très peu poilue. Par contre, la comparaison avec l’unique planche présente dans l’herbier de Sudre semble bien correspondre. Nous y voyons en effet une primocanne peu poilue (pas comme R. emollitus qui serait un de ses parents) et des folioles très semblables. Nous n’avons par contre pas les détails de la pilosité du dessus des folioles. Ceci est donc une très bonne piste, mais sans confirmation ! Il faudra revenir sur le type et rechercher cette ronce dans sa localité type (qui est à moins de 5 km des deux stations trouvées) pour confirmer ou non cette détermination.

 

Rubus guchenensis Belhacène (Carnets bot. 60 : 6, 2021)

C’est dans les Excursions batologiques dans les Pyrénées que Sudre décrit cette ronce sous le nom de Rubus malacus Sudre var. gracilentus Sudre (Bull. Ass. Fr. Bot. 5 (55) : 161, 1902), nom. prov. Il faut attendre Rubi Europaea en 1910 pour que Sudre propose un nom valide : Rubus arduennensis Lib. ex Lej. var. gracilentus Sudre (Rubi eur. : 95, 1910). R. gracilentus étant déjà un nom attribué précédemment à une ronce par P.J. Müller, elle fut renommée en 2021 au rang spécifique : Rubus guchenensis L. Belhacène (Carnets bot. 60 : 6, 2021 ; photo 3).

C’est une ronce qui a été notée dans la sous-section des Subtomentosi par Sudre et qui est aujourd’hui à placer dans les Discolores ou les Subcanescentes (si nous acceptons cette section comme étant celle des biotypes et mini-espèces issues de croisements avec R. canescens DC.).

C’est une ronce à port couché-arqué, à primocanne à faces généralement planes ou concaves. Cette dernière est un peu poilue et ne possède pas de glandes stipitées (comme toute la plante d’ailleurs). Elle est pourvue d’aiguillons égaux, droits, inclinés ou même un peu courbés (sur la même tige). Les feuilles de la primocanne sont à cinq folioles digitées ou pédalées. Les folioles, glabres sur le dessus, sont blanches tomenteuses sur leur face inférieure. La foliole terminale est rhomboïdale, tronquée ou à peine échancrée à la base et à dents grosses et larges. L’inflorescence, en épi plus ou moins large, présente des rameaux secondaires dressés-étalés et multiflores. Son rachis, un peu hérissé (non glanduleux), est orné d’aiguillons inclinés à courbés. Les fleurs ont des pétales blancs et suborbiculaires. Les filets des étamines sont blancs et égalant ou un peu supérieurs aux styles verdâtres. Elle fructifie généralement bien. Les lobes du calice, gris tomenteux sont alors réfléchis.

C’est lors d’une des deux journées de préparation à la session que l’un d’entre nous (LB) à découvert cette ronce sur la commune de Cazaux-Debat, à moins de 4 km de la localité type (Guchen, chemin d’Aulon).

Elle se rencontre entre 700 et 800 m d’altitude (estimation selon les connaissances actuelles). Elle reste à retrouver dans sa localité type, ainsi qu’ailleurs au moins dans les Pyrénées centrales.

Dans cette section Subcanescentes, il reste énormément de travaux à faire pour mieux appréhender ces ronces. Beaucoup sont de vrais hybrides totalement ou fortement stériles, mais d’autres sont nettement fructifères et mériteraient d’être considérées comme des espèces. C’est certainement le cas de Rubus guchenensis ici présentée.

Photo 3. Lectotype de Rubus arduennensis Lib. ex Lej. var. gracilentus Sudre ≡ Rubus guchenensis L. Belhacène ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus hirtus (gr.) Waldst. & Kit. (Descr. Icon. Pl. Hungr. 2 : 150, 1805), s.l. (gr.)

Commençons par cerner ce taxon, qui est pris ici, comme généralement en Europe, au sens large. Rubus hirtus gr. est défini par : une primocanne à section arrondie ou presque, munie de glandes stipitées rouge sombre, très nombreuses, mêlées à des aiguillons fins (pouvant atteindre 5-6 mm de long) et des acicules (glanduleux ou non) de toutes tailles ; feuilles de la primocanne à 3 ou 4-5 folioles, souvent vert sombre ; une floricanne à axe et rameaux secondaires pourvus de nombreuses glandes stipitées et acicules rouge sombre dépassant généralement 1,5 mm de long ; des sépales dressés (ou appliqués) sur le fruit, eux aussi remplis de glandes rouge sombre. C’est en fait un groupe de biotypes qui semble être tétraploïdes et avec une grande sexualité résiduelle. Ceci implique que les plantes sont souvent un peu différentes les unes des autres. Quelques rares espèces (lignées stables et apomictiques) pourraient peut-être sortir du lot. Pour cela il faudra beaucoup de travail sur ce complexe.

En attendant, nous avons trouvé une ronce pouvant intégrer ce groupe lors de notre session sur la commune d’Aragnouet (Rubus glandumou pour son nom de récolte). La nôtre possède des fleurs à pétales blancs, filets des étamines blancs supérieurs aux styles rouges. La planche 17 montre à quoi ressemble une hirtus !

Planche 17. Rubus hirtus Waldst. & Kit. ; L. Belhacène, CC-BY-NC-ND.

Rubus hispidulus Genev. (Mém. Soc. Acad. Maine Loire 28 : 51, 1873), s. Sudre

Nous avons récolté une ronce (DiscoCE01 pour son nom de récolte) qui correspond très bien à une part d’herbier de Sudre nommée Rubus hispidulus Genev. Il est apparemment évident qu’il ne s’agit pas de cette espèce précise. Elle est très proche de Rubus semifecundus Sudre, mais possède entre autres des folioles à face supérieure nettement poilue. Des études restent à faire pour mieux comprendre cette ronce et mieux la définir. Est-ce une espèce à part et, dans ce cas, il faudra la décrire et la renommer, ou est-ce une simple variabilité de semifecundus par exemple ? Il est évident que de nombreuses plantes de cette section Discolores sont parfois difficiles (impossibles ?) à classer. Est-ce de la sexualité résiduelle, un manque de connaissances ou autre chose ?

 

Rubus macrostemon Focke (s. Sudre pour les Pyrénées)

À deux reprises, lors de la première journée, nous avons récolté une très jolie ronce de la section des Discolores, avec des fleurs roses (DiscoCE02 et Disco de Boucagnère étant leurs noms de récolte). En cherchant à la déterminer, pas grand-chose ne semblait correspondre. Par contre, en feuilletant les scans de l’herbier de Sudre, il est devenu évident que cette ronce était la même que celle qu’il avait nommée Rubus macrostemon et qu’il avait d’ailleurs récoltée en vallée d’Aure (Arreau et Tramezaïgues).

Rubus macrotemon Focke est un nom aujourd’hui synonymisé avec de nombreux autres noms suivant son interprétation. Pour Kew, ce n’est qu’un synonyme de Rubus ulmifolius Schott (ce qui n’est pas du tout le cas). Pour d’autres (et nous trouvons cela sur Tela-botanica), c’est un synonyme de Rubus discolor Weihe & Nees qui n’est autre qu’un autre synonyme de Rubus ulmifolius (donc encore une grossière erreur !?). Pour les batologues allemands, cela a longtemps été un synonyme de Rubus praecox Bertol. (qui incluait alors Rubus procerus P.J. Müll.). R. praecox et R. procerus sont aujourd’hui bien individualisés. Tout cela pour en conclure que notre ronce de la vallée d’Aure ne correspond ni à l’une ni à l’autre. Il s’agit bien d’autre chose.

Des recherches, et surtout des trouvailles, ultérieures devraient nous permettre de mieux comprendre cette ronce, ses critères distinctifs et autres subtilités permettant de la séparer des autres. Elle est aussi assez proche de Rubus montanus Lej., tout cela formant un complexe où les divers taxons sont très proches (mais bien constants quand même). En attendant, nous proposons de continuer à l’appeler pour le travail : Rubus macrostemon s. Sudre.

 

Rubus thyrsanthus (Focke) Foerster (Fl. Excurs. Aachen : 95, 1878), s. Sudre

Encore une fois, c’est en fouillant dans l’herbier de Sudre que nous pouvons trouver des ronces semblables à celle récoltée. Deux parts provenant de la vallée d’Aure (Arreau et Bordères) présentent la même ronce que celle que nous avons rencontrée juste en amont de Bordères (Rhamnilouron01 pour son nom de récolte).

Comme pour R. macrostemon, le nom de R. thyrsanthus regroupait à cette époque un bon nombre de taxons aujourd’hui reconnus, dont aucun n’est correct pour notre ronce. Il est aussi possible que cette ronce soit associable à d’autres trouvées en Haute-Garonne (Bouconne, Eaune, etc.).

De futures études avec plus de matériel et de recul permettront sûrement de pouvoir décrire et nommer cette espèce. En attendant, nous proposons encore de continuer à l’appeler pour le travail : Rubus thyrsanthus s. Sudre.

 

Comme on peut le constater, les 86 taxons trouvés par Sudre n’ont pas tous été revus cette année. Des prospections supplémentaires sont donc utiles et prévues dans les années à venir pour compléter cette liste.

 

5. Proposition d’une clé dichotomique de détermination des ronces de la vallée d’Aure dans les Hautes-Pyrénées

1. Ronces sans glandes stipitées sur la primocanne (parfois rarement quelques-unes sur les stipules et la floricanne)

2. Folioles des feuilles de la primocanne à face inférieure sans poils étoilés (sans tomentum même fin et grisâtre) → Groupe 1 (correspond globalement à la section Silvatici)

2. Folioles des feuilles de la primocanne à face inférieure (au moins les supérieures ou celles des plantes ensoleillées) avec un tomentum plus ou moins blanc de poils étoilés → Groupe 2 (correspond globalement aux sections Rhamnifolii, Discolores et Canescentes)

1. Ronces possédant au moins quelques glandes stipitées sur la primocanne (et souvent ailleurs aussi)

2. Primocanne à section anguleuse (faces planes, concaves ou légèrement convexes) → Groupe 3 (correspond globalement aux sections Vestiti, Radula, Pallidi p.p., Micantes et Hystrices)

2. Primocanne à section plus ou moins arrondie (faces très convexes ou sans faces visibles) Groupe 4 (correspond globalement aux Sections Pallidi p.p. et Glandulosi)

 

Groupe 1

1. Sépales étalés à maturité du fruit

2. Primocanne à aiguillons nettement inégaux

Foliole terminale des feuilles de la primocanne largement ovale à suborbiculaire

Filets des étamines égalant les styles

= Rubus vallicularum Sudre ex K. Schum.

     2. Primocanne à aiguillons égaux (ou presque)

Filets des étamines dépassant les styles

               3. Foliole terminale des feuilles de la primocanne obovale et pas spécialement convexe

Folioles des feuilles de la primocanne « normalement » distantes

                    4. Pétales assez allongés et bien distants les uns des autres

Aiguillons de l’inflorescence nombreux, grands (droits) même sur les pédicelles

= Rubus longipetalus P.J. Müll. & Timb.-Lagr. ex D.P. Mercier

                    4. Pétales largement ovales et peu ou pas distants les uns des autres

Aiguillons de l’inflorescence peu nombreux et pas spécialement grands (droits)

= Rubus pedatifolius Genev.

               3. Foliole terminale des feuilles de la primocanne suborbiculaire et généralement nettement  convexe

Folioles des feuilles de la primocanne se chevauchant

= Rubus martrinii Sudre

1. Sépales réfléchis

     2. Primocanne glabre ou presque

          3. Pétales nettement roses tout comme les styles

= Rubus questieri Lefèvre & P.J. Müll.

          3. Pétales rosulés devenant parfois blancs et styles blancs

= Rubus pyrenaicus (Sudre ex Boulay) Prain

     2. Primocanne plus ou moins poilue

          3. Fleurs blanches dans toutes ses parties

= Rubus calvifolius Sudre ex K. Schum.

3. Fleurs roses dans toutes ses parties

= Rubus elongatispinus Sudre

 

Groupe 2

1. Pétales roses (parfois rosulés, mais pas blanc pur)

     2. Sépales nettement étalés à maturité des fruits

          3. Foliole terminale des feuilles de la primocanne obovale et pas spécialement convexe

Folioles des feuilles de la primocanne « normalement » distants

= Rubus pedatifolius Genev.

          3. Foliole terminale des feuilles de la primocanne suborbiculaire et pas généralement nettement convexe

Folioles des feuilles de la primocanne se chevauchant

= Rubus martrinii Sudre

     2. Sépales réfléchis à maturité des fruits

          3. Primocanne très pruineuses à poils étoilés très courts et sans poils simples (comme toutes les parties de la plante

= Rubus ulmifolius Schott

3. Primocanne non très pruineuses, ou avec des poils simples présents

               4. Folioles terminales des feuilles de la primocanne largement ovales à suborbiculaires (largeur/ hauteur sans l’apex proche de 1)

                    5. Primocanne à surface glauque (aspect mat parfois grisonnant)

                         6. Stipules fines et étroites

                         Dents des folioles vives et aiguës

= Rubus winteriformis Sudre ex B.D. Jacks.

                         6. Stipules un peu élargies au centre (> 1-1,5 mm)

                         Dents des folioles peu aiguës

= Rubus amplistipulis Sudre ex B.D. Jacks.

                    5. Primocanne non glauque (verte ou rouge)

                         6. Étamines blanches et styles verdâtres

                         Folioles nettement poilues sur le dessus du limbe

= Rubus emollitus Sudre

                         6. Étamines et styles rosés

                         Folioles peu ou pas poilues sur le dessus du limbe

                              7. Primocanne à section obtusangulée à arrondie

                              Inflorescence à aiguillons très forts droits et inclinés

= Rubus complanatispinus Sudre ex K. Schum.

                              7. Primocanne à face planes ou un peu excavées

                              Inflorescence à aiguillons forts, mais courbés

= Rubus calliacanthus (Sudre) Prain

               4. Folioles terminales des feuilles de la primocanne moins larges

(ovales à obovales)

                    5. Fleurs entièrement colorées : rosés à carnés (pétales, étamines et styles)

                         6. Pétales ovales et distants

          = Rubus difficilis Sudre

                         6. Pétales larges, suborbiculaires et peu ou pas distants

          = Rubus procerus P.J. Müll. ex Boulay

                    5. Fleurs à pétales plus ou moins rosés, mais étamines blanches et styles verdâtres

                         6. Primocanne peu poilue

                         Pétales rosulés surtout en sortie de boutons (devenant parfois blancs)

          = Rubus macrostemon (Focke) Foerster s. Sudre

                         6. Primocanne nettement poilue

                         Pétales roses pendant toute la floraison

                              7. Folioles nettement poilues sur le dessus du limbe

          = Rubus emollitus Sudre

                              7. Folioles non ou très peu poilues sur le dessus du limbe

                                   8. Primocanne à faces planes et très poilues

          = Rubus vallium (Sudre) Prain

                                   8. Primocanne à faces concaves et peu poilues

          = Rubus emollitiformis Sudre

1. Pétales blanc pur (très rarement à peine rosulés juste à la sortie du bouton)

     2. Pétioles des feuilles de la primocanne à sillon bien marqué (entier ou presque)

     et dessous des folioles à tomentum blanc épais

     Folioles terminales généralement sans apex différencié

          3. Primocanne densément poilue

               4. Foliole terminale des feuilles de la primocanne à contour légèrement rhomboïdal (formant presque un angle) et plutôt obovale

          = Rubus subvillosus (Sudre) Sudre in Gand.

               4. Foliole terminale des feuilles de la primocanne à contour régulièrement arrondi (ovale à peine obovale)

          = Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier

          3. Primocanne glabre ou non densément poilue

               4. Primocanne, à faces presque planes, glabrescentes, et à aiguillons inclinés (voire un peu courbés)

               Pétales suborbiculaires

          = Rubus guchenensis L. Belhacène

               4. Toutes les autres formes de pilosité, de formes d’aiguillons, etc. de la primocanne

Pétales non suborbiculaires (rappel : uniquement pour des plantes bien fertiles)

          = Rubus canescens DC.

     2. Pétioles des feuilles de la primocanne à sillon marqué généralement sur moins de la moitié de sa longueur

     Dessous des folioles à tomentum blanc, grisâtre, épais ou pas

     Folioles terminales à apex bien différencié

          3. Dessus des folioles de la primocanne nettement poilu

               4. Foliole terminale des feuilles de la primocanne très nettement obovale.

               Dessus des folioles, densément poilu

               Aiguillons de la primocanne assez fins, mais longs

              Primocanne à faces plutôt planes

          = Rubus aurensis Sudre ex K. Schum.

               4. Foliole terminale des feuilles de la primocanne ovale à peu obovale

               Dessus des folioles, non densément poilu

               Aiguillons de la primocanne assez fins, mais petits

               Primocanne à face plutôt concave

          = Rubus tramitum Sudre

          3. Dessus des folioles des feuilles de la primocanne glabres ou peu poilus

               4. Pétales larges (limbe suborbiculaire), peu distants les uns des autres

                    5. Folioles des feuilles de la primocanne largement et nettement obovales

                    Aiguillons de la primocanne plus ou moins inégaux

          = Rubus valdeproximus Sudre ex K. Schum.

                    5. Folioles des feuilles de la primocanne à peine obovales

                    Aiguillons de la primocanne forts et égaux

                         6. Primocanne à faces concaves à canaliculées

                         Fructification incomplète

          = Rubus semifecundus Sudre

                         6. Primocanne à faces plutôt planes

                         Fructification parfaite

          = Rubus macrostemon (Focke) Foerster s. Sudre

               4. Pétales ovales ou obovales (non suborbiculaires) et distants les uns des autres.

                    5. Feuilles de la primocanne par 3-4-5, à limbe très « gras » sur le dessus (aspect de cuir) et très épais et mou sur le dessous

                    Aiguillons de la primocanne courbés et plutôt petits

          = Rubus crassiramus Sudre

                    5. Feuilles de la primocanne toutes à 5 folioles et d’aspect différent

                    Aiguillons de la primocanne très forts et longs, plutôt droits

          = Rubus hebetatus (Sudre) Sudre

 

Groupe 3

1. Folioles à dessous tomenteux, blancs (ou grisâtres)

     2. Pétales blancs

          3. Folioles terminales des feuilles de la primocanne largement obovales à suborbiculaires, à apex bien différencié

          Primocannes à aiguillons très nombreux et très inégaux

          Stipules un peu élargies

          = Rubus subalbicans Sudre

          3. Folioles terminales des feuilles de la primocanne juste ovales ou rhomboïdes à apex peu différencié

          Primocanne à aiguillons tous semblables ou presque et jamais très nombreux

          Stipules fines

               4. Primocanne densément poilue

               Foliole terminale des feuilles de la primocanne à contour régulièrement arrondi (ovale à peine obovale)

          = Rubus belhacenei A. Beek & D.P. Mercier

               4. Primocanne glabre ou non densément poilue

               Foliole terminale des feuilles de la primocanne à contour légèrement rhomboïdal (formant presque un angle) et plutôt obovale (rappel : plantes fertiles)

          = Rubus canescens DC.

     2. Pétales roses

          3. Primocanne à nombreux micro-aiguillons de toutes tailles (larges à la base)

               4. Foliole terminale des feuilles de la primocanne nettement obovale et nettement blanche dessous

          = Rubus expolitus (Sudre) K. Schum. & Fedde

               4. Foliole terminale des feuilles de la primocanne suborbiculaire et verte ou grisâtre dessous

          = Rubus subsimilis (Sudre) B.D. Jacks.

          3. Primocanne à aiguillons tous égaux (ou presque) et à glandes bien distinctes

               4. Sépales réfléchis à la maturité des fruits

Foliole terminale des feuilles de la primocanne plutôt ovale et assez longuement atténuée à l’apex

                    5. Filets des étamines et styles blancs

          = Rubus omalus (Sudre) Sudre

                    5. Filets des étamines et styles roses

          = Rubus bergesii L. Belhacène

               4. Sépales étalés-dressés à la maturité des fruits

               Foliole terminale des feuilles de la primocanne largement et assez courtement obovale

          = Rubus barrancoennensis Sudre

1. Folioles à dessous vert, sans tomentum de poils étoilés (au moins pour la grande majorité des feuilles)

     2. Feuilles de la primocanne à 5 folioles

          3. Pétales blancs

               4. Primocanne très poilue

               Sépales réfléchis à maturité des fruits

          = Rubus fuscoides (Sudre) Prain

               4. Primocanne peu poilue

               Sépales étalés-dressés à maturité des fruits

          = Rubus torrentium (Sudre) K. Schum. & Fedde

          3. Pétales roses ou rosulés

               4. Primocanne à nombreux micro-aiguillons larges

                    5. Sépales étalés-dressés à maturité des fruits

          = Rubus subsimilis (Sudre) B.D. Jacks.

                    5. Sépales réfléchis à maturité des fruits

                         6. Primocanne très poilue

                         Styles généralement rosâtres

          = Rubus aspretorum Sudre

                         6. Primocanne glabre ou presque

                         Styles généralement verdâtres (sans teintes roses)

          = Rubus timballagravei P.J. Müll. ex Boulay

               4. Primocanne possédant principalement de gros aiguillons et des glandes stipitées bien distinctes (pas de nombreux micro-aiguillons forts)

                    5. Étamines plus grandes que les styles

                         6. Filets des étamines et styles blancs

          = Rubus omalus (Sudre) Sudre

                         6. Filets des étamines et styles roses

          = Rubus bergesii Belhacène

                    5. Étamines plus courtes ou égalant à peine les styles

          = Rubus pseudomalus D.P. Mercier

     2. Feuilles de la primocanne à 3 (4) folioles

          3. Pétales blancs

               4. Feuilles de la primocanne à dents très fines et régulières

          = Rubus rigiduliformis (Sudre) Prain

               4. Feuilles de la primocanne à dents assez marquées et plutôt irrégulières

                    5. Feuilles de l’inflorescence souvent un peu grisâtres en dessous

                    Pédicelles à aiguillons nombreux et forts

                    Folioles des feuilles de la primocanne obovales assez larges

          = Rubus flaviramus (Sudre) K. Schum. & Fedde

                    5. Feuilles toutes vertes dessous, même celles de l’inflorescence

                    Pédicelles à aiguillons moins nombreux et faibles

                    Folioles des feuilles de la primocanne obovales assez étroites

          = Rubus fissurarum (Sudre) K. Schum. & Fedde

          3. Pétales roses

               4. Filets des étamines roses

               Styles verdâtres ou jaunâtres

          = Rubus lithophilus (Sudre) Fedde & K. Schust.

               4. Filets des étamines blancs

               Styles rougeâtres

          = Rubus rosaceus Weihe & Nees ex Bluff & Fingerh. var. rubristylus Sudre, nom. prov.

 

Groupe 4

1. Feuilles de la primocanne (au moins certaines) à 5 folioles ou presque

     2. Feuilles de la primocanne toutes à 5 folioles (ou presque)

          3. Primocanne à aiguillons droits ou juste inclinés

          Sépales apprimés ou dressés sur les fruits

          Feuilles de la primocanne à folioles se chevauchant régulièrement (Corylifolii)

          = Rubus spinoproximus L. Belhacène

          3. Primocanne à aiguillons penchés et un peu courbés

          Sépales réfléchis sur les fruits

          Feuilles de la primocanne à folioles ne se chevauchant pas spécialement

          = Rubus abstrusus (Sudre) Prain

     2. Feuilles de la primocanne généralement à 3 folioles avec certaines à 5 ou presque

          3. Foliole terminale des feuilles de la primocanne nettement obovale

               4. Filets des étamines blancs plus courts ou égalant les styles verdâtres

          = Rubus accessivus (Sudre) K. Schum. & Fedde

               4. Filets des étamines dépassant les styles verdâtres

          = Rubus jactabundus (Sudre) K. Schum. & Fedde

          3. Foliole terminale des feuilles de la primocanne largement ovale à suborbiculaire

          Filets des étamines blancs plus longs que les styles verdâtres

          = Rubus argutipilus (Sudre) K. Schum. & Fedde

1. Feuilles de la primocanne toutes à 3 folioles

     2. Sépales plus ou moins réfléchis sur les fruits

          3. Pétales blancs (ou rosulés), filets des étamines blancs dépassant les styles roses

          Primocanne nettement glauque

          = Rubus abruptorum (Sudre) B.D. Jacks.

          3. Pétales roses, filets des étamines à base rose dépassant les styles rougeâtres

          Primocanne non (ou à peine) glauque

          = Rubus scabidus (Sudre) Prain

     2. Sépales dressés ou apprimés (pétales généralement blancs)

          3. Glandes stipitées toutes rouge foncé avec certaines plutôt grandes (plus longues que les pédicelles les portant)

               4. Étamines plus courtes que les styles

          = Rubus aulonensis Sudre

               4. Étamines dépassant au moins un peu les styles

          = Rubus hirtus Waldst. & Kit. gr.

          3. Glandes stipitées un peu jaunâtres (rougeâtres par endroit) et généralement pas vraiment spécialement longues (égalant au plus les pédicelles les portant)

               4. Étamines dépassant les styles

                    5. Foliole terminale des feuilles de la primocanne suborbiculaire

          = Rubus pullatifolius (Sudre) K. Schum. & Fedde

                    5. Foliole terminale des feuilles de la primocanne ovale ou obovale et plutôt pas large

          = Rubus curtiglandulosus (Sudre) K. Schum. & Fedde

               4. Étamines plus courtes que les styles

                    5. Foliole terminale des feuilles de la primocanne largement ovale ou suborbiculaire

                         6. Primocanne fortement poilue

                         Primocanne à nombreuses glandes stipitées et acicules

                         Inflorescence assez bien développée

          = Rubus serpens Weihe ex Lej. & Courtois var. latifolius Sudre, nom. prov.

                         6. Primocanne lâchement poilue

                         Primocanne à glandes stipitées et acicules peu nombreux

                         Inflorescence pauciflore et courte

          = Rubus curtistamineus (Sudre) K. Schum. & Fedde

                    5. Foliole terminale des feuilles de la primocanne obovale et pas trop large

                         6. Feuilles de la primocanne vert jaunâtre, à dessous à nombreux poils brillants

                         Floricanne très poilue-hérissée et à nombreuses glandes assez longues

          = Rubus flaviflorens (Sudre) K.Schum. & Fedde

                         6. Feuilles de la primocanne vert sombre, à dessous glabrescent

                         Floricanne à poils apprimés et glandes assez courtes

          = Rubus erectiflorens (Sudre) K. Schum. & Fedde

 

La clé ici proposée est évidemment une clé de travail, incomplète, approximative et à mettre à l’épreuve, qu’il faudra donc appréhender avec beaucoup de précautions. Elle n’est aussi valable que dans la vallée d’Aure. Il serait illusoire de vouloir l’utiliser pour d’autres régions de France et même des Pyrénées. Une fois un taxon « trouvé », il reste indispensable de le comparer au matériel de référence (herbier type, diagnose, etc.) pour confirmer ou non la détermination obtenue. Un bon nombre de ronces ne sont pas encore décrites, d’autres sont souvent mal connues (uniquement par une part d’herbier). Tout le travail reste à faire. Cette clé permettra, nous l’espérons, à certains de vouloir se jeter dans la grande aventure de la batologie.

Bibliographie

Belhacène L. & Mercier D.P., 2023. Quelques changements nomenclaturaux pour le genre Rubus (2). Carnets botaniques 139 : 1-15.

Sudre H., 1898-1903. Excursions batologiques dans les Pyrénées ou description et analyse des Rubus des Pyrénées françaises, fascicules 1-4. Imprimerie de l’Institut de bibliographie, Le Mans, 219 p.

Sudre H., 1908-1913. Rubi europae vel Monographia Iconibus Illustrata Ruborum Europae. Librairie des sciences naturelles Léon Lhomme, Paris, 305 p.

Remerciements

Nous remercions Valérie Martin-Rolland pour sa fidèle relecture, ainsi que toute l’équipe de la SBOcc pour leurs compétences éditoriales et cette superbe possibilité de publier.