Compte rendu de la sortie bryophytes dans les monts de Lacaune
Title
Report on the bryophyte outing in the Monts de Lacaune
Résumé
Une sortie du groupe bryophytes de la Société botanique d’Occitanie a eu lieu le 21 octobre 2023 sur le versant tarnais des monts de Lacaune. Une description de la zone prospectée est présentée, puis les taxons observés sont listés par ordre chronologique d’observation en suivant le référentiel taxinomique TAXREF v. 16.0.
Abstract
An outing by the bryophyte group of the Société botanique d’Occitanie took place on 21 October 2023 on the Monts de Lacaune mountain’s Tarn slope. A description of the area surveyed is given, followed by a list of the taxa observed, in chronological order of observation, using the TAXREF v. 16.0 taxonomic reference system.
1. Descriptif de la zone étudiée
Castelnau-de-Brassac (81260) se situe à l’ouest du département du Tarn en région Occitanie. La commune est installée sur les bords de l’Agout dans la partie occidentale des monts de Lacaune, à la jonction des départements du Tarn, de l’Aveyron et de l’Hérault. Cette vaste entité biogéographique correspond à l’extrême sud-ouest du Massif central, qu’elle se partage avec deux autres ensembles montagnards dont elle est intimement liée, le Sidobre et la Montagne Noire. Érigés à la fin de l’Éocène lors d’une compression due au rapprochement de l’Ibérie et la formation des Pyrénées, les monts de Lacaune sont principalement constitués de roches anciennes, métamorphiques. De multiples dômes de gneiss (oeillés), des schistes, des micaschistes sombres et des plutons granitiques composent ces monts dont le point culminant correspond au Puech de Rasca, à 1 270 m d’altitude.
Si les influences méditerranéennes dominent les contreforts aveyronnais et héraultais des monts de Lacaune, les piémonts tarnais sont quant à eux sous influences continentales et atlantiques. L’élévation d’altitude entraîne des variations climatiques importantes (augmentation des écarts de températures jour/nuit et de l’humidité atmosphérique) et une succession rapide des étages bioclimatiques (Durand et al., 2004).
Les roches acides de cette région, couplées au climat froid (8,5 °C de moyenne annuelle) et humide (avoisinant les 1 400 mm de précipitations par an ; Bernard, 2012) d’altitude, ont donné lieu à des prairies verdoyantes (dévolues à l’élevage) et à de larges forêts de Hêtre, de Chêne sessile et de Châtaigner, sur les versants abrupts (en régression sous la pression sylvicole). Ces ensembles apparaissent entrecoupés d’un vaste réseau de ruisseaux et de rivières, garant d’une multitude de zones humides paratourbeuses à tourbeuses. C’est dans ce contexte que s’inscrit cette sortie bryologique.
Les monts de Lacaune offrent une richesse floristique notable, atlantique-montagnarde. Outre la flore vasculaire, ce territoire propose une diversité de microhabitats particulièrement adaptés et favorables aux Bryophytes. Ces microhabitats hébergent ainsi des cortèges plus ou moins spécifiques et originaux. Les massifs boisés favorisent les espèces corticoles et humicoles ; les chaos granitiques accueillent des communautés pionnières saxicoles, tandis que les bords des eaux courantes hébergent bien souvent des espèces rhéophiles. Enfin, les quelques secteurs de pelouses (notamment aux points culminants du Roc de Montalet, du Puech de Montgrand et de celui de Rasca) abritent des habitats composites riches en mousses et hépatiques. Les tourbières (au sens large) sont, quant à elles, bien souvent dominées par une bryoflore abondante et complexe.
2. Habitats et espèces observées
Le premier arrêt s’est fait au nord de Castelnau-de-Brassac sur un sentier le long d’une haie, avec différentes pleurocarpes et acrocarpes terricoles, saxicoles et corticoles :
- Porella platyphylla (L.) Pfeiff., 1855 (photo 1)
- Hypnum cupressiforme, 1801
- Homalothecium sericeum (Hedw.) Schimp., 1851
- Pulvigera lyellii (Hook. & Taylor) Plášek, Sawicki & Ochyra, 2015
- Alleniella complanata (Hedw.) S. Olsson, Enroth & D. Quandt, 2011
- Plagiothecium denticulatum (Hedw.) Schimp., 1851
- Metzgeria furcata (L.) Corda, 1829
- Radula complanata (L.) Dumort., 1831
- Fissidens dubius Beauv., 1805 (photo 2)
- Plagiomnium undulatum (Hedw.) T.J. Kop., 1968
- Eurhynchium striatum (Hedw.) Schimp.
- Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982
- Lewinskya affinis (Schrad. ex Brid.) F. Lara, Garilleti & Goffinet, 2016.
Nous sommes ensuite entrés dans une petite parcelle forestière composée de hêtres, avec quelques espèces sciaphiles corticoles et terricoles :
- Polytrichum formosum, 1801
- Isothecium alopecuroides (Lam. ex Dubois) Isov., 1981
- Dicranum scoparium, 1801
- Diplophyllum albicans (L.) Dumort., 1835
- Diphyscium foliosum (Hedw.) D. Mohr, 1803 (photo 3)
- Marsupella emarginata (Ehrh.) Dumort., 1835
- Scapania nemorea (L.) Grolle, 1963 (photo 4).
Le chemin qui mène à la Sagne de Chabert longe une lande acidiphile à Ericaceae où nous avons pu observer quelques nouvelles espèces, toutes terricoles :
- Pseudoscleropodium purum (Hedw.) M. Fleisch., 1923 (photo 5)
- Cephaloziella turneri (Hook.) Müll. Frib., 1913
- Calypogeia fissa (L.) Raddi, 1818
- Bartramia pomiformis, 1801 (photo 6)
- Pogonatum aloides (Hedw.) P. Beauv., 1805.
Suite à la pause déjeuner, nous arrivons en bas d’un vallon où coule le ruisseau des Agrès (photo 7). Plusieurs arrêts dans ces boisements hygrophiles et rochers humides nous apportent de nombreuses espèces non observées jusqu’alors :
- Ulota crispula Bruch, 1827
- Ulota bruchii ex Brid., 1827
- Metzgeria furcata (L.) Corda, 1829
- Plagiomnium affine (Blandow ex Funck) T.J. Kop., 1968
- Hylocomiadelphus triquetrus (Hedw.) Ochyra & Stebel, 2008
- Saccogyna viticulosa (L.) Dumort., 1831
- Trichocolea tomentella (Ehrh.) Dumort., 1831 (photo 8)
- Fontinalis squamosa, 1801 (photo 9)
- Scapania undulata (L.) Dumort., 1835 (photo 10)
- Mnium hornum, 1801
- Thamnobryum alopecurum (Hedw.) Gangulee
- Rhynchostegium riparioides (Hedw.) Cardot, 1913
- Rhizomnium punctatum (Hedw.) T.J. Kop., 1968
- Atrichum undulatum (Hedw.) P. Beauv., 1805
- Lejeunea cavifolia (Ehrh.) Lindb., 1871
- Thuidium tamariscinum (Hedw.) Schimp., 1852
- Sphagnum palustre, 1753 (photo 11).
Bibliographie
Bernard Ch., 2012. Petite flore portative de l’Aveyron. Bulletin de la Société botanique du Centre-Ouest,
n. s., n° spécial 37 : 1-545.
Durand Ph., Livet F. & Salabert J., 2004. À la découverte de la flore du Haut-Languedoc. Editions du Rouergue/Parc naturel régional du Haut-Languedoc, 25 p.
Remerciements
Nous remercions Marte Infante Sánchez pour le partage de ses connaissances. Nous remercions également toutes les personnes ayant participé à cette sortie.