Une excursion phytosociologique préliminaire sur le versant nord du massif du Canigó (Conflent, Pyrénées-Orientales)

Title

A preliminary phytosociological excursion on the northern slope of the Canigó massif (Conflent, Pyrénées-Orientales)

Résumé

Cet article rapporte les données phytosociologiques acquises au cours d’une brève excursion estivale sur le flanc nord du massif du Canigó (Conflent, Pyrénées-Orientales) : végétation forestière et de lisière, lande à Cytisus oromediterraneus-Arctostaphylos uva-ursi, Cisto laurifoliiCytisetum scoparii et une association de lande nouvelle, le Cytiso oromediterranei-Lavanduletum stoechadis.

Abstract

This article reports the phytosociological data gathered during a brief summer excursion on the northern flank of the Canigó Massif (Conflent, Pyrénées-Orientales): forest and edge vegetation, Cytisus oromediterraneus-Arctostaphylos uva-ursi heath, Cisto laurifolii- Cytisetum scoparii, and a new heath association, the Cytiso oromediterranei-Lavanduletum stoechadis.

Le pic du Canigou (en catalan Pica del Canigó) est le haut sommet oriental de la chaîne des Pyrénées, sur le massif du même nom. Il est situé dans le Conflent (département des Pyrénées-Orientales) et culmine à 2 784 m d’altitude (photo 1). À notre connaissance, ce massif n’a jusqu’à présent fait l’objet d’aucune étude phytosociologique. Citons cependant la contribution de Susplugas (1942) à la connaissance de la végétation et des sols du haut Vallespir, sur le revers sud-est de ce massif, correspondant aussi à la haute vallée du Tech, et ajoutons que l’ONF (2004) a produit un document de synthèse sur les caractéristiques du massif et son aménagement forestier.

Une excursion phytosociologique exploratoire eut lieu le 5 juillet 2020, entre le col de Jou (1 120 m) et le col du Cheval mort (1 424 m). Avant de présenter les résultats obtenus, quelques généralités sur le massif s’imposent.

Photo 1. Le massif du Canigó vu de Eus ; © B. de Foucault.
 

1. Généralités sur le massif

La première forme connue du nom apparaît en 949 avec Montis Canigonis. On trouve ensuite, également au xe siècle, Monte Canigone, Chanigono et Canigonis, puis au xie siècle Monte Kanigonis et Kanigoni. La forme moderne Canigó apparaît pour la première fois en 1300.

En français, si la graphie Canigou est la forme traditionnelle, elle est de plus en plus critiquée et tend à être remplacée par Canigó, forme adoptée ici dans le titre et la suite de ce compte-rendu. L’Institut géographique national a par exemple fustigé une « toponymie malmenée par une ancienne tradition de francisations » et conduit depuis 1983 un programme de correction toponymique dans les Pyrénées-Orientales ; le pic constitue cependant une exception et est désigné par une double mention, « pic du Canigou (pic del Canigó) », aux échelles 1:25 000 et inférieures.

Le pic du Canigó est situé entre Prades au nord et Prats-de-Mollo-La-Preste au sud ; il constitue, à environ deux cents mètres au sud-est de son sommet, un quadripoint où se rejoignent les communes de Casteil, Taurinya, Valmanya et Vernet-les-Bains.

Le sommet du Canigó est constitué de l’orthogneiss de Quazemi (du nom d’un pic culminant à 2 422 m sous le Canigó), une roche à biotite riche en quartz et en feldspaths, issue d’un ancien granite ordovicien (- 425 millions d’années) métamorphisé au cours de l’orogenèse varisque, au Carbonifère supérieur (- 310 millions d’années). Cette roche affleure également sur l’intégralité des flancs ouest et sud du pic (Guitard et al., 1998).

Bien que le climat dominant soit largement méditerranéen à sa base, l’ampleur et l’altitude du massif du Canigó le soumettent à plusieurs microclimats bien tranchés :

  • climat méditerranéen de 0 à 800-1 000 m ;
  • montagnard de 1 000 à 1 700 m ;
  • subalpin de 1 700 à 2 300 m ;
  • alpin de 2 300 m jusqu’au sommet.

Il n’existe pas d’étage nival. Toutefois on notera la présence d’un névé suspendu (vers 2 450-2 500 m), situé à la base des faces nord du pic du Canigó (2 784 m) et du pic Barbet (2 712 m). Bien que variable d’une année à l’autre, l’enneigement est généralement continu au-dessus de 1 800 m, de la mi-novembre à la fin mai. Les températures sont de 12 °C en moyenne en juillet à −5 °C en janvier. À plus basse altitude (Vernet-les-Bains, vers 680 m d’altitude), ces chiffres sont respectivement de 20 °C en moyenne en juillet à 1,1 °C en janvier ; la pluviométrie totale y atteint 840 mm, avec un maximum au printemps et un minimum en hiver. D’après les données anciennes de Susplugas (1942), dans le haut Vallespir, le minimum est à nouveau hivernal, mais le maximum est estival, pour une pluviométrie totale variant de 880 à 1 120 m selon l’altitude.

Le massif est intégré au réseau européen Natura 2000, sous le code FR9101475 (Massif du Canigou), et au réseau des Grands Sites de France.

Photo 2. Le Betulo pendulae-Pinetum sylvestris pionnier en bordure de piste ; © B. de Foucault.

Les relevés ont tous été réalisés le 7 juillet 2020, entre le col de Jou (fin de la D 116) et le col du Cheval mort (commune de Casteil) ; ils sont généralement accompagnés de la surface étudiée (en m2) et du recouvrement de la végétation (en %) ; le symbole ! désigne un taxon à vitalité particulièrement supérieure à la normale ; le signe ° indique un taxon représenté par des formes à vitalité réduite relativement à la normale ; « j » désigne un taxon normalement arbustif ou arborescent représenté par des formes juvéniles. La nomenclature taxonomique suivra Flora Gallica (Tison & de Foucault, 2014) ; pour alléger le texte, les noms des sous-espèces autonymes, c’est-à-dire ayant le même nom que l’espèce, seront réduits à leur initiale. Pour alléger les tableaux et les relevés isolés, le signe * y remplacera ‘subsp.’ ou ‘var.’.

2. La végétation forestière et de lisière

À cette altitude, la végétation arborescente combine surtout les essences suivantes : Fagus sylvatica, Abies alba, Acer opalus subsp. o., Fraxinus excelsior, Sorbus aucuparia subsp. a., S. aria, qui caractérisent la hêtraie-sapinière ou Abieti albae-Fagetum sylvaticae Julve ex B. Foucault 2018. Toutefois, le long de la piste, se déploie une végétation plus pionnière :

bord de la piste de Mariailles en forêt domaniale du Canigó, N 42° 30’ 50,5’’, E 2° 22’ 55,4’’, 1 175 m, 7 taxons (photo 2) :

  • taxons pionniers : Pinus sylvestris 4, Salix caprea! 3, Betula pendula 2,
  • autres taxons : Fagus sylvatica 1, Prunus avium 1, Fraxinus excelsior +, Sorbus aucuparia *a. +,

correspondant au Betulo pendulae-Pinetum sylvestris B. Foucault 2018 (de Foucault, 2018, 2020a).

La végétation intraforestière herbacée vivace est souvent acidiphile oligotrophile et relève des Melampyro-Holcetea mollis, avec Melampyrum pratense, Luzula nivea, Galium rotundifolium… Toutefois, localement, une végétation plus neutrophile peut se développer :

près d’un parking entre les deux cols, N 42° 30’ 41,6’’, E 2° 23’ 24,6’’, 1 290 m, 70 %, 15 m², 21 taxons

  • Oxalidetalia acetosellae Foucault 2020: Mercurialis perennis 3, Oxalis acetosella 3, Prenanthes purpurea 2, Hieracium gr. murorum 2, Lactuca muralis 2, Geranium robertianum 1, Phyteuma spicatum 1, Veronica urticifolia 1, Poa nemoralis *n. 1, Ranunculus serpens +, Vicia sepium +, Myosotis decumbens *teresiana +, Anemone hepatica +, Stellaria holostea +, Paris quadrifolia +,
  • taxons oligotrophiles : Luzula nivea 1, Gymnocarpium dryopteris +,
  • autres taxons : Abies alba j 1, Fraxinus excelsior j 1, Lonicera xylosteum j +, Sorbus aucuparia *a. j +.

Il est difficile pour l’instant de rattacher cette végétation à une des alliances définies au sein des Oxalidetalia acetosellae B. Foucault 2020 (de Foucault, 2020a) ; elle paraît correspondre à une partie de la synusie herbacée du « Fagetum » de Susplugas (1942, tableau 2).

Une lisière intéressante arbustive apparaît parfois aussi lors de l’ascension ; son relevé correspond au n° 1 du tableau 1. Elle semble se rattacher à une alliance en limite altitudinale supérieure des Rhamno-Prunetea spinosae Rivas Goday & Borja ex Tüxen 1962, le Lonicero nigrae-Corylion avellanae B. Foucault & Julve ex B. Foucault & J.-M. Royer 2016 (de Foucault & Royer, 2016), avant le passage aux Betulo-Alnetea alnobetulae Rejmánek in Huml et al. 1979 de plus haute altitude (de Foucault, 2012). À droite de ce relevé dans le tableau 1, on a aussi placé pour comparaison les trois associations 119 à 121 (ces numéros de syntaxon sont ceux de la synthèse citée de 2016) connues dans cette alliance, provenant surtout des Alpes et du Massif central, donc aucune des Pyrénées. On peut profiter de cette opportunité pour publier dans ce même tableau deux relevés inédits de Haute-Savoie (nos 2 et 3) et trois autres des Pyrénées orientales (nos 4 à 6), à rattacher semble-t-il au Corylo-Populion tremulae Braun-Blanq. ex Rivas Mart. & M.J. Costa 1998, dont les colonnes synthétiques 43 à 48 décrivent les syntaxons de cette alliance dans la synthèse citée de 2016.

Parfois, la forêt s’ouvre et laisse place à des végétations plus héliophiles. C’est le cas par exemple de cette végétation chasmophile :

sous le col du Cheval mort, N 42° 30’ 39’’, E 2° 23’ 30’’, 1 376 m, 30 %, 4 m², 6 taxons

  • Asarinion procumbentis (Braun-Blanq. in Meier & Braun-Blanq. 1934) Braun-Blanq. et al. 1952 : Asplenium septentrionale *s. 2, Asarina procumbens (= Antirrhinum asarina) 1, Thymelaea dioica 1, Polypodium vulgare 1, Atocion rupestre 1,
  • autre taxon : Fagus sylvatica j +.

Au sein de l’alliance citée, cette végétation correspond assez bien à l’Asarino procumbentis-Sedetum brevifolii justement décrit des Pyrénées orientales (Braun-Blanquet et al., 1952, sub Antirrhino asarinae-Sedetum brevifolii).

C’est encore le cas de cette lande basse à Arctostaphylos uva-ursi dont le tableau 2 rapporte deux relevés (le second transmis par R. Bouteloup). On est là en présence d’une lande thermophile orophile à Cytisus oromediterraneus-Arctostaphylos uva-ursi (photos 3 et 4) à rattacher au Cytiso oromediterranei-Arctostaphyletum uvae-ursi nom. mut. hoc loco décrit des Pyrénées orientales par Braun-Blanquet (1948, tableau 32, sub Genisto-Arctostaphyletum uvae-ursi). Le tableau 32 de cet auteur est synthétisé dans la colonne ‘BB 48’ du tableau 2. La comparaison montre une lande plus alticole que celle étudiée ici et différenciée par des taxons nettement orophiles (dont Juniperus communis subsp. nana). Il faudra plus de relevés pour conclure sur le statut de notre lande relativement à celle de Braun-Blanquet. Quoi qu’il en soit, ces landes sont à rattacher aux Kalmio procumbentis-Vaccinietea microphylli Eggler ex R. Schub. 1960.

3. Le fourré à Cistus laurifolius

Ce qui frappe en embrassant du regard les pentes nord-ouest du massif quand on y accède depuis Vernet-les-Bains, ce sont les fourrés héliophiles à Cistus laurifolius subsp. l., dont le tableau 3 rapporte quatre relevés. Le ciste éponyme y est associé à Cytisus scoparius subsp. s., C. oromediterraneus et Rosa canina, plus rarement Juniperus communis subsp. c. Cette combinaison rappelle beaucoup le Cisto laurifolii-Cytisetum scoparii décrit des Pyrénées audoises, autour de 1 000 m (de Foucault, 2019a), dont les douze relevés connus sont synthétisé dans la colonne CCs du tableau 2 ; en définitive seul C. oromediterraneus l’en distingue significativement. On rattachera donc ces fourrés à cette association (photo 5).

Toujours dans le Conflent, mais à plus basse altitude (600 à 900 m), Quézel et Barbero (1988, tableau 5) relèvent aussi une végétation arbustive comparable à Cistus laurifolius subsp. l., Cytisus scoparius subsp. s. en strate arbustive d’un boisement à Pinus nigra subsp. salzmannii, Quercus ilex, Q. petraea subsp. p., mais sans Cytisus oromediterraneus ; elle offre des liens avec une lande à Calluna vulgaris, Lavandula stoechas subsp. s., Genista pilosa, Cistus umbellatus subsp. viscosus, Lotus dorycnium et probablement des formes juvéniles des taxons arbustifs et arborescents (Genisto jordanii-Cistetum laurifolii ; de Foucault, 2016).

Photo 3. Lande à Cytisus oromediterraneus-Arctostaphylos uva-ursi (relevé 1 du tableau 2) ; © B. de Foucault.
Photo 4. Autre lande à Cytisus oromediterraneus-Cistus laurifolius j-Arctostaphylos uva-ursi (relevé 2 du tableau 2) ; © R. Bouteloup.

Dans la monographie de 2019a citée, sur la base de la très faible présence de C. oromediterraneus (une fois sur douze relevés), cette association avait été rattachée au Cytision scoparii Tüxen ex Oberd. 1957. Avec ces nouvelles données, il apparaît qu’elle pourrait être mieux placée dans le Cytision oromediterranei Tüxen in Tüxen & Oberd. 1958 et qu’elle s’appauvrirait alors vers les Pyrénées audoises.

Photo 5. La forme à Cytisus oromediterraneus du Cisto laurifolii-Cytisetum scoparii ; © B. de Foucault.
Photo 6. Le Cytiso oromediterranei-Lavanduletum stoechadis du Canigó, avec Cistus laurifolius j ; © B. de Foucault.

4. La lande à Lavandula stoechas

En lien avec le fourré précédent, il existe aussi une lande oroméditerranéenne thermophile à Lavandula stoechas subsp. s., taxon d’autant plus inattendu ici qu’il atteint l’altitude de 1 220 m, alors que Flora Gallica indique une altitude supérieure de 600 m, soit du simple au double. Trois relevés en sont rassemblés dans le tableau 4, montrant que la lavande est associée à de jeunes Cytisus scoparius et C. oromediterraneus, ainsi que Galium maritimum, Dianthus pyrenaicus et de jeunes Cistus laurifolius. Les autres taxons caractérisant les Cisto-Lavanduletea stoechadis Braun-Blanq. in Braun-Blanq. et al. 1940, Cistus salviifolius, C. crispus, Cytinus hypocistis… (de Foucault et al., 2012), n’ont pas été notés ici, mais le premier pourrait s’y rencontrer ; même Calluna vulgaris n’y est pas très fréquent. On définit ici une nouvelle association landicole, le Cytiso oromediterranei-Lavanduletum stoechadis ass. nov. hoc loco, typus nominis hoc loco : relevé 3 du tableau 4 hoc loco (photo 6), qui constitue certainement une des limites altitudinales absolues de cette classe.

Associé à la lande, semble aussi se développer un ourlet acidiphile à Galium maritimum, Centaurea pectinata, Solidago virgaurea subsp. v., Clinopodium vulgare, Origanum vulgare subsp. v., Leucanthemum monspeliense, Brachypodium sylvaticum, Euphorbia cyparissias…, ne se rattachant sans doute pas à l’Inulo conyzae-Galion maritimi B. Foucault & J.-M. Royer in B. Foucault 2020 qui inclut des ourlets plus neutrophiles à basiphiles (de Foucault, 2020b).

5. Retour sur la synsystématique des Lavanduletalia stoechadis

La synthèse de la classe des Cisto ladaniferi-Lavanduletea stoechadis (de Foucault et al., 2012) n’est pas complètement satisfaisante et il paraît utile de revenir sur quelques points associés à une meilleure vision de ce type de végétation, au moins pour les Lavanduletalia stoechadis Braun-Blanq. in Braun-Blanq. et al. 1940 qui concernent plus précisément la France. En effet, le genre Cistus (incluant Halimium), dont plusieurs représentants participent à cette végétation, est biologiquement assez hétérogène ; on y trouve des chaméphytes (surtout C. salviifolius, C. crispus, C. pouzolzii, C. umbellatus subsp. u. et subsp. viscosus) et des nanophanérophytes (ou « mégachaméphytes », C. creticus, C. albidus, C. ladanifer, C. monspeliensis, C. populifolius, C. laurifolius subsp. l. et subsp. atlanticus, C. halimifolius). Alors que les premiers sont de bons taxons caractéristiques des landes proprement dites, les seconds caractérisent plutôt des fourrés plus ou moins hauts, tels que le Cisto laurifolii-Cytisetum scoparii évoqué précédemment. Cependant les formes juvéniles (précisées par le signe ‘j’ dans le tableau 5) peuvent être utilisées comme taxons différentiels des diverses unités. Ces remarques ne remettent donc en cause ni le schéma synsystématique publié en 2012 ni la nomenclature des unités utilisant des noms de nanophanérophytes pour de telles landes. Elles visent surtout à éveiller l’attention des phytosociologiques actuels dans la délimitation des individus d’association chaméphytiques et nanophanérophytiques.

Dans la colonne en gris clair (CCv), on a ajouté la synthèse des relevés 1 à 12 du tableau 1 publié par Aubert et al. (1971) décrivant un syntaxon non nommé. On voit qu’il est difficile à rattacher à l’une des deux alliances connues, Cistion ladaniferi Braun-Blanq. in Braun-Blanq. et al. 1940 et Cistion laurifolii Rivas Goday in Rivas Goday et al. 1956. Quoi qu’il en soit, on décrit ici le Centaureo paniculatae-Callunetum vulgaris ass. nov. hoc loco, typus nominis hoc loco : relevé 7 du tableau 1 in Aubert et al. (1971, Bull. Soc. Bot. France 118 (9) : 682). Il s’agit d’une lande liguro-provençale qui paraît systémiquement liée (acidification édaphique ?) à une garrigue basse des Rosmarinetea officinalis (présence, parfois diffuse, de Helichrysum stoechas, Odontites luteus, Carex humilis, Ononis minutissima, Fumana ericifolia, Dianthus balbisii subsp. b., Centaurea paniculata, Convolvulus cantabrica, Ruta angustifolia, Teucrium chamaedrys, Euphorbia spinosa, taxons non tous repris dans le tableau 5).

Les tableaux 6 à 8 synthétisent et actualisent respectivement

  • le Cistion ladaniferi: les syntaxons Cd1 à Cd3 puis Cd5 à Cd15 correspondent aux syntaxons nos 1 à 14 du tableau 3 de la synthèse de 2012 ; le Cd4 est l’Ulici parviflori-Cistetum salviifolii des Albères (de Foucault, 2019b) ;
  • le Cistion laurifolii: les syntaxons Cf1 à Cf17 correspondent aux syntaxons nos 15 à 31 du tableau 4 de la synthèse de 2012 ; le Cf18 est le Cytiso oromediterranei-Lavanduletum stoechadis (tableau 4 hoc loco), le Cf19 est le Genisto jordanii-Cistetum laurifolii (d’après Quézel & Barbero, 1988, tableau 5 : relevés 1 à 18 ; voir aussi de Foucault, 2016) ;
  • le Teucrion mari Gamisans & Muracciole 1984 : les syntaxons Tm1 à Tm11 correspondent aux syntaxons nos32 à 42 du tableau 5 de la synthèse de 2012.

6. Conclusion

Ce parcours sur le flanc nord du Canigó a donc permis de confirmer la présence du Lonicero nigrae-Corylion avellanae dans les Pyrénées, d’étendre l’aire du Cisto laurifolii-Cytisetum scoparii, de reconnaître la lande thermophile à Cytisus oromediterraneus-Arctostaphylos uva-ursi (Cytiso oromediterranei-Arctostaphyletum uvae-ursi Braun-Blanq. 1948 ?) et enfin de définir une lande originale en limite altitudinale supérieure d’extension des Cisto-Lavanduletea stoechadis, le Cytiso oromediterranei-Lavanduletum stoechadis relevant du Cistion laurifolii. C’est dire que ce massif recèle certainement bien d’autres richesses cénologiques à dévoiler.

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Remerciements

Un grand merci à R. Bouteloup (Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie) pour le relevé et la photo de la lande à Arctostaphylos uva-ursi.