La pelouse à gagées du plateau de Mouthoumet – Laroque-de-Fa (Aude, France) et la végétation associée

Title

The Gagea community of the Mouthoumet – Laroque-de-Fa plateau (Aude, France) and the associated vegetation

Résumé

Cet article apporte des informations phytosociologiques sur la végétation à Gagea bohemica et G. granatellii du plateau de Mouthoumet – Laroque-de-Fa (Aude) et quelques autres qui lui sont associées ; on définit comme nouveaux les Gageo bohemicae-Plantaginetum holostei et Buxo sempervirentis-Ericetum scopariae.

Abstract

This article provides some phytosociological information on the Gagea bohemica and G. granatellii vegetation of the Mouthoumet – Laroque-de-Fa plateau (Aude) and some others associated with it; we define as new the Gageo bohemicae-Plantaginetum holostei and Buxo sempervirentis-Ericetum scopariae.

1. Présentation des sites

Le plateau de Mouthoumet – Laroque-de-Fa se localise dans la partie centrale des Corbières, à une altitude voisine de 500 m. Il est notamment traversé par le Sou, un cours d’eau qui prend sa source sur le versant nord du roc de Matefagine formant la limite entre les communes de Massac et Laroque-de-Fa, lequel cours se dirige ensuite vers le nord et rejoint l’Orbieu près du château de Durfort (commune de Vignevieille). Ce plateau se rattache aux Hautes Corbières centrales selon le découpage du département en régions biogéograpiques (Barreau et al., 2016). L’examen de la carte géologique montre la prédominance de terrains primaires : pélites et grès des Trémadoc et Arénig (O 1-2, Silurien et Ordovicien) et pélites et jaspes des Tournaisien et Viséen supérieur (h 1-2, Carbonifère), dans l’ensemble des substrats siliceux. On observe aussi en alternance des terrains calcaires du Crétacé ; cette diversité géologique va évidemment influencer la végétation observée. On y trouve une belle mosaïque d’habitats (falaises calcaires, pelouses acidiphiles méditerranéennes, prairies hygrophiles, forêts, prairies de fauche) offrant de nombreuses plantes patrimoniales, dont Hormathophylla macrocarpa, Brassica montana, Trifolium leucanthum, Medicago hybrida, ainsi que certaines orchidées et des gagées. Cette région est par ailleurs incluse dans le site Natura 2000 n° FR9101489 (Vallée de l’Orbieu, site d’intérêt communautaire et zone spéciale de conservation).

C’est sur le territoire de la commune de Laroque-de-Fa que s’étend le domaine de Borde Grande, espace naturel sensible du département de l’Aude, sur environ 120 ha, identifié pour son avifaune et ses géophytes (Orchidaceae, Gagea). Les bâtiments de ce domaine ont abrité longtemps une ferme pédagogique avec un accueil d’enfants (ancien CPIE des Hautes Corbières) avant de retrouver la vocation première d’une véritable activité pastorale. En effet, en 2010, soucieux d’établir un plan de gestion écologique du site, le Département a favorisé l’installation de porteurs d’un projet d’élevage caprin. L’éleveuse a aujourd’hui un troupeau de 90 chèvres dites du Rove, une race caprine française originaire des Bouches-du-Rhône faisant partie des races « à petit effectif » (environ 14 000 femelles depuis 2014 en France). Sa robe est de couleur variée, généralement marron avec des taches blanches ou noires. La race est particulièrement reconnaissable à ses cornes de section triangulaire et torsadées (photo 1). Cette chèvre accompagnait jadis la transhumance des moutons et fournissait son lait aux bergers et aux agneaux que leur mère ne pouvait nourrir, mais aussi sa viande, à une époque où elle était couramment consommée. Elle est aujourd’hui plutôt utilisée pour défricher ou entretenir les zones difficilement inaccessibles devant être nettoyées pour lutter contre les incendies. Quelques éleveurs utilisent son lait pour la fabrication de fromages. Cet élevage permet de concilier le maintien de la biodiversité du site et la rentabilité économique nécessaire. Des suivis naturalistes sont par ailleurs assurés par un ancien gestionnaire de réserve naturelle et apportent de précieuses informations sur les oiseaux, mais aussi les mammifères et les orthoptères, dont certaines espèces sont spécifiques des zones siliceuses où poussent les gagées.

Photo 1. Vue du troupeau de chèvres du Rove de Borde Grande (Laroque-de-Fa) ; © B. de Foucault.

En 2012, 2013 et 2015, la fédération Aude Claire a procédé à des études phytoécologiques de suivi de végétation pour évaluer l’impact du pacage caprin sur la dynamique de la végétation en lien avec la proximité ou l’éloignement des bâtiments du domaine.

2. Cadre de l’étude phytosociologique

Le but de notre étude était initialement de décrire la végétation vivace des dalles affleurantes à gagées. Pour cela, il fallait parcourir les sites en fin d’hiver ou tout début du printemps en lien avec la phénologie optimale de ces Liliaceae, ce qui fait que plusieurs taxons plus tardifs étaient plutôt difficiles à déterminer. En lien avec ces pelouses vivaces, nous avons aussi pu étudier les fourrés à bruyères.

Il était trop tôt pour envisager une étude correcte de la végétation thérophytique associée ; nous avons cependant pu reconnaître Tuberaria guttata, Mibora minima, Aphanes australis, Hypochaeris glabra, Micropyrum tenellum, Teesdalia nudicaulis, T. coronopifolia ; le catalogue de Barreau (2019, qui ne cite pas Mibora minima) montre aussi la présence possible de Tolpis umbellata, Logfia minima, L. gallica, Moenchia erecta, Silene gallica, Lupinus angustifolius, Ornithopus compressus, O. perpusillus, Trifolium arvense, T. bocconei, T. glomeratum, T. striatum, T. strictum (plus T. leucanthum cité plus haut), Scleranthus annuus s. l., Linum trigynum, Misopates orontium, des Aira, Vulpia bromoides ; cette flore oriente clairement cette végétation vers les Tuberarietea guttatae. Dans le même ordre d’idées, nous avons aussi observé le petit ourlet thérophytique acidiphile du Senecioni lividi-Moehringietum pentandrae B. Foucault 2017, avec en plus des deux taxons éponymes Draba muralis et Geranium purpureum.

Par ailleurs, Royer et Ferrez (2018) ont récemment publié leur synthèse sur les Sedo-Scleranthetea biennis Braun-Blanq. 1955, classe qui inclut la végétation vivace des dalles, notamment acides. De notre point de vue, cette synthèse n’est pas tout à fait satisfaisante, ne tenant pas suffisamment compte de la séparation entre composantes vivaces et composantes thérophytiques dans ce qui apparaît comme des mosaïques biologiques. Dans le tableau 1, on a donc repris la partie acidiphile de cette classe, soit les Sedo-Scleranthetalia biennis, et proposé une nouvelle structuration du tableau sans remettre en cause les principales unités distinguées initialement ; la nomenclature adoptée ici suit Flora Gallica (Tison & de Foucault, 2014) comme le reste de cet article. Ce tableau est structuré comme suit.

Ordre des Sedo albi-Scleranthetalia biennis Braun-Blanq. 1955

Alliance Sa. Sedion anglici Braun-Blanq. in Braun-Blanq. & Tüxen 1952 : synthèse des syntaxons 1 à 11 de Royer & Ferrez (2018) ; depuis la synthèse de 2018, Corriol et al. (2021) ont proposé de rattacher à cette alliance leurs Anarrhino bellidifolii-Sedetum rupestris et Anthemido saxatilis-Plantaginetum holostei.

Alliance Sba. Sedion brevifolio-anglici (Tüxen ex Rivas Mart. et al. in T.E. Diaz & Fern.Prieto 1994) B. Foucault 2021 en remplacement du Sedion pyrenaici Tüxen ex Rivas Mart. et al. in T.E. Diaz & Fern.Prieto 1994 devenant homonyme illégitime du Sedion anglici suite à l’abandon de la reconnaissance de Sedum anglicum subsp. pyrenaicum (de Foucault, 2021a) : synthèse des syntaxons 12 à 17 de Royer & Ferrez (2018) ; depuis la synthèse de 2018, Corriol et al. (2021) ont proposé de rattacher à cette alliance (sub Sedion pyrenaici) leurs Hyperico linariifolii-Sedetum pyrenaici et Sedetum pyrenaico-hirsuti.

Alliance SSb. Sedo albi-Scleranthion biennis Braun-Blanq. 1950 : synthèse des syntaxons 28 à 33 de Royer & Ferrez (2018).

Alliance ACc. Alkanno matthioli-Corynephorion canescentis B. Foucault 2021 : synthèse des syntaxons Cc4 à Cc6 du tableau 6 in de Foucault (2021b).

Alliance CCc. Carici arenariae-Corynephorion canescentis B. Foucault 2021 : synthèse des syntaxons Cc12 à Cc16 du tableau 6 in de Foucault (2021b).

Alliance Cc. Corynephorion canescentis Klika 1931 : synthèse des syntaxons Cc17a à Cc25 du tableau 6 in de Foucault (2021b).

Alliance Gageo bohemicae-Sedion albi B. Foucault 1999 (Doc. Phytosoc., NS, XIX : 82). Les syntaxons 18 à 27 de la synthèse citée de Royer & Ferrez correspondent au « Sedo albi-Veronicion dillenii Oberd. ex Korneck 1974 », biologiquement assez hétérogène, avec les sources suivantes (on renvoie à la synthèse citée de 2018 pour les références précises ; les noms entre guillemets indiquent des syntaxons biologiquement hétérogènes) :

* Syntaxons à Pilosella officinarum

18. « Allio montani-Veronicetum vernae Oberd. ex Korneck 1975 ».
19a. « Gageo saxatilis-Veronicetum dillenii Oberd. ex Korneck 1974 », race des Vosges.
21. « Spergulo pentandrae-Veronicetum dillenii Korneck 1975 ».
22. « Saxifrago tridactylitae-Potentilletum neglectae Billy ex Thébaud, C. Roux, Bernard & Delcoigne 2014 ».
23. « Tuberario guttatae-Thymetum drucei Billy ex J.-M. Royer & Ferrez 2018».
24. « Petrorhagio proliferae-Festucetum lemanii Billy ex J.-M. Royer & Ferrez 2018».
25. « Sedo rubentis-Scleranthetum perennis Robbe ex J.-M. Royer, Felzines, Misset & Thévenin 2006 ».
26. Syntrichio ruralis-Sedetum micranthi Felzines & Loiseau in J.-M. Royer Felzines, Misset & Thévenin 2006.
27. Sedo rupestris-Hieracietum pilosellae Billy ex Thébaud, C. Roux, Bernard & Delcoigne 2014 ; a d’Auvergne ; b du Morvan.

* Syntaxons à Gagea bohemica

19b. « Gageo saxatilis-Veronicetum dillenii Oberd. ex Korneck 1974 », race d’Allemagne.
19c. « Gageo saxatilis-Veronicetum dillenii Oberd. ex Korneck 1974 », race d’Auvergne.
20. Scillo autumnalis-Sedetum albi Korneck 1975, type de l’alliance.

Le Sclerantho perennis-Plantaginetum holostei décrit des Cévennes (de Foucault, 2017) peut s’y placer aussi, car il entre mal dans les alliances Sa à Cc.

Cette dernière alliance nous ramène donc à notre but initial, celui de décrire les dalles à gagées du plateau de Mouthoumet – Laroque-de-Fa.

3. Les pelouses vivaces acidiphiles à gagées

Le tableau 2 rapproche neuf relevés de la pelouse vivace de ce plateau. Elle combine plus ou moins fréquemment Plantago holosteum, Gagea bohemica (photo 2), G. granatellii (photo 3), Sedum sediforme, S. forsterianum, S. rupestre, Thymus vulgaris subsp. v., Potentilla hirta, Ranunculus paludosus, Silene italica, Cistus salviifolius, Urospermum dalechampii, Carex halleriana, Poterium sanguisorba subsp. s., Jasione montana, Taraxacum erythrospermum. Ces relevés sont synthétisés dans la colonne GPh du tableau 1, qui montre sa grande originalité relativement aux associations à Gagea bohemica décrites antérieurement par ses riches affinités méditerranéennes. Cette forte différenciation incite à définir ici le Gageo bohemicae-Plantaginetum holostei ass. nov. hoc loco, typus nominis hoc loco : relevé 4 du tableau 2 hoc loco.

Photo 2. Gagea bohemica ; © L. Beaufils.
Photo 3. Gagea granatellii ; © B. de Foucault.

Elle se présente comme une pelouse toujours ouverte, avec une composante bryo-lichénique souvent bien représentée, surtout Polytrichum piliferum et des Cladonia (photo 4). Les Gagea sont souvent peu abondants et parfois difficiles à percevoir, même à la saison phénologiquement favorable. Parmi les taxons compagnes, on note plusieurs végétaux juvéniles des fourrés associés dans la dynamique progressive, étudiés plus loin.

Photo 4. Vue du Gageo bohemicae-Plantaginetum holostei dans une forme riche en Cladonia ; le premier taxon éponyme en fleur à droite ; © B. de Foucault.

Cette association varie en

  • typicum (relevés 2 à 4), accueillant en moyenne 24 taxons par relevé (le relevé 1 en fait sans doute partie, mais est plutôt fragmentaire), différencié par Prospero autumnale, Centaurea paniculata p. Urospermum dalechampii, Saxifraga granulata, Koeleria macrantha;
  • lavanduletosum stoechadis subass. nov. hoc loco (relevés 5 à 9), floristiquement plus pauvre avec en moyenne 18,5 taxons par relevé, typifié par le relevé 8 du tableau 2 hoc loco, différencié par Lavandula stoechas s., Genista hispanica subsp. h., Sedum forsterianum, Calluna vulgaris, Erica cinerea, E. scoparia subsp. s. j, semblant lié à des substrats plus fortement acidifiés.

Cette association semble caractéristique du plateau de Mouthoumet – Laroque-de-Fa, à une altitude moyenne de 510 m ; elle existe au nord de Laroque, au « Camp de Serres » et à la Serre Viala, comme le montrent les photos des pages 220 et 221 in Plassart et al. (2016). Les deux Gagea caratéristiques atteignent aussi le revers sud de la Montagne Noire, mais leur place phytosociologique ne paraît pas encore identifiée ; elle est sans doute différente de celle décrite ici.

Alors que G. granatellii ne dépasse pas la région méditerranéenne vers le nord, G. bohemica atteint l’Auvergne, où il s’intègre notamment dans le Scillo-Sedetum albi Korneck 1975, et le sud du Massif armoricain, où Hardy (2004) le cite au sein des Scillo autumnalis-Ranunculetum paludosi (muté en Prosperoni autumnalis-Ranunculetum paludosi, PRp) et Plantagini holostei-Sesamoidetum canescentis (muté en Plantagini holostei-Sesamoidetum purpurascentis, PSp), deux associations décrites par l’un de nous (de Foucault, 1988) et étudiées lors d’une période défavorable à la bonne observation de la gagée de Bohème. Cette position incite à placer ces deux pelouses armoricaines plutôt dans le Gageo-Sedion albi au lieu du Sedion anglici où les placent Royer & Ferrez (2018) ; on y remarque d’ailleurs l’absence complète de Sedum anglicum. Le tableau 3 dresse une synthèse des syntaxons connus au sein de cette alliance (cf. supra pour les syntaxons 18 à 27 ; le Gageo-Plantaginetum holostei est en GPh ; les deux syntaxons armoricains sont en PRp et PSp, le signe x indiquant la présence potentielle de G. bohemica). En revanche, dans la station très isolée de la dune acidifiée de Ghyvelde, près de la frontière belge (département du Nord), G. bohemica s’intègre plutôt dans des pelouses acidiphiles du Carici arenariae-Festucion filiformis ou du Carici arenariae-Corynephorion canescentis.

Annexe du tableau 2 – rel. 1 : Mouthoumet, bord de la D 613 en direction de Laroque-de-Fa (16/02/2021) ; rel. 2 : sortie sud de Laroque-de-Fa sur la D 1610, La Burgade (09/03/2014) ; rel. 3 : Laroque-de-Fa, sur D 8010, au niveau de la séparation entre la route menant à Borde Grande et celle menant à Carcassès (16/02/2021) ; rel. 4 : id. rel. 1, versant nord-est de La Clape (22/03/2021) ; rel. 5 : id. rel. 3, au nord de la séparation des deux routes (16/02/2021) ; rel. 6 : Laroque-de-Fa, entre Borde Grande et Les Canals (22/03/2021) ; rel. 7 : Laroque-de-Fa, est de Borde Grande (22/03/2021) ; rel. 8 : Laroque-de-Fa, Les Canals (22/03/2021) ; rel. 9 : Laroque-de-Fa, nord de Borde Grande (16/02/2021).

Photo 5. Autre vue du Gageo bohemicae-Plantaginetum holostei de Borde Grande, avec Plantago holosteum, Thymus vulgaris et Gagea granatellii ; © B. de Foucault.

4. La lande associée

La sous-association lavanduletosum stoechadis du Gageo-Plantaginetum holostei fait transition vers une lande très oligotrophile, dont le tableau 4 rapporte deux relevés, caractérisée par Erica cinerea, Lavandula stoechas subsp. s., Cistus salviifolius, Calluna vulgaris, Genista pilosa subsp. p., Erica scoparia subsp. s. j. Elle correspond au Lavandulo stoechadis-Ericetum cinereae Géhu ex B. Foucault 2021 (de Foucault, 2020, 2021a ; photo 6), se rattachant au Cisto salviifolii-Ericion cinereae dans les Calluno vulgaris-Ulicetea minoris, donc c’est ici la station la plus méridionale connue.

Photo 6. Le Lavandulo stoechadis-Ericetum cinereae de Borde Grande (Laroque-de-Fa) ; © B. de Foucault.

Annexe du tableau 4 – rel. 1 : Laroque-de-Fa, est de Borde Grande (16/02/2021) ; rel. 2 : Laroque-de-Fa, sud-est Borde Grande (22/03/2021).

5. Le fourré associé

Enfin, nous avons eu l’occasion de réaliser dix relevés du fourré en contact avec la pelouse à gagées et la lande, rassemblés dans le tableau 5. Il est caractérisé par la combinaison de Erica scoparia subsp. s., E. arborea, Buxus sempervirens, Phillyrea latifolia, Arbutus unedo, Cistus albidus, Juniperus communis subsp. c., J. oxycedrus subsp. o. Il accueille en moyenne près de 11 taxons par relevé. Au sein des Pistacio lentisci-Rhamnetea alaterni, il va bien se placer dans les Cytiso-Genistetalia monspessulanae et l’Ericion arboreae (de Foucault, 2021c). La présence conjointe de B. sempervirens et des deux Juniperus est unique au sein de cette alliance, ce qui justifie la définition d’un Buxo sempervirentis-Ericetum scopariae ass. nov. hoc loco, typus nominis hoc loco : relevé 7 du tableau 5 hoc loco.

Annexe du tableau 5 – rel. 1 : sortie sud de Laroque-de-Fa sur la D 1610, La Burgade (09/03/2014) ; rel. 2 : Mouthoumet, bord de la D 613 en direction de Laroque-de-Fa (16/02/2021) ; rel. 3 : Laroque-de-Fa, sur D 8010, au niveau de la séparation entre la route menant à Borde Grande et celle menant à Carcassès (16/02/2021) ; rel. 4 : id. rel. 3, au nord de la séparation des deux routes (16/02/2021) ; rel. 5 : Laroque-de-Fa, est de Borde Grande (16/02/2021) ; rel. 6 : Laroque-de-Fa, nord de Borde Grande (16/02/2021) ; rel. 7 : id. rel. 2, versant nord-est de La Clape (22/03/2021) ; rel. 8 : Mouthoumet, « Saint-Marcel » (22/03/2021) ; rel. 9 : Laroque-de-Fa, Les Canals (22/03/2021) ; rel. 10 : Laroque-de-Fa, est de Borde Grande (22/03/2021).

6. Conclusion

Cette étude du plateau de Mouthoumet – Laroque-de-Fa a donc permis de décrire deux nouvelles associations, le Gageo bohemicae-Plantaginetum holostei (dans le Gageo bohemicae-Sedion albi au sein des Sedo-Scleranthetea biennis) et le Buxo sempervirentis-Ericetum scopariae (dans l’Ericion arboreae au sein des Pistacio lentisci-Rhamnetea alaterni). La première association incite à poursuivre son étude dans les Hautes Corbières centrales, mais aussi à caractériser la pelouse à gagées du revers sud de la Montagne Noire, sans doute différente. On confirme aussi pour ces sites la présence du Lavandulo stoechadis-Ericetum cinereae et du Senecioni lividi-Moehringietum pentandrae. Enfin, les pelouses thérophytiques acidiphiles restent encore à décrire à une saison phénologiquement plus favorable, sans toutefois attendre que les chaleurs de la fin du printemps et de l’été ne viennent les « griller ».

Photo 7. Le Buxo sempervirentis-Ericetum scopariae de Laroque-de-Fa ; au premier plan Buxus sempervirens, puis en arrière, de gauche à droite, Erica scoparia, Juniperus oxycedrus, Cistus albidus ; © B. de Foucault.

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