Carnets botaniques

La mission se faisait dans le cadre du projet ERMines, de la révision des Lauraceae (NC-Laurac) et plus généralement de l’inventaire de la flore de Nouvelle-Calédonie.

Une attention particulière a été donnée au genre Smilax, qui est un genre identifié comme nécessitant une révision de longue date, qui a déjà fait l’objet d’un stage de licence par le passé (Foy, 2015) et dont l’étude a été initiée cette année par Thomas Silberfeld.

T.G. Hartley, spécialiste de la famille des Rutaceae, était en charge de la révision pour la Flore de Nouvelle-Calédonie, mais est décédé depuis (2016). Ses notes sur de potentielles espèces nouvelles nous ont été laissées par ses collaborateurs et servent de base à l’étude de cette famille par J. Munzinger & D. Bruy. Nous avons été particulièrement attentifs à cette famille lors de cette mission.

Le genre Coronanthera a également été recherché, plusieurs espèces avaient été signalées par Woo (2007), dans sa thèse, comme potentiellement nouvelles et à décrire, mais n’ont jamais été validement publiées par la suite. Des travaux ont été entrepris par J. Morel dans le cadre de son Master 2 (Morel, 2020) et sont en cours de valorisation. Ce travail sert également de base pour l’évaluation des espèces du genre en Nouvelle-Calédonie selon les critières IUCN par l’autorité Liste rouge de Nouvelle-Calédonie (RLA-NC).

1. Zones prospectées

Au total vingt-et-un sites répartis sur la Grande-Terre furent prospectés (carte 1).

Carte 1. Localités visitées lors de la mission ; les substrats ultramafiques sont représentés en gris (image sous licence CC-BY-NC-ND).

2. Méthode de travail

Des rameaux de plantes ont été récoltés (branches avec fleurs et/ou fruits), mis en presse sur le terrain (photo 1), puis mis à sécher à l’étuve au centre IRD de Nouméa ou bien en utilisant un séchoir de terrain. Tous les spécimens d’herbier obtenus ont été déposés à l’Herbier de Nouvelle-Calédonie (NOU), à l’Université de Montpellier (MPU) et/ou au Muséum national d’histoire naturelle de Paris (P). Certains spécimens ont également été envoyés pour étude à des spécialistes des groupes concernés (G, S notamment), dans le respect des réglementations provinciales.

Afin d’éviter de multiplier les spécimens d’une même espèce venant d’une même localité, D. Bruy avait préparé préalablement des extractions de la base de données de l’Herbier NOU pour chaque site, afin de compléter au mieux les inventaires (ne ramasser sur un site que des plantes non connues de celui-ci).

Certains spécimens ont été récoltés en un seul exemplaire, stériles, notamment des Lauraceae et des Ebenaceae (Diospyros) car ces familles sont étudiées actuellement, notamment par des approches moléculaires, et des vouchers étaient nécessaires. Ces unicatas, présentant peu d’intérêt pour l’Herbier NOU, sont déposés prioritairement à MPU. Certains plantes n’ont pas été récoltées, mais uniquement photographiées, soit parce qu’elles étaient rares, soit parce qu’elles pouvaient être identifiées avec certitude sans spécimen d’herbier.

Le montage, la numérisation et l’identification des spécimens à MPU a été en grande partie réalisé par Adèle Becker et Sébastien Goizé dans le cadre de stages volontaires de licence à l’herbier MPU de l’Université de Montpellier. Toutes les photos de terrain sont de J. Munzinger, sauf quelques-unes de G. Lannuzel, qui sont alors précisées dans les légendes.

Photo 1. D. Bruy mettant en presse sur le terrain ; J. Munzinger (image sous licence CC-BY-NC-ND).

3. Résultats

347 récoltes ont été réalisées lors de cette mission par J. Munzinger (n^os 8243 à 8427, soit 187 récoltes) et D. Bruy (n^os 2228 à 2384, soit 160). Certains sites ont été prospectés conjointement avec Guillaume Lannuzel, mais ses récoltes ne sont pas détaillées dans ce rapport.

Chaque site est présenté chronologiquement, avec les objectifs initiaux et les principaux résultats, ainsi que la liste complète des récoltes réalisées. Les données des herbiers déposés à MPU et P sont accessibles sur le site des herbiers de France en suivant ce lien. Les photos de 31 plantes, qui n’ont pas être récoltées, ont été déposées sur iNaturalist et sont accessibles en suivant ce lien.

4. Sites visités

Koghis, 4 avril 2022 (participants : J. Munzinger & D. Bruy)

Objectif principal : un Cryptocarya non décrit est suivi depuis plusieurs années, car seuls les fruits sont connus et il faudrait trouver les fleurs pour pouvoir décrire cette espèce.

Résultats principaux : le Cryptocarya ne présentait que des jeunes fruits (photo 2). Un nouveau pied, plus petit et accessible d’Alectryon hirsutus décrit récemment (Munzinger et al., 2020), a été trouvé. Aucune photo de fleur sur le terrain n’existe à ce jour, nous espérions trouver la plante en fleurs, mais nous n’avons observé que de jeunes boutons. Un Comptonella sessilifoliola en fruit a été récolté pour l’étude des Rutaceae en cours (photo 3).

Photo 2. Cryptocarya sp. nov. (Munzinger & Bruy 8243) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 3. Comptonella sessilifoliola (Munzinger & Bruy 8244) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Parc de la Rivière bleue, 11 avril 2022 (participants : J. Munzinger, D. Bruy, M. Donnat, A. Lespes)

Objectif principal : un genre inconnu de la famille des Burseraceae, récolté plusieurs fois par le passé, mais uniquement en fruits, nécessite des fleurs pour pouvoir être caractérisé. Le but était donc de trouver des fleurs ou bien de trouver des individus pouvant être suivis par les agents du Parc ou l’équipe de l’Herbier NOU.

Résultats principaux : des individus ont été trouvés, géo-localisés et marqués à la rubalise. Seuls de très jeunes boutons et de jeunes fruits ont été observés (photos 4 et 5), la plante reste donc imparfaitement connue. Le récemment décrit Argophyllum riparium (Pillon & Hequet, 2021) a été vu en fleurs et photographié (photo 6). Sarcomelicope megistophylla est un arbre connu de quelques localités du nord-est de la Grande-Terre et du parc de la Rivière bleue. Cette localité est donc originale géographiquement et écologiquement et nous attendions de trouver des individus en fleur dans le parc pour comparer avec ceux des autres localités. C’est pourquoi cette espèce a été collectée (photo 7). Enfin une population très originale de Bocquillonia a été observée et échantillonnée près du gué de la Pourina. Les spécimens présentent une combinaison de caractères inédite pour le genre et représentent donc probablement une espèce nouvelle qui n’avait jamais été collectée auparavant. Des données supplémentaires (fleur mâles) sont néanmoins nécessaires pour confirmer ces résultats préliminaires.

Photo 4. Burseraceae sp. nov. (Munzinger & Bruy 8246) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 5. Burseraceae sp. nov. (Munzinger & Bruy 8246) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 6. Argophyllum riparium (Bruy & Munzinger 2231) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 7. Sarcomelicope megistophylla (Bruy & Munzinger 2232) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Embouchure de la Kuebini, 11 avril 2022 (participants : J. Munzinger, D. Bruy, M. Donnat, S. Isnard, L. Cheng)

Objectif principal : un Cryptocarya récolté à l’embouchure de la Kuebini se distingue moléculairement et morphologiquement (données ined.), mais la seule récolte connue est en fruits. Une récolte d’Endiandra de cette même localité semble se distinguer morphologiquement, nous souhaitons donc compléter nos observations sur ce taxon.

Résultats principaux : le Cryptocarya a été retrouvé, mais était stérile. L’Endiandra a été trouvé en fruits et rentre finalement dans la variabilité d’Endiandra baillonii, la graine en coupe semble être un caractère intéressant car plusieurs couleurs peuvent être observées chez les Lauraceae (photo 8). Des Smilax en fleurs ont été récoltés (révision de la famille en cours ; photo 9). Une espèce de Rubiaceae (probablement du genre Cyclophyllum) a été collectée sans que nous parvenions à l’identifier, il faudra retourner voir l’individu pour trouver les fleurs et/ou les fruits.

Photo 8. Endiandra baillonii (Munzinger et al. 8249) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 9. Smilax sp. (Munzinger et al. 4248) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Col d’Amieu, vers la Table Unio, 12 avril 2022 (participants : J. Munzinger, D. Bruy)

Objectif principal : une population de Litsea triflora connue du sommet de la Table Unio semble légèrement différente par la forme des feuilles et est isolée géographiquement. Nous souhaitons voir cette plante sur le terrain et l’inclure dans la phylogénie moléculaire.

Résultats principaux : la population de Litsea a été trouvée et a pu être récoltée en jeunes boutons (photo 10). Plusieurs autres Lauraceae ont été récoltées et signalées pour la première fois de cette localité, comme Litsea lecardii (photo 11), Cryptocarya adpressa (photo 12) et Endiandra sebertii (photo 13).

Photo 10. Litsea triflora (Munzinger & Bruy 8263) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 11. Litsea lecardii (Munzinger & Bruy 8258) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 12. Cryptocarya adpressa (Munzinger & Bruy 8261) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 13. Endiandra sebertii (Munzinger & Bruy 8255) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Ngoi, Mont Pentecost, 13-14 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, G. Lannuzel, S. Isnard, L. Pouget, L. Cheng)

Objectif principal : Litsea imbricata n’est connu que de deux récoltes datant de 150 et 120 ans, l’une du Humboldt, vers 700 m, récolté en 1872 (Balansa 3637) et l’autre de la Haute Ngoye, à 1 000 m, datant de 1902 (Schlechter 15183). En 2019 nous avons prospecté le Nekando, qui correspond au flanc est du mont Humboldt par où Balansa était monté (Balansa, 1872), sans succès. Nous avons donc décidé d’essayer de prospecter vers la Haute Ngoye, le mont Pentecost étant le massif atteignant 1 000 m le plus probable.

Résultats principaux : le Litsea n’a toujours pas été retrouvé. Des Coronanthera et Smilax, dont les familles sont en cours d’étude, ont été récoltés (photos 14 à 16). Zygogynum oligostigma est signalé pour la première fois dans cette localité (photo 17). Plerandra pachyphylla a été récolté, ce qui fait passer son nombre de localités connues de trois à quatre. Un Tarenna a été collecté et présente des caracteristiques intermédiaires entre celles de T. hexamera (fruit côtelé, gorge de la corolle poilue) et celles de T. verticillata (feuilles verticillées par trois). Achille et al. (2006) ont démontré que le genre Guettarda était polyphylétique et F. Achille a annoté dans l’herbier de Paris un genre inédit « Gea » avec plusieurs espèces nouvelles supposées et des combinaisons à faire. Son hypothétique espèce nouvelle « Gea spD » a été trouvée en fleurs et fruits.

Photo 14. Coronanthera aspera (Munzinger & Bruy 8265) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 15. Smilax sp. (Munzinger & Bruy 8268) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 16. Smilax gpe orbiculata (Munzinger & Bruy 8272) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 17. Zygogynum oligostigma (Munzinger & Bruy 8275) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Col de Petchecara, 15 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy)

Objectif principal : un Geijera considéré comme une espèce nouvelle par Hartley (mss. ined.) est signalé de ce secteur, nous souhaitons le retrouver afin de voir s’il s’agit bien d’une espèce nouvelle.

Résultats principaux : le Geijera n’a pas été retrouvé. Un Coronanthera, appartenant probablement à une espèce nouvelle, qui n’avait jamais été signalé de ce secteur, a été récolté (photo 18). De nouvelles localités de Cryptocarya ont été mises en évidence (photos 19 et 20). Acropogon horarius, endémique du col (Gâteblé & Munzinger, 2018), a été observé en fleurs (photo 21) et collecté pour intégration dans la phylogénie moléculaire en cours (Bruy & coll.). Un site sur le plateau de Poro a également été prospecté.

Photo 18. Coronanthera sp. (Munzinger & Bruy 8282) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 19. Cryptocarya elliptica (Munzinger & Bruy 8281) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 20. Cryptocarya longifolia (Munzinger & Bruy 8283) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 21. Acropogon horarius (Bruy & Munzinger 2272) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Wê Kôri, 16 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy)

Objectif principal : plateau de Boakaine. Ce site représente l’une des localités concernées par le projet ERMines pour lesquelles peu de données étaient disponibles. Nous souhaitions donc compléter la connaissance des espèces qui s’y trouvent.

Empêchement : l’accès au plateau étant impossible car la piste était coupée suite au passage de la dépression tropicale, nous avons dû changer nos plans. Nous avons recherché de la forêt dans les alentours et nous sommes finalement allés dans une forêt près de Wê Kôri entre la vallée de la Koua et Kouaoua. Plusieurs espèces intéressantes y ont été observées, notamment Pandanus letocartiorum (photo 22) qui n’était pas connu aussi au sud (Callmander & Buerki, 2013) ou Goniothalamus dumontetii (photo 24) qui n’était pas signalé de ce secteur (Saunders & Munzinger, 2007). Un Meiogyne, en cours d’étude, a également été récolté (photo 23), ainsi que Ixora longiloba (photo 25), une nouvelle localité pour cette espèce.

Photo 22. Pandanus letocartiorum (Munzinger & Bruy 8290) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 23. Meiogyne sp. (Munzinger & Bruy 8287) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 24. Goniothalamus dumontetii (Munzinger & Bruy 8286) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 25. Ixora longiloba (Munzinger & Bruy 8291) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Poro, 17 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy)

Objectif principal : un Coronanthera supposé nouveau n’est connu que d’une récolte de la Haute Néaoua, nous souhaitons donc retrouver cette plante afin de vérifier s’il s’agit bien d’une espèce nouvelle.

Empêchement : un décès ayant eu lieu, nous n’avons pu voir la personne avec qui nous avions pris rendez-vous pour avoir accès à la vallée. Nous avons donc dû changer nos plans et nous avons recherché à partir de GoogleEarth une zone forestière pouvant être d’intérêt sur le plateau de Poro.

Résultats principaux : un probable Virotia nouveau a été récolté (photo 27) ; Citronella hirsuta récemment décrit (Munzinger & Levionnois, 2016), dont les populations connues ont été partiellement détruites par un incendie, a été retrouvé en population abondante (photo 26). Des Alyxia, genre dont la révision est en cours, ont également été rencontrés, entre autres espèces d’intérêt (photos 28 et 29). Un Cleidion proche de C. lasiophyllum a été récolté, mais nos collectes ont (entre autres caractères) des inflorescences mâles ramifiées sur toute leur longueur, un critère d’ordre spécifique selon McPherson & Tirel (1987) ; ce pourrait donc être une espèce distincte non décrite. Une nouvelle espèce de Psychotria, déjà signalée par L. Barrabé (in herb.), a été récoltée.

Photo 26. Citronella hirsuta (Munzinger & Bruy 8295) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 27. Virotia sp. (Bruy & Munzinger 2276) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 28. Alyxia aff. nummularia (Munzinger & Bruy 8300) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 29. Alyxia cylindrocarpa (Munzinger & Bruy 8294) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Tchamba, 18 avril 2022 (participants : J. Munzinger & D. Bruy)

Objectif principal : un Coronanthera non décrit est connu uniquement de la Tchamba et du Goroaté (Woo, 2007), et avait été récolté en fleur en avril par de précédents récolteurs, mais aucune photo de la plante n’était disponible. La thèse de V. Woo (2007) n’ayant pas eu de suite et étant incomplète, les travaux sur le genre Coronanthera ont été repris par J. Morel dans le cadre de son master 2 (Morel, 2020) et un premier article est en cours de rédaction, décrivant notamment cette espèce de la Tchamba. Cet article nécessite des photos de terrain pour compléter la description.

Résultats principaux : le Coronanthera a pu être retrouvé, en fleur et fruits et dûment photographié (photo 30). Crossosperma cauliflora, connu uniquement du type de l’Aoupinié (Hartley, 1997), puis d’une récolte récente du plateau de Kokingone (Vandrot 418), a été trouvé en fleur (photo 31), c’est donc la troisième localité pour cette espèce. L’une des onze espèces supposées nouvelles d’Atractocarpus non décrites de Nouvelle-Calédonie (Mouly et al., 2021) a été récoltée (photo 33). Un Zygogynum a été récolté et identifé comme Z. vinkii (photo 32), en utilisant la Flore de Nouvelle-Calédonie (Vink, 1993), mais une révision du genre serait nécessaire.

Photo 30. Coronanthera sp. nov. (Munzinger & Bruy 8312) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 31. Crossosperma cauliflora (Bruy & Munzinger 2295) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 32. Zygogynum vinkii (Munzinger & Bruy 8310) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 33. Atractocarpus sp. 8 (Bruy & Munzinger 2294) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Roches de la Ouaième, 19 avril 2022 (J. Munzinger & D. Bruy)

Objectif principal : deux récoltes d’un Endiandra semblaient se différencier de toutes les autres récoltes, notamment par ses très longs pétioles, nous souhaitions donc essayer de retrouver cette plante afin de vérifier s’il s’agit bien d’une espèce différente, qui serait nouvelle, et de faire des photos de terrain. Nous avons également un Litsea nouveau, qui se distingue par les données moléculaires (Munzinger et al., 2022), mais que nous ne connaissons qu’en boutons. Nous avons besoin de fleurs et fruits pour décrire cette espèce. Nous souhaitons également aller sur le massif du Ton-Non au niveau du filon de serpentines qui devrait présenter une flore particulière, comme Pleioluma butinii qui n’est connu que de la Tiébaghi et d’une récolte de MacKee dans ce secteur du Ton-Non (Swenson et al., 2018).

Résultats principaux : L’Endiandra a pu être retrouvé, en jeunes fruits et dûment photographié (photo 36). Le Litsea n’a été rencontré qu’en boutons avancés (photo 34). Un Elaphoglossum à marge très épaisse, connu comme étant à décrire depuis longtemps, a été récolté (photo 35), ainsi que diverses plantes d’intérêt, notamment Stenocarpus trinervis (photo 37) qui n’était pas connu de cette localité. Beauprea crassifolia, endémique des roches, a été récolté en fleurs. Garcinia amplexicaulis a des fleurs roses dans le sud alors qu’il présente des fleurs beige dans cette partie de l’île.

Photo 34. Litsea sp. nov. (Ouaième) (Munzinger & Bruy 8326) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 35. Elaphoglossum sp. nov. (Munzinger & Bruy 8319) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 36. Endiandra sp. nov. (Ouaième) (Munzinger & Bruy 8324) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 37. Stenocarpus trinervis (Munzinger & Bruy 8317) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 38. Garcinia ampexicaulis (Munzinger & Bruy 8321) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 39. Beauprea crassifolia (Bruy & Munzinger 2296) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Tiébaghi, 20 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, D. Fleurot, S. Isnard, L. Cheng)

Objectif principal : le Meiogyne punctulatum (= M. tiebaghiensis) tel qu’actuellement défini (van Heusden, 1996) semble inclure plusieurs entités, dont un taxon à très grandes feuilles et fruits tuberculeux. Ce complexe nécessite des observations complémentaires pour essayer de mieux comprendre la taxonomie du groupe.

Résultats principaux : le Meiogyne à grandes feuilles a été vu en fruits (photo 40), la population était très abondante. Litsea racemiflora, très rare, n’a pas été prélevé, mais des photos ont été prises (photo 41) car il était en pleine floraison, afin de servir pour le volume de la Flore de Nouvelle-Calédonie en cours.

Photo 40. Meiogyne cf. sp. nov. (Munzinger & Bruy 8332) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 41. Litsea racemiflora (non récolté) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Kaala, 21 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, S. Isnard, L. Cheng)

Objectif principal : les travaux en cours sur le genre Litsea interrogent sur la validité d’une espèce, L. longipedunculata Kosterm., dont la morphologie suggère que ce pourrait être une simple forme à long pédoncule de L. triflora. La seule accession de L. longipedunculata que nous avons pu intégrer dans nos travaux phylogénétiques venait de la Tiébaghi et la séquence se retrouve en position sœur de L. triflora (Munzinger et al., 2022), ce qui ne permet pas vraiment de répondre à la question posée. Afin de mieux comprendre la délimitation entre les deux espèces, nous souhaitons séquencer du matériel du Kaala, qui est la localité type de L. longipedunculata.

Résultats principaux : des Litsea en boutons, mais à axes filiformes, ont été vus à 700 m, nous pensons bien qu’ils se rattachent à l’espèce recherchée (photo 42). Une récolte atypique de Tapeinosperma a été réalisée. À notre connaissance, c’est la première collecte pour ce genre sur le massif du Kaala (Schmid, 2012). Sur la montée nous avons rencontré de nombreux individus de Litsea deplanchei, dont un individu à très petites feuilles. Cet individu ressemble en tout point au type de Litsea paouensis Guillaumin, que nous avons considéré comme un synonyme de L. deplanchei (Munzinger et al., 2022). Cette observation confirme donc nos conclusions. La récemment décrite Indigofera monierana (Pignal & de Queiroz, 2019), ainsi que des endémiques du mont Kaala ont été rencontrées en fleur ou fruit, comme Capparis parvifolia, récemment décrit (Fici, 2017) ou Zieria chevalieri (photos 43 à 45).

Photo 42. Litsea longipedunculata (Munzinger & Bruy 8334) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 43. Indigofera monierana (non récolté) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 44. Zieria chevalieri (non récolté) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 45. Capparis parviflora (non récolté) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Katépahié, Pouembout, Tiéa, 22 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy)

Objectif principal : trois espèces nouvelles de Geijera (Rutaceae), en cours de description à partir de notes laissées par T.G. Hartley et reprises par J. Munzinger et D. Bruy, ont besoin d’illustrations de terrain, notamment des fleurs et des fruits. Ces trois espèces ont été vues respectivement sur le Katepahié, dans le Conservatoire botanique de Tiéa et sur le plateau de Tiéa.

Résultats principaux : les trois nouvelles espèces recherchées ont été trouvées en fleurs et fruits (photos 46 à 51). Geijera tartarea Hartley ex Munzinger & Bruy dans la zone ERMines a été décrit immédiatement après la mission (Bruy et al., 2023).

Photo 46. Geijera tartarea (Bruy & Munzinger 2329) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 47. Geijera tartarea (Bruy & Munzinger 2330) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 48. Geijera sp. nov. « tomentosa » (Bruy & Munzinger 2332) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 49. Geijera sp. nov. « tomentosa » (Bruy & Munzinger 2333) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 50. Geijera sp. nov. « gordonii » (Bruy & Munzinger 2334) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 51. Geijera sp. nov. « gordonii » (Bruy & Munzinger 2335) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 52. Dicksonia munzingeri (Munzinger & Bruy 8365) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 53. Comptonella drupacea (Munzinger & Bruy 8363) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Mé Maoya, 23 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, D. Fleurot, O. Rolland, C. Tuiagaifo)

Objectif principal : la Lauraceae Endiandra neocaledonica a été décrite par Kostermans (1974) à partir d’un échantillon provenant du Mé Maoya. Nous nous interrogeons sur la validité de cette espèce (espèce distincte ou synonyme de E. lecardii), nous souhaitons intégrer cette population dans la phylogénie moléculaire, et pour cela nous avons besoin de matériel récent.

Résultats principaux : la partie sommitale du massif a été explorée. La population type d’Endiandra neocaledonica a été retrouvée et pourra être séquencée. Cryptocarya oubatchensis, essentiellement sur substrat non ultramafique, a été récolté (photo 55), car cette population est la plus méridionale et se distingue par ce substrat. La fougère arborescente Dicksonia munzingeri est signalée pour la première fois de ce massif (Noben & Lehnert, 2013). Comptonella drupacea a été récolté dans le cadre de la révision des Rutaceae. Plusieurs Orchidées ont été observées et récoltées (photo 54), donnant de nouvelles localités dans le cadre du projet d’atlas des Orchidées de Nouvelle-Calédonie (Pignal et al., in prep.).

Photo 54. Pterostylis splendens (Munzinger & Bruy 8358) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 55. Cryptocarya oubatchensis (Munzinger & Bruy 8359) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Mé Maoya, 24 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, D. Fleurot, O. Rolland, C. Tuiagaifo)

Objectif principal : la flore du massif est peu connue, pourtant le Mé Maoya est important géographiquement, situé entre le grand massif du sud et les massifs du nord-ouest. Nous avons prospecté de belles parcelles forestières présentes autour de l’ancienne mine Emma.

Résultats principaux : Myrsine memaoyaensis, endémique du massif, a été rencontré en fruits (photo 56). Gonatostylis bougainvillei VU (Orchidée) est signalé pour la première fois du massif (photo 57). Un Coronanthera a été rencontré en fleurs (révision du genre en cours ; photo 59). Un Balanops nouveau (Bruy, in prep.), qui n’était connu que du massif du Paéoua-Boulinda-Kopéto, a été prélevé, cette espèce que nous pensions endémique de la province Nord est donc présente également en province Sud. Periomphale balansae (photo 58) n’avait pas encore été signalé du Mé Maoya (Tirel, 1996).

Photo 56. Myrsine memaoyaensis (Munzinger & Bruy 8372) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 57. Gonatostylis bougainvillei (Munzinger & Bruy 8367) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 58. Periomphale balansae (Bruy & Munzinger 2342) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 59. Coronanthera aspera (Munzinger & Bruy 8368) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Mine Pinpin, 25 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, G. Lannuzel, L. Pouget)

Objectif principal : dans le cadre du projet ERMines, un Elaeocarpus, connu que d’une seule récolte en fleurs de la mine Pinpin en 2015, a été identifié comme une probable espèce nouvelle. Nous souhaitons retrouver cette plante pour nous assurer qu’il s’agit bien d’une espèce non décrite, il faudrait notamment trouver des fruits qui sont importants pour la distinction des espèces dans le genre.

Résultats principaux : à l’emplacement indiqué par les coordonnées du point GPS (-21.372 N, 165.266675 E) de la récolte de 2015, nous avons trouvé une zone décapée, l’individu prélevé en 2015 n’existe donc plus. Nous avons intensément recherché dans toute la zone et finalement trouvé un individu stérile (Lannuzel 594, -21.3699 N, 165.2670 E), appartenant très certainement à cette espèce, à 150 m du point connu. Un Smilax, très abondant sur site, est en cours d’étude et semble se distinguer par ses inflorescences et infrutescences très courtes (photos 60 et 61). Comptonella lactea (photo 63) a été récolté dans le cadre des travaux en cours sur la famille des Rutaceae. Denhamia fournieri subsp. drakeana (photo 62) n’était pas signalé de ce massif (Müller, 1996).

Photo 60. Smilax sp. (Munzinger et al. 8386) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 61. Smilax sp. (Munzinger et al. 8388) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 62. Denhamia fournieri subsp. drakeana (Bruy et al. 2356) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 63. Comptonella lactea (Bruy et al. 2354) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Mine Pinpin, Oue Ponou, 26 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, G. Lannuzel, L. Pouget)

Objectif principal : dans le cadre du projet ERMines, la vallée de Oue Ponou avait été identifiée comme un site d’intérêt, notamment par la présence d’espèces probablement nouvelles dans les genres Melicope (Rutaceae) et Euroschinus (Anacardiaceae).

Résultats principaux : Le Melicope nouveau a été récolté en fruits et en boutons (photo 64). L’Euroschinus a été récolté en fleurs (photo 65). Un Psychotria à feuilles linéaires a été récolté (photo 66), pour le moment celui-ci n’a pu être rattaché à aucun matériel déjà connu et pourrait être une espèce nouvelle non décrite. De la même manière, une Salicaceae (Lasiochlamys ou Xylosma) ne ressemblant à aucune espèce décrite (Lescot, 1980) a été récoltée. Litsea humboldtiana a été trouvé (photo 67), ce qui constitue la cinquième localité connue de cette espèce. Un Endiandra en cours de description, qui n’était connu que de la base du Koniambo et de la Tiébaghi, a été trouvé (photo 68). Cyclophyllum memaoyaense n’était connu que d’une récolte de la localité type (Mouly & Jeanson, 2015), la Oué Ponou est la seconde localité connue pour cette espèce. Une espèce nouvelle d’Acropogon à feuille composée a été collectée en fleur et en fruit.

Photo 64. Melicope sp. nov. (Munzinger et al. 8401) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 65. Euroschinus sp. (Bruy et al. 2365) ; G. Lannuzel (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 66. Psychotria sp. nov. ? (Munzinger et al. 8399) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 67. Litsea humboldtiana (Munzinger et al. 8400) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 68. Endiandra sp. nov. (Fridoline) (Munzinger et al. 8376) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 69. Cyclophyllum memaoyaense (Lannuzel et al. 607) ; G. Lannuzel (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Vallée de la Yooma (massif du Mé Maoya), 27 avril 2022 (J. Munzinger, D. Bruy, D. Fleurot, G. Lannuzel, L. Pouget)

Objectif principal : le massif du Mé Maoya est peu connu, seules quelques récoltes récentes de D. Fleurot existent de la vallée de la Yooma.

Résultats principaux : dans la famille des Sapindaceae, qui est à l’étude depuis plusieurs années, le genre Alectryon ne comportait qu’une seule espèce, Alectryon carinatus, mais une seconde a été très récemment décrite (Munzinger et al., 2020). Une autre espèce supposée nouvelle est en cours d’étude et celle-ci a été trouvée dans la vallée, ce qui constitue une nouvelle localité et permet de compléter la connaissance de l’espèce car celle-ci était en fleurs et en jeunes fruits (photos 70 et 71). Dans la même famille, Cupaniopsis megalocarpa est signalé pour la première fois du massif (photo 72). Pandanus pancheri est signalé pour la première fois du massif (photo 73).

Photo 70. Alectryon sp. nov. (Munzinger & Bruy 8414) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 71. Alectryon sp. nov. (Munzinger & Bruy 8414) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 72. Cupaniopsis megalocarpa (Munzinger & Bruy 8408) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 73. Pandanus pancheri (Munzinger & Bruy 8416) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Mont Do, 28 avril 2022 (J. Munzinger, G. Lannuzel, L. Pouget)

Objectif principal : un Coronanthera supposé nouveau par Woo (2007) n’est connu que d’une seule récolte du mont Do. Nous souhaitons retrouver cette plante afin de vérifier s’il s’agit bien d’une espèce nouvelle.

Résultats principaux : plusieurs individus de Coronanthera ont été observés et récoltés, mais ont tous été identifiés par la suite comme Coronanthera pulchra (photo 74). Dans la famille des Sapindaceae qui est à l’étude depuis plusieurs années, Lepidocupania grandiflora a été observé en fleurs et jeunes fruits et récolté (photos 75 et 76). La petite Orchidée récemment décrite Corybas echinulus (Faria, 2016) est signalée pour la première fois de cette localité (photo 77). Pycnandra montana, qui n’est connu que de cinq localités (Swenson & Munzinger, 2016), a été observé plusieurs fois en sous bois vers 800-900 m (photo 78). Chez les Lauraceae, un Litsea monocaule proche de L. ripidion a été récolté pour le première fois sur le site (photo 79).

Photo 74. Coronanthera pulchra (Munzinger et al. 8421) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 75. Lepidocupania grandiflora (Munzinger et al. 8419) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 76. Lepidocupania grandiflora (Munzinger et al. 8419) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 77. Corybas echinulus (Munzinger et al. 8427) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 78. Pycnandra montana (non récolté) (image sous licence CC-BY-NC-ND).

Photo 79. Litsea sp. (Munzinger et al. 8420) (image sous licence CC-BY-NC-ND).