Pharmacien, docteur en Sciences de la vie, chercheur en ethnobotanique et anthropologie des techniques anciennes. Ses enquêtes de terrain, menées à l’interface hommes/nature depuis de nombreuses années, l’ont conduit au cœur de la tradition maghrébine avec une approche globale intégrant biodiversité et patrimoine culturel dans un même champ d’investigation. Il a reçu à trois reprises le Prix du Maroc dans la catégorie du livre scientifique.
Adresse : 15 avenue Michlifen - Agdal Maroc Rabat
Une première mention relevée dans Le Livre de la pharmacie (Kitab a-saydana) d’Al-Bîrûnî, un savant musulman des xe-xie siècles, décrivant un bois d’ébène rouge ayant la couleur et l’éclat de la laque, et une seconde mention évoquant, sous la plume d’André Thevet (xvie siècle) dans le livre Les Singularités de la France antarctique, un bois de pourpre provenant de la Haute Afrique nous ont conduit à tenter d’élucider l’identité de ces bois à la lumière de nos connaissances sur la navigation commerciale dans l’Antiquité le long des côtes de l’Afrique orientale et à conjecturer un scénario reconstituant le long voyage par lequel divers produits exotiques africains sont parvenus jusqu’à Rome.
Lire l'article Télécharger l'article[PDF]Cette contribution à l’étude ethnobotanique de la jacinthe d’Orient (Hyacinthus orientalis L.) a été déclenchée par une énigme que nous avons cherché à résoudre : il s’agissait pour nous de connaître la nature exacte d’un produit alimentaire mentionné sur le web sous le nom de « confit de jacinthe de Constantinople » de manière redondante mais sans pour autant que nous soit donnée la moindre indication sur sa composition et sur la source de l’information, alors même qu’il nous est décrit comme ayant été autrefois très prisé. Trouver une réponse à cette question nous a conduit à explorer les divers usages qui ont pu être faits de cette espèce, d’abord dans la tradition des pays d’où la plante est originaire, ensuite en Europe où elle fut introduite dans la deuxième moitié du xvie siècle, devenant rapidement, en raison de sa beauté et de son parfum, symbole d’élégance et de raffinement, une représentation valorisante qui fut beaucoup exploitée pour écouler divers produits dérivés censés posséder l’arôme, la saveur ou les propriétés médicinales prêtés à la plante. Pour nous, partir à la découverte de tous ces usages, qu’ils relèvent de la tradition orientale ou de l’innovation occidentale, ne fut en réalité qu’un prétexte pour mieux connaître la jacinthe d’Orient qui les inspira, en la suivant à la trace dans sa rapide diffusion en Europe à partir de son territoire d’origine. Ce fut pour nous, à tous les égards, un voyage passionnant.
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